- Tu viens, Clément ?
Son regard sombre remonta lentement jusqu'à ses yeux à elle, mais elle savait qu'on n'y pouvait rien lire. Il approcha d'elle très lentement, sans doute pour lui laisser le temps de l'arrêter, tandis qu'elle sentait un tremblement la prendre irrésistiblement. Finalement il se rua sur elle, ce qu'elle n'avait pas calculé. Alors elle se mit à trembler plus que franchement. Il ne chercha pas sa bouche pour l'embrasser. Il la dépassait de plus d'une tête, il cala la sienne sur sa nuque à elle, qu'il se mit à mordiller de façon incontrôlée en grognant. Il pressa ses mains moites et brûlantes sur ses seins en premier, puis il serra fort ses fesses, lui arrachant presque un cri de douleur. Il se sentait déjà au bord de la jouissance, parce qu'il avait tant eu envie d'elle qu'il s'en serait fallu de seulement quelques minutes. Elle jugea alors que c'était le moment, maintenant.
- Arrête, Clément, ordonna-t-elle d'un ton neutre mais sans appel.
Il la souleva de terre pour la précipiter sur le lit avec une brutalité qui faillit lui arracher un cri de nouveau, mais elle l'étouffa encore, car cela desservirait ce qu'elle souhaitait faire. Son cœur battait la chamade tandis qu'il se débarrassait fébrilement de ses propres vêtements, plaquant sur elle de plus en plus de parcelles de peau brûlante et transpirante.
- Arrête, Clément, répéta-t-elle exactement sur le même ton, posément, sans crier ni du tout se débattre.
Enfin, il était nu au-dessus d'elle, dont il couvrait le cou de baisers éperdus. Il se cambra pour plonger en elle. Elle écarta les jambes autour de lui pour l'accueillir, elle rejeta la tête en arrière... il s'immobilisa.
- Tu... haleta-t-il alors qu'elle paraissait revenir à elle, battant des cils, visiblement égarée. Tu as dit d'arrêter.
Il était certain que l'espace d'un instant, elle avait cessé de trembler. Mais à ce moment précis, elle se remit à frissonner. Elle l'attira à elle, referma les jambes autour de lui et il se laissa aller tout contre elle, mais sans la pénétrer. Alors, elle se mit à caresser son dos trempé ; il souffla très fort, en l'étreignant à son tour. Ils restèrent un long moment entre les draps sous lesquels ils s'étaient finalement glissés. Elle finit par s'endormir, tandis que lui observait ses traits sereins dans son sommeil. A présent que le brouillard maléfique l'avait abandonné, il prit conscience que c'était terminé. L'escalade venait d'être stoppée. Et effectivement, le lendemain ils redevinrent eux-mêmes, simplement plus proches qu'auparavant. Elle, la petite blonde délicate et douce ; lui, le protecteur attentionné et sage dans tous ses faits et gestes. Simplement, ils étaient devenus plus forts, ils venaient de vaincre quelque chose de puissant, ils ne l'oublieraient pas.
Mallaurie prit sur lui pour sortir du véhicule qu'il venait de garer. Clio l'imita lorsqu'il finit par y parvenir. Ils gagnèrent son appartement à lui rapidement, maladroitement, gênés par leur tremblement. Une fois là, sans se consulter, ils gagnèrent leur chambre respective pour se glisser entre leurs draps, où ils s'accordèrent une courte convalescence.
Le lendemain, la jeune femme se mit à imiter le rouquin, qu'elle avait vu prendre lentement le téléphone pour prévenir son travail qu'il avait été malade et qu'il revenait en début d'après-midi. Elle téléphona en premier à Lison, même si elle n'avait aucune envie de conter ce qui lui était arrivé, car elle se sentait mal à l'aise avec cela, sans pourtant parvenir à mettre la main sur la cause de ce sentiment qu'elle-même trouvait inapproprié. Pourquoi avait-elle le sentiment d'avoir mal agi ?