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- Lara voudrait te parler, Aliénor.
- Salut, Lara, souris-je en voyant l'air épanoui de Liam qui venait de reconnaître sa voix dans celle programmée sur l'appareil.
La mienne tremblait légèrement. Sans doute à la fois d'épuisement et d'émotion. A force de penser à elle en tant que raison de vivre de Gareth, créée de toutes pièces par moi au besoin, j'avais oublié qu'en tant que personne autonome, elle pouvait aussi me surprendre.
- Dis-moi, la nuit tombe, es-tu encore loin du vaisseau ? Je suis passée te voir chez toi mais tu n'y étais pas. Gareth dit que vous n'êtes pas encore rentrés.
- Nous arrivons, Lara, pourquoi cette question ?
C'était peut-être un peu bourru. Je fis de mon mieux pour prononcer les mots d'une voix enjouée. En réalité je n'aimais pas les surprise, pas en l'occurrence, compris-je amèrement.
- Je me demandais si je pouvais te parler une seconde, avoua-t-elle d'un ton pourtant léger. Je sais que tu dois être fatiguée alors ce ne sera pas long. J'ai monté deux ombrelles chez moi si tu as une seconde.
Au début je ne compris pas ce que cela signifiait. Puis cela m'apparut dans un sourire nerveux. Le fameux cocktail...
- Avec plaisir, affirmai-je avec un plaisir feint. J'arrive sans passer par chez moi. Attends-toi à une invitée un peu suante, désolée, mais je sens que tu es pressée.
- Oui, c'est vraiment adorable de ta part. A tout à l'heure.
Liam m'apparut boudeur, et j'en connaissais la raison : moi aussi il me tardait d'avoir un moment tous les deux. Je l'avais côtoyé toute la journée, respiré son odeur musquée sans arrêt. J'avais une vorace envie de lui. Ce n'est qu'un instant plus tard que je me rappelai la prophétie. Ma gorge se serra. J'étais cuite. Je n'étais plus capable de résister.
- Qu'est-ce qui ne va pas ? M'interrogea Liam, certainement de mon expression torturée.
- Ça va, mentis-je. On ne va pas épiloguer chaque fois qu'on pense à cette prophétie révoltante.
Le hoquet me bloqua un moment. Je m'attachai à respirer profondément.
- Je ne pouvais pas savoir que tu pensais à cela, se rembrunit-il.
Le visage relevé loin de lui pour faire passer mon hoquet, je fermai les yeux en respirant bruyamment. Finalement, lorsque cela devint supportable, je baissai sur lui mon brun regard.
- Non, c'est vrai, Liam, lui répondis-je en serrant sa main.
Le temps de monter chez Lara, nous décidâmes que lui passait voir son frère et qu'ensuite nous nous rejoignions chez moi pour engloutir un dîner que le premier arrivé serait descendu commander. En tête à tête. Un long frisson m'avait prise et mon envie de lui s'était presque muée en douleur. Effrayée à cette idée je compris que nous ne lutterions pas contre l'envie de nous unir.
Par contre je lutterais contre la mort de Gareth. C'était forcément possible, décidai-je en frappant chez Lara.
Elle me parut d'excellente humeur, mais lorsqu'elle commença à boire une ombre passa sur son visage. Attentive, j'attendais qu'elle se lance.