La louve et le prince, résumé.

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Un silence lourd de réflexions s'imposa entre nous quatre. Un coup d'œil me suffit à vérifier que Prince n'aimait pas l'ambiance qui régnait ici. On craignait trop la morale ici bas pour l'oracle damné. Sur ce le couple fut pris de migraine. Soudain l'elfe porta la main à sa tête, une grimace le prit, tandis que la reine se recroquevilla.

• - Les gnomes, ou les Dieux ? M'inquiétai-je alors que les yeux du roi roulaient dans leurs orbites.

• - Nous le saurons quand ce sera terminé, répliqua Prince qui serrait les mâchoires.

Le temps s'égrena lentement et nous prîmes la position habituelle de l'attente, appuyé l'un contre l'autre. Je promenai un doigt sur le bras qui m'enlaça. Puis je posai un baiser sur cette épaule. Prince en sema un dans mes cheveux.

• - Nous trouverons le moyen de les sortir de là, dis-je.

• - Le souci étant que je ne peux pas parler aux Dieux s'ils n'en ont pas décidé ainsi.

• - Ils te parleront bien assez tôt, non ? Même si nous terminons cette mission sans leur aide, ils s'adresseront de nouveau à toi pour la suivante. Est-ce qu'ils t'en confient souvent ?

Un feu s'alluma dans les prunelles de l'oracle. Ce regard peu rationnel rappelait qu'il était le jouet des Dieux. Eux seuls savaient qui Prince aurait été, sans ce qu'ils lui avaient fait endurer.

• - Les unes après les autres, souffla-t-il d'une voix blanche.

• - Si souvent que cela ? M'affolai-je.

• - Voilà pourquoi j'étais tellement épuisé, les Dieux ne donnent pas de vacances à la légère.

Ses pensées revinrent à ses parents, supposai-je en l'observant se lever pour faire les cent pas dans le tunnel. Sa démarche féline provoqua de drôles de sensations dans mon corps de gamine. Je me levai à mon tour. Lorsque je le rejoignis, il m'attira contre la paroi où il s'appuya d'un pied. Il se laissa aller en arrière, m'entrainant avec lui jusqu'à la pierre humide. Dos à lui, je fermai les yeux, goûtant ce moment de tendresse, entre ses bras d'immortel.

• - Alors certaines missions doivent être d'une importance douteuse, aboutis-je ma pensée.

Je sentis sa poitrine se soulever par a-coups, signe que j'avais été naïve. Mais peu m'importait, j'étais bien, rien n'aurait pu rompre le charme qui m'entourait à ce doux instant.

• - Détrompe-toi, rit-il ainsi. Tu n'as jamais pensé que la nature était drôlement bien faite, sur Terre ?

• - Si, comme tout le monde.

Ma propre voix me semblait étonnante, car je m'étais habituée à la trouver tendue, ce qui n'était pas le cas à cet instant. Il libéra une main, parcourant mon visage aux yeux clos du bout d'un doigt caressant.

• - C'est loin d'être le cas, conclut-il doucement. Simplement les Dieux ont leurs esclaves, lesquels passent leur temps à rétablir un équilibre tout à fait précaire.

• - Sur Terre aussi, tu crois ? Interrogeai-je d'un timbre ensommeillé.

Je relâchais la pression depuis trop longtemps accumulée. Pourtant j'aurais dû m'inquiéter pour le roi et la reine de Terra qui gisaient inconscients, culpabilisai-je une seconde.

• - Bien sûr, répondit le vampire. D'après ce que j'ai compris, vous avez eu d'innombrables guerres, de nombreuses catastrophes climatiques et bien d'autres cataclysmes. Autant de moyens détournés pour réguler les équilibres entre espèces et modeler la Terre.

Je restai songeuse. Enfin les parents de Prince s'éveillèrent, haletants. Nous les laissâmes reprendre leur souffle. Puis ils se regardèrent et éclatèrent de rire. Ils ne pouvaient plus s'arrêter, leur rire était communicatif. Les yeux mi clos, rien ne l'aurait fait deviner sur le museau de la reine, pourtant sa voix télépathique emplissait l'espace.

• - Ils sont nuls ! Hoqueta-t-elle.

• - C'est peu dire ! Confirma l'elfe aux yeux jaunes.

Enfin ils se calmèrent un peu et mimèrent la conversation, la panthère imitant le gnome, le roi les mimant elle et lui, elle commença :

• - Bonjour à vous !

Trop d'emphase, surtout venant d'un petit gnome. Elle gloussa tandis qu'il répliquait, un rire dans la voix :

• - Que nous vaut cette visite, gnome ?

• - Nous avons plusieurs questions, votre fils vous-t-il prévenus tous deux ?

• - Bien sûr que non, vous connaissez notre fils, les missions ce n'est pas son fort, Gnomes.

Ils rirent à gorge déployée. De mon côté, je ne pouvais pas détacher le regard de Prince, qui pour la première fois depuis bien longtemps, semblait heureux et non seulement fier ou puissant – sur un immortel, l'alliage des deux donnait un irrésistible charme auquel il était impossible de résister.

La louve et le prince 87.