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La louve et le prince, résumé.

Les fontaines gazouillaient, ce qui ajoutait la touche sonore accordée à l'effet visuel de plénitude extrêmement sereine. Deux suivantes qui s'étaient avancées, chaleureuses mais discrètes, récupérèrent nos montures sans s'imposer davantage.

• - Accompagne le prince dans la chambre pour qu'il puisse s'habiller, dit sublime papa à une petite demoiselle rougissante en désignant la panthère. Ensuite tu le guideras au petit salon.

Il parlait d'un ton paternel, ainsi l'ambiance laissait sentir que les petites étaient traitées avec bonté. Nous passâmes le porche, puis trouvâmes une autre suivante à qui il dit tout aussi gentiment :

• - Dis aux cuisiniers d'allonger le déjeuner, nous avons deux invités.

Elle s'empressa de disparaître en rougissant elle aussi. Nous nous assîmes tous deux dans de profonds fauteuils au coin d'une table-basse-aquarium. Ne froncez pas les sourcils, je vais vous expliquer. Sous le verre qui servait de table, était aménagé un aquarium avec un nombre incalculable de petits poissons multicolores.

• - C'est magnifique, m'extasiai-je. Votre demeure est à couper le souffle, mon roi.

• - Merci, sourit-il. J'y vis depuis les origines, il est aisé de l'améliorer au fur et à mesure. Tu noteras que depuis le fiasco avec la reine, je m'entoure de nombreux chiens et de nombreuses nymphettes. L'exclusivité me fait peur à présent.

Un sourire adorable planait sur ses lèvres, mais je trouvai la phrase fort équivoque. Surprenant mon intérêt, il fit, enjôleur :

• - Pose ta question.

• - N'êtes-vous pas fidèle à la reine, Monseigneur ?

• - Non, en effet. Mais elle non plus, elle s'ébat avec les panthères comme elle le faisait avant de me connaître. C'est une question de survie mentale. Aussi...

Une petite suivante s'approcha avec un plateau chargé de trois verres et d'amuse-bouches variés. Lorsqu'elle disparut, il reprit en ces termes :

• - Aussi les petites ont-elles l'habitude de me voir arriver avec de jolies femmes. Mais rencontrer mon fils, cela elles en parleront chaque jour pendant plusieurs lunes.

Prince entra escorté de deux jeunes demoiselles. Je me redressai et rejetai les épaules en arrière. Les joues roses des suivantes qui suivaient ses mouvements ne me plaisaient pas du tout. Très beau papa surprit ma réaction et murmura dès que nous fûmes seuls :

• - Tu n'as pas à t'inquiéter, elles ont assez à faire avec les cuisiniers et les palefreniers.

Je souris idiotement.

• - La maison est très belle, père, s'extasia Prince. Mais j'ai été surpris que les suivantes me nomment Prince. Savent-elles qui je suis ?

• - Tu es le seul qu'elles savent pouvoir passer de félin à homme à volonté.

Les sourcils froncés sur mes yeux sombres, je m'interrogeais sur le sens de la question de mon oracle. Chacun connaissait son identité en ce monde...

• - Oh, j'ai cru qu'elles savaient que vous étiez mon père, précisa-t-il et je hochai profondément la tête, je comprenais mieux.

Le roi de Terra taisant ce grade depuis bien longtemps, en principe chacun devait ignorer leur lien de parenté.

• - C'est le cas, répondit-il pourtant, nous plongeant tous deux dans le trouble le plus profond.

Nos deux regards convergèrent vers l'elfe, fier de son effet.

• - Les petits sont un peu comme mes enfants : je paie leur éducation et lorsque nous sommes seuls, nos avons le genre de discussion que peut avoir un père avec ses enfants. Aussi savent-ils beaucoup de moi et réciproquement. Mais aucun ne me vendra. Nous seuls avec la reine savons que j'ai été roi de Terra.

Cela expliquait l'ambiance particulière qui régnait en sa demeure. Une bouffée d'affection pour la maisonnée me submergea, mais je fis mon possible pour le cacher, consciente que cela trahissait ma candeur, dont je n'avais jamais été capable de me défaire un peu.

• - Qu'est-ce que vous faites maintenant ? Questionnai-je pour me changer les idées.

L'elfe eut un discret sourire en inclinant la tête de côté. Je compris qu'il n'avait pas été dupe, ce que j'exprimai par un geste d'impuissance. Pourtant, il répondit à la question, conscient que cela nous intéressait malgré tout, comme le trahissait probablement notre attitude attentive.

• - J'ai mon propre restaurant, tu dois connaître le Diamant, Prince ?

• - C'est un très bel endroit. Très chic, m'expliqua l'immortel. Nous irons y dîner.

Je hochai la tête tandis que les entrées arrivaient.

La louve et le prince 89.