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- Je te rejoins au lit, fit-elle en emportant son verre dans la chambre du jeune homme.
De retour près du vampire, elle avait toutes les réponses à ces dernières questions : il irait quel que fût leur avis, il irait seul, il était assez grand pour se débrouiller, surtout il aurait honte si l'on découvrait ils l'avaient suivi comme des parents gâteux. Et il serait très très déçu s'il découvrait qu'ils n'avaient pas respecté ses choix. Il avait tout de même promis d'appeler dans les deux heures de son arrivée à destination.
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- A quoi cela sert-il ? Sourit l'immortel.
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- A me rassurer un peu, reconnut Shalimar, car il était clair qu'il pouvait parfaitement être tué dans la première heure vu le nombre des occupants de ce foutu immeuble.
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- Tu es consciente que maintenant tu pourrais aller dormir avec lui ? Lui demanda-t-il encore.
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- Je suis bien dans tes bras, sourit-elle.
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- Voilà enfin une bonne nouvelle, chuchota-t-il sur sa bouche.
Elle passa une douce nuit. Lorsqu'elle s'éveilla elle sut que c'était le crépuscule, elle s'étira tel un chat au réveil. Elle se leva dans une maison aux fenêtres ouvertes sur le champ enténébré.
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- Bonjour, ma belle, sourit Sofiane à la tête d'un petit déjeuner gargantuesque.
Son estomac rugit, aussi leur rire emplit doucement l'espace. Puis une ombre passa sur son esprit et le vampire, en voyant les effets sur ses traits soudain soucieux, vint la prendre dans ses bras :
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- Tout se passera bien, Shalimar. Fais-lui confiance. Je l'ai amené en voiture tout à l'heure, je n'avais pas le cœur de le laisser y aller avec sa jambe en vrac.
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- Tu as bien fait, sourit-elle.
Il hocha gravement la tête. Sur ceci il n'avait aucun doute.
Chapitre deux. Des lycanthropes
Le vampire déposa Sloan devant l'immeuble, dont le cœur s'affola aussitôt. Qu'allait trouver le lycaon de l'autre côté des portes de cet immeuble majestueux ? Il y avait... vingt-cinq étages, compta-t-il. Tous les lycanthropes vivaient-ils ici ? Tous ceux de la ville, du pays, du monde ? Ses pensées lui donnèrent le tournis alors il pressa l'interphone sans se retourner vers la voiture racée qui quittait les lieux prestement. Il avait tendance à prendre l'immortel pour son protecteur or aujourd'hui, il voulait paraître fort et indépendant. Si cette foutue plaie – qui avait fait de lui un monstre - s'était un peu mieux refermée avant, il serait venu par ses propres moyens. Il tâcha de canaliser son dépit d'être ce qu'il était, il avait autre-chose à faire que de s'apitoyer, ce jour-là.
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- Oui ? Demanda une voix à l'interphone.
Il avait sonné à Kaitleen quelque-chose, qui d'autre ? On était dimanche à quatorze heures, il avait bien vu, elle était là, évidemment.
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- Bonjour, c'est Sloan... Le type que vous avez transformé, murmura-t-il très bas.
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- Pardon ? Fit la jeune femme.
Évidemment, murmurer à l'interphone ce n'est jamais très porteur. Il réfléchit un moment et tenta :
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- C'est Sloan , vous étiez chez-moi il y a quelques jours, vous aviez dévié de la chasse.
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- Oh... Oh ! Montez !
Le bip retentit puis il entra dans un grand vestibule. Des plantes en nombre impressionnant donnaient une ambiance verte, très dépaysante. Il n'y avait qu'une porte au bout ; irrésistiblement attiré vers elle, il avança pour voir ce qu'il y avait de l'autre côté. Mais c'était une très mauvaise idée. C'était une immense salle à manger. Une bonne dizaine de paires d'yeux se tournèrent vers lui, assez vite des sourcils se levèrent d'étonnement.
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- Bienvenue, clama un homme, je vous présente le nouveau lycanthrope, comment t'appelles-tu, mon garçon ?
Il n'était pas son garçon, bougonna-t-il à part lui. C'était un homme dans la force de l'âge, il devait avoir autour de quarante ans, comme la femme qui s'était levée en même temps que lui. Sloan comprit qu'ils étaient l'empereur et l'impératrice, puisqu'ils informaient les autres de sa nature, et qu'ils hochaient tous la tête, dociles. C'étaient tous des gens de leur âge ou plus encore. Le lycaon eut envie de fuir mais se reprit en main :
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- Bonjour, mon nom est Sloan, je suis venu pour en savoir un peu plus sur nous ; Kaitleen m'a ouvert, alors me voilà.