Pourquoi à chaque fois j’ai espoir ? se demanda enfin le tenancier, c’était là la vraie question. Encore une nuit où il ne dormirait pas.

Le plan se déroula à merveille, ils franchirent sans problème le désert se laissant guider par la louve, nul ne lui demanda comment elle connaissait cet endroit, ni comment elle avait su qu’ils passeraient sans mal, ils y a des questions auxquelles il n’existe pas de réponse acceptable par l’esprit et ces hommes étaient assez sages pour le savoir. Au bout de quelques heures ils découvrirent enfin les premières traces de végétation, tout était mort, Kiera laissa aller librement ses larmes alors que la louve en elle hurlait, jusque là elle n’avait pas compris. Le sable charrié par la fine brise se collait à son visage râpant sa peau, envahissant sa bouche, ne laissant qu’une amertume salée derrière lui. Ils marchèrent encore une heure parmi les cadavres de verdure et les restes de animaux qui jonchaient leur chemin.

« C’est dingue, murmurait Arcadius, ces animaux sont censés avoir disparus depuis des millénaires.

- Plus incroyable encore, quelqu’un a réussi à pénétrer dans ce sanctuaire pour planter des arbres artificiels ! Quel gâchis de ne pas avoir entretenu tout ça !

Kiera restait silencieuse, elle serrait tellement les points que ses articulations blanchissaient, mais elle continuait d’avancer le visage baissé.

- Silence, fit Naël, je ne veux plus entendre un mot !

- Pourquoi ? »

Le voleur de lumière se retourna et envoya un regard assassin au cyborg qui se tut immédiatement. Et alors que le silence se fit, un bruit d’eau envahit l’espace.

« Nous sommes bientôt arrivé » déclara soudain la louve. En effet quelques pas plus loin il découvrirent un lac alimenté par une cascade qui se déversait d’une dune. Une lumière argent dansait sur l’eau calme troublée seulement par l’embrun du désert. Au clair de lune les arbres qui entouraient l’onde paraissent presque vivants. La quiétude des lieux gagna le cœur de chaque guerrier, une larme dégringola le long de la joue du Night, il avait le sentiment profond d’avoir perdu quelque chose. Il laissa les autres admirer le paysages qui se découvrait sous leur yeux ébahis par cette beauté oubliée. Il posa tranquillement son sac à terre puis sortit des victuailles.

« Une heure de repos, faites ce que vous voulez, après nous franchirons la cascade le livre est derrière.

- Vous en êtes sur ? demanda Sahel.

- Je suis un être issu de la magie noire, je sais la reconnaître quand je suis à proximité de sa source. »

Nul ne le contredit et un à un ils délaissèrent la vision enchanteresse qui les baignait pour le rejoindre à terre, sauf Dries qui n’arrivait pas à détacher son regard de l’oasis. L’heure fut paisible, chacun se recueillait et se préparait mentalement au combat. Puis Kiera se leva donnant ainsi le signal du départ, elle ramassa un bout de bois qu’elle plongea dans l’eau, corrosive découvrit-elle sans réelle surprise. Elle rabattit sa capuche et dégaina son épée qu’elle transforma immédiatement en fouet, puis elle disparut sous la cascade imitée par les hommes qui la suivaient. Sahel avait espoir de découvrir le géant endormi, et de pouvoir ainsi accomplir sans mal leur mission, il ignorait que les Golem ne dormaient pas. Dès qu’ils entrèrent ils virent la créature, d’ailleurs comment ne pas la voir, elle emplissait l’espace ! Contre tout attente ce monstre avait continué sa croissance, elle mesurait à présent près de trois mètres, cependant elle n’atteignait pas encore le plafond, loin de là.

« Comment tu vas faire » demanda Sahel à Arcadius qui avait froncé les sourcils. Il n’entendit jamais la réponse, un cri de bête monta du gardien qui s’anima et fonça sur la troupe. « Dispersion, hurla le Naël, chacun sait ce qu’il a à faire ». Puis le silence se fit, il ne dura pas longtemps, bientôt les cris d’effroi résonnèrent contre les parois de l’antre. Le Golem furieux d’être dérangé dans sa torpeur routinière se mit à cracher du feu éclairant la caverne sous un nouveau jour.

Les crocs de la justice 169