La louve et le prince, tous les articles.
La louve et le prince, résumé.
De sa voix de vampire affamé, il me mena au plus profond des situations, aux plus précis des faits et des ressentis. Enfin le jour perça alors que je répliquais à son dernier récit :
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- Et qu'est-ce qui t'avait pris, finalement ?
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- J'ai eu peur de te perdre, que tu t'échappes un beau matin loin de moi avec l'un de ces hommes qui te plaisaient tant. J'avais peur mais surtout, j'étais en colère.
La voix qui s'était stabilisée au cours de la nuit redevint raque comme lorsqu'il avait prononcé la toute première phrase, la veille au soir.
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- J'ai toujours l'impression que n'importe quel homme te suivrait au bout du monde, me tranchant la gorge s'il le fallait avant de partir.
Le jour était là et nous avions parlé toute la nuit. Je n'avais plus peur de lui. La déclaration était belle. Je me tournai enfin vers lui et lisant la permission dans mes yeux, il prit mon visage entre ses mains puissantes et me donna un baiser sauvage qui se prolongea si longtemps que j'en sortis groggy. Dès que j'eus assez recouvré mes esprits pour parler, je dis d'une voix érayée par le trouble :
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- Quant à toi, tu as physiquement le pouvoir d'amener n'importe qui à te suivre même par-delà la mort.
Il fut troublant de lire dans ses prunelles d'or combien il n'hésiterait pas à s'en servir contre moi. Mais je compris bien vite, car moi même, en dépit de toutes les paroles qu'il pourrait ben prononcer, j'aurais éternellement peur de perdre un tel être. Je me levai pour aller prendre un bain dans la rivière, une main dans celle de Prince, l'autre sur le garrot de Rubis.
En me lavant ce furent toutes les émotions de la nuit que je lavai énergiquement. Maintenant ne restaient plus que la louve et l'humaine, liées par un pacte interdit. Je passai ma robe sans rien dessous, nullement gênée par ce détail, peu à peu happée par de nouveaux réflexes, nécessaires à ma nouvelle vie.
Arrivé devant les fées, Prince resserra ses doigts autour des miens et déterminée, j'ouvris le dialogue :
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- Fées, je vois dans vos yeux de l'approbation, mais pas uniquement. Parlez, Celui qui sait et moi, la louve, nous vous écoutons de bon coeur.
Sans surprise nous écoutâmes avec plaisir la porte parole donner l'accord du peuple et manifester sa gratitude. Puis sans plus d'étonnement il fallut dire pourquoi j'étais la louve. D'un mouvement ample j'ôtai la robe et le peuple mit genoux à terre. Je tendis le vêtement à Prince qui se crispa légèrement, puis je songeai au loup et bien entraîné, celui-ci prit le relais. Je hurlai à la lune invisible pour donner dans le théâtral. Puis je m'assis jusqu'à ce que chacun ait bien pu me détailler, louve jaune aux yeux noisette. Puis dans un autre hurlement je redevins femme et ma voix d'humaine prit le relais. Alors le cri se fit encore plus troublant. Je m'étais entraînée depuis toute petite, je savais comme cela donnait froid dans le dos. Quelques secondes plus tard loin d'accepter le vêtement tendu par Prince, je clamai :
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- Je suis sur Terra pour vous servir, Fées, et à nous tous alliées, plus magiques les unes que les autres, nous les créatures de Terra, nous la sauverons des griffes des Spares... Bénis soient les Dieux ! Conclus-je encore plus haut.
Lorsque les fées répétèrent après moi, j'acceptai enfin la robe que m'offrait Prince et la fis couler d'un mouvement gracieux sur mon corps de femme. J'inspirai et gravement dans un silence de mort, je regardai celui qui savait. Mon cœur bondit lorsque j'y lus tant d'effroi un peu coléreux. Il se demandait ce que j'étais Diable devenue à présent, car d'après ce qu'il m'avait conté la nuit dernière, je n'étais pas ainsi avant de perdre la mémoire. Je haussai les épaules puis avertis du regard que nous étions prêts pour les autres questions.