Lien vers Le péché pour leur vie 10.
Lien vers Le péché pour leur vie pour les nouveaux venus.
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- Mais comment vous faites, lâchai-je? Bon sang, je suis adulte, je sais garder un secret!
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- Tu sais ne pas trop t'en dire c'est te protéger. En l'occurrence tu m'aides beaucoup. Tu es la première ex æquo en endurance aquatique, tu es d'un excellent niveau en équitation, en agilité et à la dague, et en lutte tu es très bien partie pour être parmi les meilleurs. Or tu es l'une des seules filles, et ici aucune différence n'est faite entre les hommes et les femmes. Tu es aussi très jeune, vingt ans, tu es la plus jeune si on excepte l'autre garçon qui a ton âge. Que ça ne te donne pas envie de te reposer sur tes lauriers, mais ça fait des arguments pour te garder. Les autres élèves en général ne cumulent pas autant de domaines de prédilection. Ils sont premiers dans un domaine et moyens partout ailleurs. Mais ça tu n'en sais rien, parce qu'ici on cultive le complexe d'infériorité et pas la motivation par le progrès, malgré les apparences. Un court silence suivit pendant lequel je ressentis une bouffé d'affection pour cet homme qui prenait la peine de soigner mon mental alors que sans m'en rendre compte il était bien malade. Je l'aurais pris dans mes bras si je n'étais pas conditionnée depuis plus d'un an à ne même pas l'imaginer. Je finis par penser :
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- Du coup vous n'êtes pas parti.
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- Je crois que non, sourit-il. Qu'est ce que tu en penses, on peut raisonnablement croire que je suis resté?
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- Je vais y réfléchir en faisant ce sprint.
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- Pas maintenant. Équitation dans... commença-t-il en regardant sa montre... Maintenant.
Hop, direction les écuries. J'eus cette fois ci un animal réputé pour ses sprints, même en dressage, même en obstacles, sans parler du cross. On fit un parcours qui mêlait les trois disciplines et j'y pris un plaisir sans bornes. J'aimais les chevaux, j'aimais monter, et j'aimais la vitesse. Je ne ratai rien mais je ne doutais pas qu'il y ait des conseils à recevoir.
- Regarde, souffla Aiden tandis que je mettais pied à terre pour les recevoir. Un homme montait la pouliche que j'avais eu la dernière fois. Je ne pus m'empêcher de secouer la tête. Il la brutalisait au lieu de la rassurer, et elle refusait ne serait ce que de passer dans un plan d'eau. Il la frappait à grands coups de cravache et finalement elle s'affola. En cinq minutes de ruades et de galops dans tous les sens, elle le déstabilisa et lorsqu'elle se cabra il chuta. Nous allons faire taire toutes les mauvaises langues et autres empêcheurs de tourner en rond, me souffla le joli blond.
Il alla discuter avec l'entraîneur de l'autre recrue. L'autre se moqua et accepta comme un défi. Je réalisai comme Aiden était bien plus jeune que les autres entraîneurs. Avait il seulement trente ans? Mon coach revint m'indiquer que j'allais remettre la jument en ordre. Je fermai les yeux pour chasser le stress. Clairement j'étais devenue le sujet de conversation de chacun, comment ça on gardait une incompétente qui s'évanouissait au terme d'un sprint au cours duquel en plus elle avait fait une piètre performance? Si je réussissais maintenant les gens reverraient leur point de vue et je cesserais d'être le maillon faible dont on cherchait à se débarrasser. Mais la pouliche était difficile et elle était dans un état de panique effroyable, il était fort possible que j'échoue.
Je commençai par les échauffements que je lui avais soumis la dernière fois et sentis le stress chuter en elle, elle m'avait reconnue ainsi. Soulagée je la lançai sur le parcours. Les premiers enchaînements se passèrent à merveille mais je la sentis se tendre dès que le plan d'eau fut en ligne de mire. Elle refusa le saut. Aucun problème, c'était normal vu le traumatisme qu'elle venait d'avoir. Je descendis et lui en fis faire le tour. Je pris le temps de la forcer à y plonger un sabot et enfin elle comprit que ce n'était que de l'eau. Je remontai et elle fit un drôle de saut, ramassé, au ralentis, conséquence de l'indécision. Je fis un large cercle pour ne pas la brusquer et refis le saut. Parfait. Je continuai le parcours, cette fois il y avait quatre obstacles les uns dans la droite ligne des autres de quatre vingt dix centimètres puis un autre pour lequel il faudrait tourner à quatre vingt dix degrés.
Il était évident qu'elle refuserait. Ce dut être pour cela qu'elle ne le fit pas. Surprise je compris que la pouliche me faisait confiance, c'était gagné. Maintenant j'entrais sur le terrain de cross. Il fallait simplement foncer et passer en plusieurs endroits entre des plots serrés. La difficulté était de garder une grande précision dans la trajectoire alors que dans ce terrain très pentu la monture voulait foncer.
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