- J’ai flairé quelque chose. »

Aussitôt les autres la rejoignirent. Les premiers de ces bâtiments avaient été construits par des personnes ruinées au lendemain de la grande guerre, loin des cités flamboyantes de Nina, ces modestes demeures étaient faites en Glas, une pierre de mauvaise qualité extrêmement friable. Depuis ces habitations avaient fleuri offrant un toit au plus démunis. Cependant les édifices s’écroulaient inexorablement après une durée de vie d’une cinquantaine d’année. La ville avait donc mené une campagne d’extermination, ceux là devaient être les derniers. À peine Kiera eut fait trois pas dans la ruelle qu’elle découvrit cinq traces parallèles qui couraient le long d’un mur «Mais qu’est ce que s’est ? » s’interrogea l’araignée. La louve ne formula aucune réponse elle se contenta de glisser ses doigts dans les fentes. Au bout de quelques mètres elle découvrit un ongle, la traînée qui suivait devenait marron, du sang séché, l’odeur qui avait attiré son attention.

« Génial, » fit le night en sortant un sachet. « Elle a peut être griffé son agresseur ! » Il se tourna vers elle et avec un large sourire la félicita : « bon chien ! »

Kiera vit rouge, elle se serait emportée si Sahel ne l’avait pas interrompue :

« Je vois quelque chose là haut, fit-il en désignant un escalier de secours.

En effet une forme indistincte brillait dans les étages de l‘immeuble.

- Arcadius pourrais tu aller le chercher ? 

Les deux hommes se dévisagèrent un instant, Naël savait qu’il lui en demandait beaucoup.

- Si tu ne le souhaites pas ce n’est pas grave, j’enverrais Kier.

- Pardon ? Contrairement aux idées reçues je ne vole pas !

- Tu escaladeras Sahel, à vous deux vous êtes bien assez grands !

- Il y a peut être une autre solution, murmura-t-elle en examinant la façade. On pourrait demander à Sahel de fabriquer une échelle. »

Mais avant qu’elle ait pu tenter quoique ce soit elle entendit le manteau de l’araignée tomber à terre. Le visage crispé il étendit ses pattes et s’avança vers elle. Kiera l’encouragea d’un large sourire, ce mettre ainsi à nu ne devait pas être aisé.

« Tu permets ? » lui demanda-t-il. 

Elle s’effaça pour lui laisser la place. Aussitôt l’homme se plaqua au mur et mit en mouvement ses huit pattes. En une poignée de minutes il atteint l’objet sans aucune difficulté. « C’est un sac, cria-t-il avant de descendre.

- Incroyable, murmura le cyborg, tu es vraiment impressionnant.

Arcadius le dévisagea quelques secondes en tendant le sac au night, il n’y avait aucune trace d’ironie sur le visage du cyborg, au contraire une admiration réelle l‘éclairait.

- Tu peux aussi créer des fils ? demanda Kiera.

L’homme lui fit face, son regard était perdu, était-ce une moquerie ? De l’autre coté Naël se raidit.

- Bah quoi ? repris l’intéressée, à l’école ils n’ont jamais su me répondre. Pourtant ça pourrait être pratique si tu pouvais aussi tisser des fils, ceux des araignées ont déjà des propriétés impressionnantes alors je n’imagine même pas les tiens.

Ne sachant pas si c’était de l’ironie l’arachnéen répondit doucement.

« En effet, je le peux.

- Incroyable ! s’exclama Kiera qui voyait déjà toutes les implications. Elle doit être indéchirable ! Et tu sais aussi tisser des toiles ?

- Pardon ?

- Mais oui ! Ce serait génial ! Imagine tu fabriques une toile, je la rends invisible et hop on attrape les délinquants sans se battre ! 

- Ou le premier passant, interdit de mettre cette idée à exécution ! Allez venez il n’y a plus rien à voir ici, vous discuterez des capacités d’Arcadius autour d’un café-choco à la maison. »

Kier et Sahel partirent en premier débattant sur la possibilité ou non de mettre en œuvre le plan du loup. Arcadius les regarda s’enflammer dans une discutions animée, hagard il resta planté dans l’asphalte. Naël lui mit une petite tape dans le dos pour dissiper son trouble « c’est du bon boulot. » ajouta-t-il, l’homme se tourna vers lui le sourire aux lèvres, jamais Naël n’avait été plus fier de son équipe. C’est quand même étrange, songea-t-il en les raccompagnant, il me semblait pourtant que Kier était raciste.

Les crocs de la justice 87