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La louve et le prince, résumé.

• - Père, murmura Prince... Merci d'avoir accepté de nous parler, mon Roi, se ressaisit-il en s'inclinant profondément devant son ainé qui reprit la parole :

• - La reine (il désigna la panthère, qui reposait sur ses genoux) m'a expliqué qu'il s'agit d'une mission divine. Dans ce cas rien ne se refuse. Nous avons toujours fini par nous plier aux volontés des Dieux.

Un silence plana puis Prince demanda d'une voix tremblante :

• - Nous voulons comprendre les origines pour savoir si une erreur a vicié le passé, père.

L'humanoïde et le fauve se dévisagèrent, le temps de se remémorer toute l'histoire : finalement ce fut l'elfe qui commença le drôle de récit.

• - Aux origines, tous les peuples existaient déjà. Ils avaient le savoir mais aussi la sagesse. Les siècles se sont harmonieusement écoulés pendant des centaines d'années.

• - Le roi avait un animal de compagnie, reprit la reine ; c'était moi, vous l'avez sans doute déjà compris.

Son mari lui adressa un regard d'une tendresse immense, qui me donna le frisson.

• - Mais les siècles passant, j'ai compris que je n'aimais personne comme elle. Alors juste pour voir, je lui ai donné la télépathie avec ma magie.

La reine eut un profond hochement de tête, cessa sa déambulation, puis darda sur nous son regard d'or pur.

• - Et il m'a aimée. D'un amour pur, fit-elle pudiquement.

• Mais comme tout homme, reprit-il, j'ai fini par vouloir autre chose. Alors de nouveau, j'ai fait appel à la magie.

La panthère noire reprit sa lente promenade entre nos jambes, sans s'émouvoir que nous tordîmes le cou pour continuer de la fixer sans retenue.

• - Les nuits de pleine lune, grâce au roi, je me change en humaine, compléta-t-elle enfin. Mais les Dieux ne l'entendaient pas de cette oreille. Partagés entre l'estime qu'ils avaient pour nous (nous menions les peuples paisiblement, de sorte que la félicité régnait sur Terra), et le dégoût qu'ils vouaient à notre union, ils nous ont offert un compromis.

Lorsque le père de Prince reprit la parole, son fils eut un brusque mouvement de tête dans sa direction, preuve qu'il était démesurément tendu.

• - Aucune sanction ne serait prise contre nous si nous renoncions l'un à l'autre. Mais si nous refusions, ils créeraient le chaos sur Terra.

• - Nous trouvions la sentence excessive, cracha l'animal. Nous ne nous unissions que les nuits de pleine lune, pourquoi ce dégoût ? Alors nous avons décidé d'une contre-proposition. Nous ne nous unirions plus, mais nous resterions les compagnons passionnés que nous étions depuis des dizaines d'années.

L'elfe eut un profond soupir, qui fit baisser le tête à sa compagne. Il continua, dépité :

• - Les Dieux ont pris cela pour de la désobéissance, alors ils ont pris une première sanction. Ils ont changé les êtres humains en Spares, les hommes dépouillés de leur animalité, décrétèrent ils. Par cet acte de cruauté envers des innocents, il savaient que nous ploierions sans hésiter. Nous avons abdiqué, nous nous sommes séparés.

Il se pencha, aussitôt, le fauve bondit entre ses bras.

• - Mais nous ne nous voyions ni l'un ni l'autre régner seuls, expliqua-t-elle la seconde d'après. Alors nous avons fui le trône et pris l'habitude de dire à ceux qui nous invoquaient que nous étions fâchés. Nous ne nous voyons qu'occasionnellement, pour ne pas réveiller la colère des Dieux.

Un silence s'imposa, nous étions abasourdis de ces révélations. Soudain, je sortis de ma transe pour prononcer d'un ton grave :

• - Embrasse ton père, Prince, je suis consciente que nous avons encore des questions à poser, mais nous devons partir, nous réfléchirons plus tard à une solution.

Sans doute lui aussi réalisa-t-il que nos amis étaient probablement souffrants dans la petite salle dédiée à la magie, quelque part très loin de là où nous croyions nous trouver à cet instant étrange.

• - Vous n'en voyez aucune ? Questionna-t-il encore.

Ils firent non de la tête.

- Merci, dit il encore, la gorge nouée.

Il n'osait pas bouger, alors sa mère quitta les genoux de son père pour se glisser dans ses bras. Comme la veille, il pleura à chaudes larmes, le nez dans sa fourrure. Lorsque la panthère s'écarta, l'elfe s'approcha pour donner une accolade à son fils. Celui-ci referma ses bras autour de lui ; l'étreinte fut troublante, aussi détournai-je mon regard noisette. Peut être parce que Prince dans les bras de l'elfe gracile me parut gauche pour la première fois depuis que je le connaissais.

La louve et le prince 59.