Il était tard quand nous rentrâmes, la nouvelle du sauvetage avait déjà fait le tour de la maisonnée. Estale m'étreignit chaleureusement et j’eus le droit à une double portion de nourriture le soir. C’est lourde (très lourde) et épuisée que j’allais me coucher. Cependant je n'avais pas encore tout régler. Devais-je leur apprendre à nager ? Cela éviterait bien des drames, mais ça modifierait de façon importante le futur. Je passai une mauvaise nuit, pesant mes responsabilités, retournant la question en même temps que mon corps, au matin je n'avais aucune réponse. Ce fut Paul qui me l'apporta :

- Je veux apprendre à nager, déclara-t-il abruptement.
Ses parents ouvrirent des yeux horrifiés, guettant ma réaction.
- Tu sais ce n'est pas aisé.
- Je sais, mais je suis résolu. Hier tu n'aurais pas été là cet enfant se noyait, c'est stupide ! Il est temps de vaincre cette peur irraisonnée. Je veux la vaincre !
- Je ne suis pas certaine que je dois t'apprendre. Cela irait contre ta nature.
- Laissons le hasard décider.
Il sortit une pièce attendant aussi bien mon approbation que mon choix. Laisser cette alternative au hasard me dégageant ainsi de toute implication, la proposition était tentante.
- Soit. Face tu coules, pile tu nages.
Maintenant le choix appartient à Zeus. La pièce tournoya quelques secondes dans les airs, puis retomba dans un tintement cristallin au sol : pile.
- Puisque c'est mon jour de congés nous irons dès ce matin au lac. Tristan nous accompagnera.
- Hors de question ! ne m'entraîne pas dans ta folie.
- Loïc le ferait.
Je vis le jeune homme grogner alors que son frère utilisait une rivalité qui semblait dater.
- Il s'est presque jeter dedans.
- Il était en feu !
- N'empêche, il est plus courageux que toi.
Quelques instants passèrent où les deux frères se mesurèrent du regard. Tristan était déchiré entre sa peur et la volonté de ne pas décevoir son cadet.
- Tu as gagné, fit le jeune homme abattu.

    Une fois arrivés à la rivière les deux frères étaient terrifiés, j’allais devoir être patiente.
- Enlevez vos chemises.
- Pourquoi ? me questionna Tristan.
Paul quant à lui me fit face et fit tomber sa chemise.
- C’est parce qu’elle n’est pas encore fixée sur le choix de son future époux. Elle veut nous comparer. Il me regarda droit dans les yeux. Vas y admire moi tant que tu veux. Je suis peut être plus jeune que mon frère et moins expérimenté que lui dans certains domaines mais nous apprendrons ensemble. Dans quelques années mon corps sera aussi beau que le sien.
Je rougis et restai un instant perdue dans ses yeux puis je lui souris. En lui ébouriffant les cheveux je déclarai :
- Hé mais c’est qu’il est doué le petit, dans quelques années tu devras te méfier Trist, il va marcher sur tes plates bandes !

Divin témoin 75