Je n’écoutai plus.
Tach, tach je cherchai dans le dictionnaire, voila massacre : slaughter, je suis civilisée autant les avertir. Je me lève. I am going to slaughter you. Ils me regardèrent quelque seconde avant de de partir dans un éclat de rire, me signifiant ainsi que je ne faisais pas le poids. Grossière erreur, ils n’étaient que cinq dont une fille. Dix minutes plus tard, deux des nez étaient cassés et j’avais fracturé la mâchoire de la fille. Motivée je m’attaquai au bras d’un autre de mes adversaire quand deux autres garçons se joignirent à eux dans l’espoir de me maîtriser. Sans différence je les blessai aussi. Si les cours d’anglais d’Erwan avaient une portée limitée, ses leçons de combat face à des néophytes faisaient des ravages. J’étais devenue une machine à fracturer, à casser. Je voulais faire mal et y arrivai sans peine. Il fallut plusieurs personnes pour nous séparer. D’office on me porta jusqu’à l’infirmerie où on me jeta littéralement à terre :
- Il y a eu une bagarre, dit l’homme qui m’avait emmenée là. Je vous apporte les blessés. On ne sait pas qui s'est bataillé contre qui, ni ce qui s’est passé, mais il y a pas mal de sang. Je pense que nous allons devoir appeler l‘hôpital. D’instinct beau se précipita sur moi :
- Ça va ? Tu es blessée ?
Derrière son dos j'apercevais les autres recommencer à chuchoter. Je ne leur avait pas encore fait assez mal, soit. De nouveau je m’énervai et fondis sur eux avant même qu’ils aient pu prévoir la nouvelle attaque. Le lieu était certes plus exiguë, mais fournissait des armes. Je leur jetai des flacons à la tête, griffai, recassai quelque partie de leur anatomie. Cette fois-ci ce fut beau qui m'arrêta en me ceinturant.
- Bon sang calme toi ! Qu’est ce qui t’arrive ! Et merde tu as cassée tous les flacons d'antiseptique ! avec quoi je vais te désinfecter maintenant ?
- Personnellement je m'en moque je n’ai pas de plaies, pour les autres vas y au vinaigre !
Il me regarda droit dans les yeux, sidéré :
- Au vinaigre mais…
Les autres nous regardaient, j’étais dans les bras de mon frère et je savais ce qu’ils pensaient même si ils avaient trop peur à présent pour oser encore parler.
- Célian lâche moi !
Dans un réflexe, imaginant qu’il me faisait mal, il me libéra. De nouveau j’attaquai mais il me stoppa avant même que je puisse les toucher. De force il me sortit de l’infirmerie
- Retourne à la maison. Tout de suite !
J’obéis, je pouvais faire face à sept crétins mais pas à beau. De toutes façons j’aurais fini par faire des bêtises alors... Une fois rentrée je descendis directement à la cave, j’avais besoin de taper sur quelque chose. J’étais en pleine séance de défoulement lorsque Erwan me trouva.
- Ange m’a appelé en me disant de rentrer en vitesse. Que c'est-il passé ?
Je le regardais, encore pleine de colère.
- Tu veux me frapper ?
- Non, ça suffira pour aujourd’hui.
- Pardon ?
- J’ai un problème.
Et je lui racontai la discussion que j’avais surprise ainsi que ma réaction.
- Et merde. Allez viens, il m’ouvrit ses bras.
Étrange, songeai-je, mais je m’y réfugiai tout de même. C’était la première fois que j’étais dans les bras du curé, il sentait bon et il dégageait plus de chaleur que beau. Un sentiment de sécurité m’envahit, j’étais bien. Ce fut le moment que choisit Célian pour débarquer telle une furie dans la maison. Fatalement il nous trouva enlacés.
- Non ! c’est pas le moment de lui faire un câlin, elle a envoyé sept personnes à l’hôpital.
- Sept, c’est bien me fit le prêtre en ébouriffant mes cheveux.
- Non mais c’est pas vrai ! ne lui fait pas en plus un éloge ! Tu n’as pas à être fier d’elle, elle a meurtri sept étudiants, dont une fille.
- C’est une fille, lui rappela judicieusement Erwan.
Beau soupira.
- Tu n’es pas blessée au moins ? Tu as mal quelque part ?
- Un peu au poignet.

Divin témoin 29