• Le destin des immortels - nouvelle publication
  
• - Tu peux venir aussi, Sofiane, proposa l'humain, impressionné par son silence.

La blonde créature émit un rire de gorge, tout bas. Sloan parut immédiatement prendre la mouche. L'immortelle se mordit la lèvre inférieure, sentant monter le danger.

• - Va t'amuser, petit, répondit le chef de meute avec un profond mépris.

L'humain parut pourtant voir clair dans le jeu du vampire. Shalimar ne l'en aurait jamais cru capable, elle ne l'aurait pas pensé assez mature.

• - Je tiens à toi, Sofiane, cracha-t-il.

Au début, la vampire se demanda ce qu'il fabriquait. Puis un lent sourire monta à son visage, lorsqu'il continua sous le regard dur de leur aîné.

• - Je t'admire, aussi. Je pensais que tu serais l'amant jaloux, mais tu ne t'abaisses pas à cela. Ça fait du bien de vous avoir tous les deux. Et quoi qu'il en sorte sachez que vous m'avez sorti de la misère pour m'offrir la vie dont je rêvais.

• - Bon sang ! S'insurgea le vampire. N'es-tu pas conscient d'être au milieu de gens violents, et qui boivent du sang humain ? Ne vois-tu pas qu'à part nous deux, n'importe quel vampire veut ta peau, dans la meute, parce-que tu sais qui nous sommes et tout simplement par pure jalousie ? Ne sais-tu pas que tu es en train de t'attacher à des gens auprès desquels ta vie ne tient qu'à un fil ? Nous sommes traqués à travers les siècles, Sloan ! Sans en avoir les avantages, tu es en train de subir les mêmes inconvénients que nous parce que tu veux être notre allié !

La vampire écoutait le cœur de l'humain frapper sa poitrine à une vitesse dangereuse. Elle entendait sa respiration saccadée. Elle se sentit fière du regard déterminé qu'il continuait pour autant à darder sur son chef de meute.

• - Je sais tout ça mais pour la première fois de ma vie je suis avec des gens qui m'aiment d'amour et non d'amitié. Et cela vaut tous les risques au monde. Venez à la soirée. Tu réfléchiras en rentrant, Sofiane.

Shalimar se délecta du silence qui suivit. Son chef de meute la fusilla de son regard acier.

• - Allez-y, ordonna-t-il. Quand vous serez revenus j'aurai la solution.

La vampire chercha quelque-chose à se mettre dans les affaires qu'avait achetées son chef de meute pour elle. Elle se sentit mélancolique. Avant de partir, elle alla lui dire au revoir, tandis que Sloan l'attendait sur le pas de la porte. Elle le trouva parfaitement immobile, planté devant la grande baie vitrée, à observer la ville. Elle effleura son épaule. Il ne se retourna pas.

• - Dis-moi, sollicita-t-elle. Je t'écoute.

Il secoua imperceptiblement la tête.

• - Non, vraiment, allez y, amusez vous comme si c'était la dernière fois. Rentrez tard, sourit-il.

Alors elle sut qu'il avait pris sa décision. Elle rapporta à Sloan ce qu'il venait de leur conseiller et hochant la tête gravement, il comprit bien ce qu'elle voulait dire. Et Dieu, la soirée fut en conséquence. Ils se retrouvèrent au milieu de jeunes gens dont une fois assis, un verre à la main, elle fut immédiatement le point de mire.

• - Ouép, confirma-t-elle, mais c'est tout à fait réciproque.

Elle se demanda si elle venait réellement de sous-entendre que l'humain était son bel ange gardien et si ce verre lui montait donc déjà à la tête. Elle passa un bras autour de lui. Grand mal l'en prit, il posa une main possessive sur sa cuisse nue. Elle se crispa ce que personne n'ignora.

• - Comment vous êtes-vous rencontrés? Demanda un blond.

• - Elle lui a sauvé la vie, sourit Yael, mais chut, les gars, c'est le grand secret de Sloan, cette nana.

• - Pourquoi, rit un homme, tu es dealer ou quelque-chose d'approchant ?

• - Pire que ça, plissa-t-elle les yeux. Je suis un fantôme.

• Elle se dit qu'étant donnée l'ambiance alcoolisée personne ne ferait le rapprochement avec la psychose ambiante à propos de son espèce.  

• - Super, s'égosilla une brune, on a Casper avec nous.

• - Je suis morte au seizième siècle, conta-t-elle, sur un bateau négrier où je faisais la cuisine. Je sais tout depuis cette époque-là, posez-moi des questions !

Ce n'était pas entièrement un mensonge. Elle avait bien été tuée là, au milieu d'une vaste mutinerie. Mais elle s'était rapidement remise sur pieds, se rappela-t-elle dans un demi-sourire. Elle avait songé compter ses morts, à une époque, mais avec le temps elle avait compris que c'était trop difficile.

Les jeunes fouillèrent leurs cours d'histoire. Elle répondit à chaque question, supposant qu'elle ne choquerait pas de façon dramatique ces membres du milieu estudiantin en étant cultivée. La surprise se changeait peu à peu en euphorie et en fierté au fur et à mesure que les jeunes gens buvaient des mélanges douteux. Sloan n'était pas en reste. Sa main se baladait toujours. De la cuisse elle passa... à la cuisse, mais il y a cuisse et cuisse. Elle finit par arrêter ces doigts, mais le jeune homme tout en discutant avec fougue de l'esclavage (la haine de l'autre en psychologie, tout un programme), passa à l'attaque avec son autre main.

Shalimar parlait beaucoup et fort, pour ne pas partir en courant. Elle était venue pour faire plaisir à l'humain or si elle le repoussait devant tout le monde rien ne le blesserait davantage.  

Le destin des immortels - nouvelle publication 52.