Un instant de silence gêné passa, mince et si c’était réellement une famille de tueurs ? J’avalais difficilement ma bouchée quand Tristan répondit enfin à ma question.
- Nous sommes plus nombreux.
Ha oui effectivement. Je lui souris, ses yeux étaient magnifiques, d’une profondeur abyssale, je m'y perdis quelque instant, sans réaliser que le silence s’éternisait sur la table. Je plongeai dans ce regard noir, ce fut Louise qui me sortit de ma transe :
- Hé tu n’as toujours pas répondu à ma question !
- Ha oui excuse moi. Je viens de très loin, d’un pays qui se nomme Canada. J’ai traversé un océan pour arriver ici. Quant à qui je suis, je suis Mia, je sais pas trop quoi ajouter.
- Pourquoi tu viens par ici ?
- Je pensais retrouver ma famille, mais je me suis égarée en la cherchant.
- Et elle vit ou ?
- Je ne sais pas exactement, je sais que ma mère a été vue à la capitale, mais c’est tout. Je finirai bien par la retrouver.
Les parents me regardèrent émus alors que les enfants me songeaient folle, c’est tellement mieux la vie sans parents. Quelle que soit l’époque un ado reste un ado. La jeune fille allait repartir sur une salve de questions lorsque son père l’arrêta :
- N’as-tu pas de travail Louise ?
- Si, grogna-t-elle .
Et elle partit entraînant avec elle une partie de la famille.
- On ouvre cet après midi, Tristan va te faire découvrir le village si tu le souhaites. J’opinai l’idée était séduisante.
- Bon va à la douche et on part après.
J’ai pas rêvé il a dit douche. Youpi ! Certes c’était sommaire, juste une salle avec un bac rempli d’eau et un pan de savon. Mais ça prouvait que la famille était propre, assez pour installer une douche. Rapidement je me servis de mon élément pour faire chauffer le bac d’eau et c’est avec délice que je me rafraîchis. Une chanson sur les lèvres je rejoignis mon guide mais lorsque je le retrouvai il avait les traits tendus. Comment en une dizaine de minutes il avait pu passer de la bonne humeur à cette tristesse? En me voyant il se recomposa un masque et me lança d’une voix guillerette :
- Allez, allons-y.
Je le stoppai en le prenant par le bras.
- Attends, qu’est ce qui ne va pas ?
- Rien, ne t’en fais pas. Tu n’as plus envie de découvrir le bourg ?
- Arrête, tu mens très mal, pire que moi et ce n‘est pas peu dire !
Il essaya de me convaincre encore quelques minutes, puis ses épaules s’affaissèrent presque malgré lui.
- C’est ma sœur, son état empire. Elle est très malade, je crains pour sa vie même si j’essaye de ne pas le laisser paraître pour ma mère. Tu es impuissante, alors profite de la balade, cette après midi à la taverne ça va être dur. Ne compte pas sur mon père pour te faciliter la tâche.
- Je peux la voir ?
Il hésita quelques secondes puis se résigna.
- Bien sûr.

Divin témoin 55