Centaure d'un dieu, tous les articles.
- Tu me manques, Aliénor, avec toi j'aurais pu les sortir de leur tristesse.
- Tu me manques aussi, soupirai-je.
J'aurais eu beaucoup d'autres choses à lui dire, mais les mots se bloquèrent dans ma gorge, dont jamais ils ne sortirent.
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- D'après ce que j'ai compris tu n'as jamais accepté ma mort. Merci de cette foi inébranlable.
Je sentis qu'il s'agissait surtout d'une question silencieuse.
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- Ce n'est pas en les dieux que j'ai cru, Gareth, confirmai-je, consciente qu'il n'en avait pas besoin.
Je réfléchis à ce que je pouvais me permettre de lui révéler. C'était insensé, mais à cet instant je décidai que peu importaient les conséquences. Pourtant j'eus l'intime conviction que je le regretterais.
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- Je t'aime, Gareth, murmurai-je tout bas. J'aurais perdu l'esprit, si j'avais cru un instant que tu étais parti pour toujours.
En réalité, réalisai-je, j'avais perdu l'esprit de croire que ce n'était pas le cas. Simplement, j'avais eu de la chance, parce que parmi les xivians, les rêves des fous prenaient parfois forme.
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- Tu es une créature spectaculaire et parfaite, sourit-il, comme pour me rassurer sur mon intégrité mentale. Je te laisse dormir, je vais me reposer moi-même. Il est fatigant de revenir d'entre les morts.
Je ne voulais pas qu'il me laisse ! Paniquai-je.
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- Comment ça s'est passé de ton côté ? Le questionnai-je, juste pour ne pas rompre la communication. Oh pardon, tu es fatigué, tu me raconteras une autre fois.
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- D'accord. On se rappelle demain.
Mon cœur se serra fort, lorsqu'il rompit le contact.
Le lendemain le réveil fut difficile. Pourtant ce fut un jeune ange qui me réveilla, blond aux yeux noisette. Il me sourit avant de m'éclairer :
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- Ici Wyne, c'est l'aube et il faudrait repartir.
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- J'arrive, lançai-je un peu fort.
Je trouvai de quoi me débarbouiller dans mon sac, acceptai le bout de viande fumée qu'il piocha de ma sacoche. Puis nous repartîmes et je me concentrai sur les végétaux possiblement comestibles et les animaux susceptibles de devenir du bétail. Lorsque Gareth demanda à me parler, mon cœur s'emplit de joie. Mais l'instant d'après cela changea : il avait l'air abattu.
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- Ils ne se remettent pas.
Je soupirai bruyamment.
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- Hé ce n'est pas toi qui essaies de leur remonter le moral.
C'est alors que mes sentiments pour lui produisirent de la colère envers ceux qui se révélaient incapables, pour lui, de surmonter les difficultés qui accompagnaient son retour parmi les vivants.
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- Passe-moi Liam, grognai-je.
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- Non, si tu lui cries dessus il va se liquéfier, et à force j'ai peur pour sa santé physique et mentale.
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- Alors passe-moi Lara.
Il hésita, alors je me révélai incapable de contenir ma colère :
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- Pourquoi m'appelles-tu, si ce n'est pas pour que je te vienne en aide ? Or comment puis-je t'aider si tu ne veux pas me laisser faire !
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- Je t'ai appelée pour bénéficier de l'effet de ton caractère volontaire, ne peux-tu pas concevoir que l'on fasse appel à toi parce que l'on t'apprécie, tout simplement, et pas parce que l'on a besoin de toi ?
J'essayai d'analyser ses paroles. Mais je n'en fus pas capable. La colère neutralisait ma réflexion. Vaguement, je déplorai le côté animal en moi qui produisait ce genre de résultats pitoyables.
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- Vaste question, me débarrassai-je sèchement.
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- Fais attention, centaure, trancha-t-il brutalement.
J'écarquillai les yeux. Cela ressemblait à de l'autorité. Je secouai nerveusement la tête, comme font les chevaux pour se remettre les idées en place. Soudain je me sentais désorientée. Comme un animal lorsqu'on lui réprimande.
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- C'est tellement effrayant ! Murmurai-je, la gorge serrée sur un premier hoquet.