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- Non. Je n'ai pas de pouvoirs particuliers. J'ai juste parfois des éclairs d'omniscience. C'est ainsi que j'ai su qu'il faudrait venir te chercher là où tu es apparue. Je sais aussi qu'il faut te ramener sur Terre avec les sujets sains ainsi que ma famille.
Sa famille si tristement amputée. Mon cœur se mit à trébucher. Je portai une main à ma poitrine, sans chercher à dissimuler la cause de mon trouble soudain :
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- Ta sœur a-t-elle contracté la maladie, Liam ?
J'avais vu les si pitoyables êtres repoussants, là-dehors. Que penser d'un être qui aurait vu sa sœur devenir ainsi ? Il perdrait alors toute notion du bien ou du mal, souhaitant simplement assouvir sa vengeance. Je reculai d'un pas.
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- Non, elle est née faible et n'a pas survécu au delà de ses dix ans, voilà tout. Voilà vingt et un ans qu'elle n'est plus. Je pense avoir fait le tour du sujet, à partir de maintenant cesse de me parler d'elle.
Je refermai la bouche. Bien sûr, cela ne me regardait pas. Même si c'était un cauchemar. Je reculai d'un pas supplémentaire. J'aurais saisi même la chance la plus infime de m'échapper dans l'instant. Malheureusement au vu des circonstances c'était hors de question.
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- Hips !
Il me sourit alors que mon hoquet accompagnait cette pensée : ce n'était pas un rêve. J'avais trop de sensations, pour ajouter à toutes les raisons dont je m'étais déjà aperçue. C'était la vérité pure. Je n'allais pas pouvoir passer mes examens en cette fin de cinquième année de médecine.
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- Tu crois que je vais être renvoyée chez moi, hips, un jour ? L'interrogeai-je pour commencer la salve de questions nouvelles que ce constat suscitait forcément.
Fugacement, je me dis qu'il ne paraissait pas correct de tutoyer une divinité. Mais il me sembla que c'était la moindre de mes fautes à son égard.
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- Je n'y ai même pas pensé. Aucune idée, Aliénor, mais prépare-toi au pire, ici c'est difficile de faire autrement. Bref, tout ça pour conclure que tous les sujets sains seront menés avec nous sur Terre. Nos experts ont bientôt terminé de construire le vaisseau.
Au moins, j'allais rentrer à la maison. Mon cœur se serra lorsque je me rappelai que ce ne serait pas à la bonne époque pour que je sois en mesure de serrer mon petit ami entre mes bras de centaure. Ma gorge s'assécha brusquement. Je me demandai tristement à quoi ressembleraient les gens si loin dans le futur.
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- Mais hips, les terriens ne vont jamais vous laisser arriver en paix, je tiens à t'avertir.
N'avait-il pas dit que c'était ma planète qui avait attaqué la sienne ? Dès que le vaisseau toucherait le sol, il serait aussitôt bombardé. Dans la mesure où je me trouverais à l'intérieur, je tenais à soulever ce souci qui méritait qu'on s'y arrête.
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- Les terriens sont morts, m'expliqua-t-il, laconique. Nous avons riposté à leur attaque dans le but de se faire de la place chez eux lorsque nous pourrons lever l'ancre.
Tout mon corps mi équin mi humain se raidit à cette idée, tandis qu'une sueur froide maculait la fourrure de mon garrot.
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- Quelle horreurs, hurlai-je, hips !