- Il veut qu’on reste. Il sait que tu es obligé de conclure un marché satisfaisant et que tu ne partiras pas avant. On ne s’en ira donc pas demain, on est coincés.
Lucas avait déjà tenu ce raisonnement.
- Si tu le désire demain je te réunie une garde pour t'escorter au palais.
Cali regarda le sultan et ne fut pas étonnée de croiser son immonde regard.
- Sans aucune prétention je crois que je dois rester, je suis ton plus fort argument en ce moment. Il semblerait que j'ai un don pour attirer les malades, à moins que ce ne soit notre société décadente en produit plus assez d'hommes de biens. Quoiqu'il en soit ce n'est pas grave, entre un homme lubrique et un tueur je préfère le vicieux. Lui au moins est inoffensif. Par contre le prochain déséquilibré il est pour toi dit elle dans un sourire. Lucas soupira, jamais il n'aurait pensé à cette hypothèse mais c'était une explication plausible. Il est possible que des hommes trouvent son épouse à leur goût. Tout d’un coup Cali prit peur, elle saisit le visage de son époux entre ses mains pour le forcer à la regarder. Je suis tonmeilleur argument et non une monnaie d’échange tu m’as comprise ?
Une lueur étrange brilla dans les yeux du jeune homme, la reine ne put décrypter ses sentiments mais le message avait été clair. Elle le lâcha. Je suppose que je ne peux rien faire pour t’arracher une danse ?
- Tu supposes bien dit le vampire en allant inviter une péronnelle à qui Cali avait vanté les prouesses de son époux.
Dès que le couple s’élança sur la piste un noble vint la rejoindre. Et c’est reparti pour une comédie dénudée de toutes subtilités se dit elle. Ses peurs furent confirmées quand l’homme à l’haleine chargée commença
- C’est votre mari là bas, il a l’air de bien s’amuser sans vous, vous devriez en faire de même de votre coté. Il continua mais Cali n’écoutait déjà plus, elle connaissait le discours par cœur.

Le lendemain Cali fut réveillée par les mouvements de son mari. Déboussolée elle mit quelques minutes pour se remémorer où elle était et la soirée de la veille. Ses souvenirs revenant lui arrachèrent un grognement de déplaisir, elle était retenue chez les Tarants ! Pire, elle avait coincé son mari chez ce peuple. Avant de dormir la princesse avait longtemps réfléchi à la curieuse attitude du sultan. Elle ne trouva qu’une raison orgueilleuse, c’était de sa faute, malgré tous ses efforts pour aider Lucas elle l’avait desservie dans la négociation la plus importante à la fois pour les vampires mais aussi pour les anges. Le grognement de femme attira l’intention de Lucas qui s’habillait.
- Reste au lit ce matin, je vais essayer d’arranger les choses. Surtout ne sors pas la chambre si Etanne n’est pas là. Je reviens te voir pour manger.
- Oui Chef, à vos ordres chef.
N’appréciant visiblement pas son trait d’humour Lucas consentit à se tourner pour la regarder
- Sois un bifteck obéissant et arrête de me causer des ennuis.
Puis il sortit. Cali bougonna, ainsi son époux avait tenu le même raisonnement qu’elle, il lui en voulait. Pour la punir il l’avait consignée dans la chambre ! Génial se dit elle puis elle décida de s’offrir une grâce matinée, après tout elle n’avait que ça à faire.
         Quand Lucas revient enfin Cali était d’humeur détestable, elle s’était ennuyée ferme en l’attendant. Faire la jeune épouse qui se languit de son cher et tendre ne lui allait pas du tout. Cependant Lucas n’en sut jamais rien car si sa femme était de mauvaise humeur lui était d’humeur fracassante. Ce fut donc lui qui cria le premier la réduisant au silence. Elle le regarda taper contre les murs tout en jurant, elle aurait pu lui dire d’arrêter car ses mains étaient en sang mais elle ne voulait pas subir les foudres du vampire. Elle continua donc d’attendre, attentive aux sentiments de Lucas qu’elle ressentait. Lorsqu’elle fut sûre de ne plus rien craindre elle osa émettre un son signalant sa présence
- Ça s’est si mal passé ?
Lucas la regarda d’un air étonné puis se ressaisit en voyant les mains en sangs que la jeune femme essayait de cacher.
- Ça risque d’être plus long que prévu lui dit il en se saisissant de ses mains blessées pour les panser.
- Combien de temps?
- Je ne sais pas peut être une semaine voir plus. Elle gémit.
- Je t’ai fait mal ? dit il en désignant les pansements. Cali resta songeuse devant l’œuvre de son époux, comment on pouvait faire des bandages aussi laids ! Mais elle finit par répondre
- Non ce n’est pas ça, c’est très bien.
Après tout c’est l’intention qui compte se dit elle. Ils mangèrent ensemble dans un silence préoccupé. A la fin du repas Cali prit son temps pour déclarer:
- Je t’accompagne
- Il en est hors de question !
- D'accord, le problème c’est moi. Je suis vaniteuse mais j'ai des raisons de l'être. Le sultan a dû les remarquer, je le sais, tu le sais alors on arrête de se voiler la face. La situation ne se débloquera pas si je reste cloîtrée dans la chambre. Réfléchi, on a une belle chambre, mes valises égarées et maintenant la négociation cela fait beaucoup de coïncidence !
- Rien à faire ! Je ne te céderai pas, aucun duel ne te sera accordé et tu pourras lancer tout les sorts que tu veux je ne marche pas.
- Ces négociations m’intéressent aussi ! Je ne suis pas qu’un morceau de viande bientôt mort comme tu aimes à me le rappeler, je suis la reine des anges et mon peuple a aussi besoin de fer. Je dois aller marchander !
- Ne t’en fait pas je veille aux intérêts de ton peuple, tu vas devoir apprendre à me faire confiance là dessus princesse. Dans à peu près deux mois tu seras morte.
La menace ne faisait plus peur à Cali.  Elle s’était habituée non seulement aux intimidations de son époux et du tueur, mais aussi à l’idée de mourir. Son mari n’était pas le seul à savoir compter. La princesse soupira elle allait donc devoir employer l’argument de la faible femme pour ne plus être celle qui se morfond de son époux un comble !
- Soit je t’obéis. Tu veux que je reste ici.
- Oui dit il triomphant.
- Seule mimauda-t-elle. La conviction de son époux commençait à se fissurer.
- Sans protection. Elle laissa passer un temps avant de rajouter
- Sans épée. Une nouvelle pause pour rendre l’instant tragique
- Et sans aucun moyen de fuite si on m’attaque.

le prisonnier de l'ange 50