La louve et le prince, résumé.

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Du moment qu'il continuait à pondre le genre de phrases qu'il venait de prononcer. L'idée m'effleura pourtant qu'il devait trouver un intérêt quelconque à le faire, justement parce que c'était bien nouveau pour moi-même. Je supposai qu'il n'y avait aucun mal à s'attirer la sympathie des peuples de cette façon comme d'une autre. Du moins tentai-je de m'en convaincre.

Prince commença par s'excuser adorablement envers toutes les ondines présentes de ne pouvoir se créer sur commande le pouvoir d'oxygéner l'eau. Toutes comprirent ses explications, allant jusqu'à s'expliquer de s'être trompées sur sa nature. Pendant l'apéritif elles minaudèrent pour savoir s'il pouvait vraiment changer la couleur de ses yeux à volonté. Il le fit pour elles mais le mouvement découvrit ses crocs et elles hurlèrent d'effroi. Il reprit visage humain et expliqua sa nature si tendrement qu'elles trouvèrent cela ravissant. J'aurais pu trouver déstabilisant ce jeu de séduction, mais sa main serrée sur la mienne et nos jambes enlacées sous la table me charmèrent moi aussi, ce dont je fus consciente, sans parvenir à durcir mes pensées suffisamment pour lui ordonner de mettre fin à ces fantaisies grotesques.

Pendant la dégustation du plat nous parlâmes de moi, de mon monde, de mon ancienne vie et de mes nouvelles habitudes. Les tablées de filles deviennent toujours plaisantes du moment qu'on est une fille ou qu'on n'est pas intéressée par le garçon qui n'en a que faire ou qu'on est un homme qui aime écouter parler les filles.

Au dessert chacune racontait ses histoires personnelles et les piaillements m'avaient complètement fait oublier la présence de Marina, muette depuis le début. Avant d'aller se coucher les jeunes femmes nous invitèrent à un bain de minuit mais cela ne me disait rien pour des raisons évidentes. Elles n'insistèrent pas et nous profitâmes du déploiement général pour gagner la chambre... Sauf que nous ignorions où elle se trouvait. Nous avions utilisé une grande salle d'eau tout à l'heure, mais elle n'était attenante à aucune chambre.

• - Nous te remercions beaucoup pour les vêtements, Marina, dit Prince en se tournant vers elle pour ne pas perdre contenance.

• - Mais de rien, gardez-les, naturellement.

Je fus un instant sonnée par ce cadeau mais me remémorai que c'était simplement la coutume sur Terra que de faire ce faire de dons à Celui qui savait. Nous restions là bêtement alors j'insistai :

• - Pourrais-tu nous désigner notre chambre, s'il te plaît, Marina ?

• - Oh, vos chambres. Suivez-moi, bien sûr.

Non, je n'avais pas mal entendu.

• - Prends celle-ci, Prince, je t'en prie et viens, Tarah...

Je cessai d'avancer, croisant les bras sur ma toute petite poitrine, consciente que ce que je faisais était immature, mais incapable de ne pas le faire.

• - J'aimerais dormir avec Prince, si cela ne te gêne pas.

• - Cela me gêne. Prends cette chambre, elle est bien plus féminine, tu verras.

Alors que je m'apprêtais à la contourner pour rejoindre Prince, lequel faisait la même opération de l'autre côté de l'ondine, elle prit soudain un ton suppliant :

• - S'il vous plaît, vous avez bien compris comme j'ai toujours aimé Prince, ne me faites pas cela en mes propres murs.

Enfin côte à côte nous nous paralysâmes. Songeant qu'elle nous offrait déjà beaucoup nous répondîmes simultanément :

• - D'accord, passe une bonne nuit, Marina.

En effet ma chambre était ravissante. Je choisis un joli déshabillé dans lequel personne ne me verrait sans doute jamais et m'étendis dans mon lit aux couleurs parme et rubis. Mon cheval me manquait, réalisai-je, mais je ne savais pas où le trouver en cet instant. Faisant taire ce caprice je cherchai le sommeil. Il était minuit passé, c'était l'heure, le lendemain serait aussi une grosse journée. Je tournai et me retournai de nombreuses fois, mais ne pus pas trouver le sommeil. J'avais un mauvais pressentiment. J'avais plus qu'envie de rejoindre Prince. Il était une heure du matin maintenant, après tout qu'est ce qui m'en empêchait ? Ma parole, me rappela la voix de la raison. Je serais plus forte que cela pour une fois. Je rallumai la lumière et cherchai une bibliothèque quelconque. Parfait, au bas d'une table de nuit il y avait une dizaine d'ouvrages. Je pris un roman rose, facile à lire et soporifique, ça serait parfait. Oh non, me repris-je dès la rencontre des amoureux, cela me donnerait juste un peu plus envie d'être avec le mien. Je pris un roman d'aventure et m'endormis peu avant la fin. C'est à dire au petit matin.

Une suivante vint m'annoncer que l'on m'attendait au salon pour le petit déjeuner. Je la suivis puisqu'elle m'attendait. Finalement on verrait ce fichu déshabillé. Je trouvai Prince et Marina assis côte à côte, l'air bizarre.

La louve et le prince 106.