Centaure d'un dieu, tous les articles.
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- Si vous y alliez en griffon, je pourrais galoper, on pourrait sans doute arriver plus vite.
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- Bonne idée mais je reste à pied, sourit gentiment Gareth.
Son griffon était trop jeune pour le porter, réalisai-je alors.
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- Je peux porter quelqu'un, fis-je consciente de m'aventurer en terrain glissant.
Chacun se dévisagea. En principe le prince qui aurait dû monter sur mon dos car c'était son transport qui posait problème. Mais je me doutais bien qu'ils devaient trouver ma proposition un peu tendancieuse. J'ajoutai donc :
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- Tu pourrais chevaucher Liane, pour que Liam puisse monter sur mon dos ?
Chacun se détendit et ce fut arrangé. Gareth adorait monter le griffon, c'était pour lui une grande première. Docile, l'aigle-lion le laissa faire, non sans le considérer avec intérêt. Le dauphin lui expliqua comment indiquer les directions avant de l'aider à se jucher sur son dos. Puis ce fut à moi de lui tendre les mains pour l'accueillir sur le mien. Je commençai au pas et il lança :
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- Cela produit un balancement agréable. Mais ton dos est moins rond que celui de Liane, est-ce que je ne vais pas avoir mal, à la longue ?
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- Au début un peu. Puis tu vas t'habituer, assurai-je. Attention, je vais prendre un petit galop.
Je préférais lui épargner le trot, car pour le coup il aurait souffert davantage. Manque de chance, il chancela. Je stoppai net et il se rattrapa tant bien que mal. Les autres discutaient gravement là-haut, j'imaginais qu'ils devaient se dire qu'on n'arriverait sans doute pas plus vite ainsi.
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- Et bien, fis-je gentiment, qu'y a-t-il de si différent d'avec ton griffon ?
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- J'y suis calé grâce aux ailes. Es-tu bien sûre que je puisse tenir sur ton dos ?
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- Certaine. Tiens-toi à mon torse et serre les jambes.
Lorsqu'il posa les mains sur ma taille, je lui indiquai fermement :
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- Serre, Liam, je ne suis pas en porcelaine.
Je pris sans transition le petit galop, tentant d'adopter un ryhme régulier et aérien. Il serra plus fort en croisant les bras sous ma poitrine, puis dès que je le sentis stable, j'accélérai. Il n'était pas tellement lourd sur mon dos, je n'avais pas l'impression d'être plus lestée que quand j'étais lycéenne avec mon sac de cours. Or en tant que centaure, mon endurance me semblait bien meilleure. Peu à peu je pris encore de la vitesse. Surprise je pris un plaisir sans bornes à faire la course avec les griffons du ciel. J'étais seule sur la route, libre comme l'air. Soudain Liam cria à mon oreille :
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- Une pause au pas, Aliénor !
Par réflexe je fis ce qu'il demandait tandis que les griffons se posaient près de nous :
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- J'ai faim, indiqua le prince.
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- Et j'ai mal partout, grommela mon promis.
Bianca se taisait timidement, mais elle avait les traits tirés. On voyait qu'elle aussi était fatiguée du voyage. Fronçant les sourcils je constatai qu'il était quatorze heures. Je n'avais pas vu le temps passer, grisée par la vitesse. Les hommes passèrent le court repas à échanger des sensations sur leur chevauchée respective. La jeune femme participa allègrement mais je trépignais trop pour m'y intéresser. Lorsque nous repartîmes j'eus la surprise d'assez vite trouver l'embranchement vers les plages. Il me sembla que l'instant d'après, peut être une heure en exagérant beaucoup, nous arrivâmes à la plage, surplombant fièrement l'océan.