• Le destin des immortels - nouvelle publication
  

• - La plupart du temps on sera au galop, c'est le plus confortable, assura-t-elle. Je te laisserai les étriers, ainsi tu pourras te mettre en suspension,

   ce sera plus... moins désagréable.

Il gloussa malgré l'appréhension. Deux heures plus tard ils entraient dans la forêt. Après avoir parcouru un moment le sentier avec le véhicule cahotant Shalimar pila. Pauvre bête, songea-t-elle en écoutant le cheval se plaindre derrière eux.

• - Et bien,? Râla Sloan.

• - Ils sont là. C'est impressionnant.

Il se concentra et put voir la meute, cachée en les attendant dans les broussailles sombres. Il émit un sifflement. Il y avait des centaines de loups. Ils redevinrent tous humains lorsque Sofiane donna le coup d'envoi en le faisant lui-même. Il sourit, moqueur, sous le nez de l'humain qui se trouvait sous lui, sur le siège passager. Nu, Sofiane ouvrit la portière et sauta au sol. Maintenant Shalimar et son protégé étaient les seules personnes habillées au milieu d'une marée d'immortels.

• - Pourquoi, commença l'humain... Non j'ai compris. La transformation ne comprend pas les habits.

• - Bien vu Sherlock, se moqua doucement Shalimar. Attends.

Elle le retint par le bras alors qu'il s'apprêtait à descendre du véhicule. Elle secoua la tête. Son chef de meute défendrait l'humain, si on l'attaquait. De toute façon personne n'oserait bouger s'il n'en faisait rien. Elle lui fit signe qu'il pouvait descendre. Elle se tint à droite de l'immortel, lui faisant signe de rester à sa gauche.

• - Vampires, clama Sofiane, bienvenue.

Aucune acclamation ne retentit. Shalimar supposai qu'il n'y avait que dans les livres que ce genre de choses se produisaient. Pourtant ils avaient certainement tous appelé dans la journée et remercié individuellement pour les conseils et les paroles rassurantes. Bande d'ingrats, songea-t-elle.

• - Les plus anciens d'entre vous ont déjà fait le chemin dans l'autre sens, reprit-il, mais de toute façon vous n'aurez qu'à me suivre. Nous en avons pour dix jours de voyage, on chassera pour manger et tous les jours nous trouverons un point d'eau pour boire.

• - Un seul ! Se plaignit un vampire.

• - Je n'ai pas le pouvoir de les créer, répliqua calmement le vampire, tu en disposes, toi ?

Silence. Chacun était parfaitement conscient que ça ne tuerait personne, mais que ça rendrait l'existence plus désagréable. Shalimar vit en se concentrant un peu que certains étaient d'une grande nervosité. D'autres les regardaient avec irritation.

• - Comment fera-t-on pour le sang? Demanda quelqu'un d'autre.

• - Au bout de cinq jours on entrera dans une ville et chacun se débrouillera, répondit Sofiane. Nous ne tuerons personne mais ne ferons pas de témoin. Ne vous inquiétez pas, la dernière fois la méthode avait fonctionné. Je vous rappelle qu'à l'arrivée vous suivrez Shalimar, elle sait où chacun logera, et sera allée chercher les clefs avant. Elle donnera du liquide à chacun. S'il y a un problème sur la route qu'on gagne le haut du convoi pour me le faire savoir. On voyagera la nuit pour être surs de ne pas être vus. Si un humain est en vue on se disperse et on se cache jusqu'à ce qu'il soit parti, mais seulement après avoir attendu tout le monde. Si on est clairement repérés je donnerai le signal et seulement alors, on éliminera l'humain. Comme dans la vie, chaque couple reste ensemble et chacun veille sur l'autre, il avertit s'il y a un souci. Je ne vois rien d'autre. Des questions ?

• - Pourquoi l'humain intouchable nous suit-il à Paris? Demanda un vampire.

Shalimar aurait voulu ordonner à Sloan de calmer son trac, parce que cela excitait l'agressivité des siens. Mais contrairement à eux, il ne pouvait pas y faire grand-chose.

• - Il nous a aidés, il s'est mouillé, il est aussi vulnérable que nous au Sud Ouest maintenant, répondit Sofiane.

Immédiatement le jeune homme perdit un degré d'inquiétude. La vampire s'amusa de sa crédulité. Le chef de meute n'avait pas le pouvoir de forcer les siens à partager son avis.

• - Mais pourquoi ne fuit-il pas tout seul ? Tu nous punis durement si on se lie à un humain, c'est anormal que tu t'octroies ce privilège.

Le couperet était tombé. Shalimar se maudit de ne pas s'y être attendue. Ils avaient repéré une faille et remettaient en cause l'autorité de leur chef. Elle retint un soupir. Ce n'était pas le moment. Elle s'avoua aussi une chose : elle ne voulait pas que l'on remette en cause l'autorité de Sofiane. Elle voulait qu'il demeure leur chef. Elle avait confiance en lui. Troublée, elle se sentit assaillie par des sentiments qu'elle n'appréciait pas. L'affection, l'appréhension. S'il était démis de son statut, ce serait dans le sang.  

Le destin des immortels - nouvelle publication 58.