Sans un regard pour elle il se leva et sortit de la pièce, s’il avait prit la peine de l’examiner il aurait vu que son aura versait des gouttes d‘argent. Kiera effaça ses larmes d’un geste rageur, elle avait bien mérité cette indifférence. Quand arrêteraient-ils de ce meurtrir ! Elle pensa à Avalone et ses grandes phrases sur la destinée, était-ce là leur destin ? Former un couple maudit, ils avaient pourtant été si proches du bonheur et pour la première fois ils formaient une famille. Et pourtant. Ce n’était pas le moment, elle pourrait recoller les morceaux plus tard, fit-elle sans espoir elle connaissait trop bien son époux. Elle se dirigea vers la pièce où Dries gardait les petites, ils passèrent la fin de l’après midi ensembles puis allèrent se coucher. Sans surprise elle fut installée dans son ancienne chambre, à coté de sa couche deux petits lits avaient été montés. Ainsi s’installa une nouvelle routine où le temps se partageaient entre la préparation du kidnapping et le baby sitting. Tous semblaient s’attacher aux enfants et c’est sans se faire prier que les soldats abandonnaient leurs armes pour jouer à la poupée. Les relations entre Kiera et Naël restèrent tendues, il n’avait pas à cœur de les détendre. Le temps filait et enfin après moult hésitations leur plan fut prêt. Ils avaient surveillé nuit et jour les habitudes de la femme, traquant le moindre détaille de sa routine. Le matin elle se rendait à l’association soif de sang, le midi elle déjeunait dans un bar à traqueuse de tracas, quelques fois elle mettait plusieurs heures à ressortir du lugubre établissement, puis elle retournait vers les adolescents en perdition pour en revenir que vers les 17 heures. Là le mardi et le vendredi elle allait faire ses courses, le lundi c’était coiffeur, alors que le mercredi elle voyait la manucure et le jeudi décortiquer d‘esprit. Sahel aurait bien aimé entendre ce qui se murmurait entre ses murs anesthésiés d’horreurs. Quelles atrocités la meurtrière pouvait bien marmonner à l’oreille de sa psychiatre épouvantée. Le week end était concentré au pistage de sa future proie, elle avait en ligne de mire une jeune femme nommée Mirabelle qui vendait des crêpes non loin de son café du matin. Du vendredi soir au dimanche elle passait ses journées à la suivre se délectant des sévices à venir. Sahel aurait souhaité avertir sa future victime du danger qui la guettait, mais il ne pouvait se le permettre sans dévoiler leur propre traque, c’est empli de frustration et la mâchoire serré qu’il suivait la prédatrice. Lorsqu’il voyait l’innocente vendeuse il ne pouvait s’empêcher de songer aux enfants, quel avenir auraient-elle tant qu’il existait ce genre d’individu ? Comment pouvait-on assassiner l’innocence ? Quelques fois des larmes dévalaient ses joues sans qu’il en ait réellement conscience, elles ne blessaient que son coéquipier qui les comprenait trop bien. Depuis qu’il était avec Sahel, Arcadius avait acquis une nouvelle sensibilité, il faisait attention aux petites choses de la vie courante. Au début pour protéger son partenaire et lui épargner des peines inutiles, puis il fut peu à peu touché par les détails. Sa carapace se dissolvait en présence de son amant, le rendant plus vivant mais aussi plus fragile, il en avait conscience. Ça s’était fait comme ça, sans qu’il s’en aperçoive réellement, tout était si facile avec le cyborg qu’il n’avait pas besoin de mot pour tomber amoureux ni de regard pour se comprendre. Cette liaison avait surpris tout le monde, lui en premier, sauf Sahel qui savait et attendait patiemment à ses cotés qu’il découvre lui aussi cette vérité inévitable : ils étaient fait l’un pour l’autre. Il lui fallut du temps pour l’admettre, et presque autant pour franchir le pas, mais le cyborg n’était pas pressé il avait ses propres démons à chasser. Puis un jour naturellement ils s’étaient embrassés, six mois après ils partagèrent la même couche pour ne plus jamais la quitter. Il ne put retenir un soupire en songeant à tous ses instants de bonheur. A coté de lui son amant lui souriait, ça n’avait pas été facile tous les jours, ils avaient du subir les regards et les médisances mais ça en valait le coup. Ça y est Luxesse démarrait sa voiture pour rentrer chez elle, ce n’est pas aujourd’hui qu’elle passerait à l’action au grand soulagement des soldats qui avaient pour ordre de ne pas intervenir quelque soient les circonstances. Ce soir était le dernier soir où ils l’épiait, demain il passerait enfin à l’action après un mois de filature.