Centaure d'un dieu, tous les articles.
La première franche morsure me fit hurler comme jamais je n'avais crié.
Je tentai de nouveau de récupérer le glaive sur l'être dont je n'avais toujours pas réussi à m'éloigner. Cette fois, je réussis à l'extraire des chairs visqueuses. Je sentis ça et là des dents se refermer sur moi, parce que j'étais restée immobile un moment pour tirer sur l'arme blanche. Je virevoltai pour m'en débarrasser. Hystérique, je réussis enfin à utiliser le glaive, première tentative piteuse que n'arrêta nullement mon assaillant.
Un autre que lui déchira mes chairs, à la suite de quoi la douleur me donna un regain d'énergie mû par l'adrénaline. Je décapitai un monstre, en hurlant d'effroi d'y être parvenue.
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- Bon sang ! Me révoltai-je, trouvant un second souffle pour récupérer ma patte avant droite. Bon je vais foncer dans le tas jusqu'à toi, peu importe si je me fais mordre. Prêt ?
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- Charge, grogna-t-il, et peu après le bruit sourd d'une tête qui avait chu au sol se fit entendre.
Je m'élançai. Ce fut atroce. Constatant que je venais à leur rencontre, les créatures s'accrochaient à moi, puis mordaient, mais j'avançais, coûte que coûte. La douleur dantesque ajoutait à mon désir de fuir et je découvris quelque chose dans mon esprit que je ne connaissais pas : l'instinct du cheval. Je m'effaçai pour qu'il prenne les commandes tandis que ma panique prenait un nouveau tour. Je percutais les créatures avec la force du désespoir, or plus je souffrais, plus j'accélérais. Enfin la nuit m'accueillit : plus personne ne se dressait devant moi. Je galopais toujours bien plus vite que je ne m'en croyais capable en tentant de me maîtriser. Liam hurlait. Je l'avais dépassé tout à l'heure, réalisai-je. Maintenant il volait à ma hauteur. Peu à peu j'avais repris le dessus sur l'animal ; à cet instant je compris ce qu'il disait.
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- Aliénor, arrête-toi, le mur est de l'autre côté, il faut rentrer te soigner !
La fin de la phrase avait été prononcée plus doucement car ça y était, j'étais repassée au trot.
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- Je te suis, Liam, fis-je d'une voix éteinte.
A présent, la fatigue tombait sur moi, pesant sur mes épaules, tandis que ma robe demeurait agitée de légers tics nerveux.
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- Continue sur ta lancée, ne ralentis pas, contente-toi de rester près de moi. Parle-moi. Comment était ta vie sur Terre ?
Je secouai la tête, comme un cheval l'agite sur son encolure. Cela fit voler mes cheveux sombres, là où ma crinière aurait fouetté ma peau.
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- La barbe, grognai-je. Je croyais que tu n'aimais pas parler. Reste toi-même, pour une fois cela m'arrangerait.
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- Aliénor... Soupira-t-il tristement.
Soudain je compris ce qui se passait. Pour le moment je trottais parce qu'il fallait rentrer pour me soigner, mais peu à peu mes forces me quitteraient complètement, à cause des blessures. Je baissai le nez pour voir s'il y en avait beaucoup. Je ne sentais plus mon poitrail ni la gauche de ma croupe.