La louve et le prince, résumé.

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Quelque chose plana dans l'air, qui laissa entendre que la mésentente était si consommée entre lui et son supérieur, qu'il se fichait de ce que nous pourrions lui rapporter de cette conversation pour le moins compromettante.

• - Il vous manquerait beaucoup pour vous l'offrir ? Fit Yule en regardant ses ongles ronds.

L'elfe fit signe que l'idée même n'était pas envisageable, amer mais touchant.

• - Bien la moitié du prix. J'ai commencé à travailler ici il n'y a que deux mois, je n'ai pas d'économies du tout.

Je voyais mal pourquoi la première secrétaire insistait autant, pour ma part je trouvais cette conversation triste à mourir.

• - Seriez-vous prêt à travailler à côté pour vous la payer ? Fit Prince.

L'homme ouvrit des yeux immenses et hocha vigoureusement la tête. J'écarquillai les yeux, dévorant la panthère de lune du regard.

• - Cela fera des vacances à Adeline et Kélina, les aides ménagères que nous employons avec un couple d'amis, décréta posément Yule en fouillant doucement dans son sac à l'esthétique épuré. Vous commencez chez moi, voilà l'adresse.

Elle la nota sur un papier et régla son cheval, un étalon gris pommelé, exactement comme celui qu'elle avait perdu en forêt.

• - Il y a trop, dit l'homme. C'est deux fois le prix, mademoiselle.

• - C'est pour votre pouliche, vous me rembourserez quand vous aurez l'argent.

Il se répandit en remerciements, la prit dans ses bras après lui avoir demandé la permission, et ils échangèrent leurs coordonnées. J'appris ensuite que Kélina était la suivante de nos amis elfes, et qu'Adeline était celle des parents de la bienfaitrice. Yule était une femme de cœur, c'était évident, car à l'évidence elle venait d'employer l'elfe dans l'unique but de l'aider à obtenir une situation plus confortable.

Hop, elle sauta à cru sur le dos de sa monture. Elle avait dû souvent s'y entraîner, car le mouvement fut aussi gracieux que tous ceux qu'elle effectuait malgré elle, en bonne représentante de ceux de sa nature. Elle nous aida à faire de même sur la nôtre, je me sentis pataude au possible mais une fois en place je fus réellement aux anges. Rubis se tint bien tranquille, pourtant nous n'avions pas été avares de grands gestes. J'adorai ces premiers pas avec lui en ville, le guidant juste avec le licol, il fut d'une écoute parfaite. Mais bientôt, Yule nous indiqua une boutique du doigt.

• - Déjà ! Déplorai-je.

• - Enfin, rit Prince !

Je lui adressai un regard mauvais et Rubis lui donna un coup de museau.

- C'est qu'à cru moi je souffre, bande d'écervelés !

Un éclat de rire plus tard, nous rentrâmes dans la boutique en rang serré. Je restai interdite, les étoffes étaient si simples qu'aucune ne me faisait envie. Alors Yule et Prince choisirent pour moi, puis me poussèrent dans la cabine. Surprise, je constatai que si toutes les robes étaient simples, elles étaient d'une matière soyeuse qui soulignait parfaitement ma silhouette longiligne, non contente d'être d'une douceur incomparable et de couleurs splendides. Je les pris toutes, quant aux sous vêtements, Yule décréta que nous irions un peu plus loin.

Deux boutiques plus loin, je compris vite pourquoi.

• - Comment les elfes peuvent-ils avoir des vêtements si sobres et des sous vêtements si affriolants ? M'étranglai-je.

• - C'est une boutique pour couples, expliqua Yule.

Devant mon air interrogatif, elle s'étonna beaucoup :

- Cela n'existe-t-il pas dans ton monde, Tarah ?

• - Là-bas, intervint Prince, il y a bien un équivalent. Mais les gens y vont aussi s'ils sont célibataires.

Au ton de sa voix, on comprenait qu'il trouvait cela moins romantique et légèrement dénué de sens.

• - Oh, comprit Yule, votre monde est bien étrange, que fait-on de jeux érotiques si on est tout seul, sans personne avec qui les pratiquer ?

Je laissai Prince lui expliquer posément et elle saisit enfin.

• - Je ne vous comprends pas, fis-je, les elfes se baladent nus sans soucis, alors pourquoi tant de retenue dès que l'on parle de ce genre de choses ?

Yule me montra les rayons du doigt, l'air éberlué. Je posai le regard autour de moi et vis les mêmes choses que ce que devait contenir un sex shop rue Pigalle. Quel était l'élément qu'il me manquait ?

• - La sagesse des elfes, me souffla Prince comme s'il avait lu dans mes pensées. Ile ne sont pas plus prudes que vous, juste plus sages. C'est une civilisation différente.

La louve et le prince 57.