Centaure d'un dieu, tous les articles.
Il parut en colère, à présent, état dans lequel je l'avais rarement surpris. Cela transfigurait ses traits. A présent, réellement, je pouvais lire sur son visage qu'il n'était pas une simple poupée parfaite. Je réalisai combien j'aurais pu me convaincre du contraire, à la longue.
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- C'est simplement qu'il est inutile de te dire certaines choses, tu n'as pas à être harassée par des considérations divines plus que de raison, répondit-il entre ses dents serrée par le courroux. C'est justement parce qu'on t'aime qu'on veut t'en préserver.
Je ruai, mouvement aussi équin que malheureusement incontrôlable. Les poings serrés, je me sentais au bord des larmes. Mais je les retins. J'y parvenais toujours.
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- C'est aux gamins ou aux simples d'esprit que l'on tient de tels propos, pestai-je.
Contre toute attente je le vis réfléchir.
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- Nous avons été idiots, conclut-il. Tu n'es pas forcée de lire pour le peuple, nous allons trouver un moyen de traduire ta langue automatiquement. Il y a des ordinateurs au vaisseau, chacun a le sien. J'en parlerai aux informaticiens ce soir. Ensuite, ajouta-t-il avant que j'exprime ma colère, je dirai à Liam que j'ai décidé de te confier la prophétie. S'il donne son accord je te dirai ce que tu veux savoir, mais je persiste à considérer que ce n'est pas une bonne chose.
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- Ce n'est pas non plus une bonne chose que Joyce soit mort. Pourtant tu aurais aimé savoir que cela adviendrait. Tu aurais aimé lui offrir plus jusque là, et te battre si possible pour que sa mort fut douce puisqu'elle ne pouvait pas être évitée. Te battre de toute façon, rectifiai-je, la voix plus dire, coléreuse.
Il réfléchit et hocha la tête à contre-cœur. Nous arrivions au vaisseau et Liam venait à moi. Nous nous tenions encore loin, mais cela allégeait mon cœur à mesure que nous nous approchions. Lorsqu'il fut arrivé, je me penchai et il m'offrit un tendre baiser, qui m'attira ailleurs. Lorsque je commençai à ressentir l'alerte donnée par mes organes vitaux, je compris pourtant quelque chose de grave : il ne pouvait pas m'embrasser trop longtemps ou je mourrais purement et simplement. Je me séparai doucement de lui et je dévorai des yeux son sourire en dégageant sa frange pour contempler ses yeux plus blancs que de raison. Posant son front sur le mien il me parla d'une voix rauque :
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- Tu m'as manqué.
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- A moi aussi. Depuis des jours, Liam.
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- Ma belle, soupira-t-il.
Le prince nous interrompit sans excuse. Il parla d'un ton professionnel, sans la chaleur qui teintait d'ordinaire son timbre que j'avais cru naturellement mielleux.
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- Les informaticiens se donnent une journée de travail pour construire le logiciel. Ils auront besoin de toi, Aliénor. Bien, je vais faire mon rapport à papa. Il ne viendra te trouver que s'il a des questions supplémentaires. Je vais aussi lui proposer l'expédition vers les champs pour après-demain.
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- Je ne t'ai jamais vu en tel décideur, murmurai-je.
En réalité il me semblait qu'il canalisait rien de moins que sa colère dans cette attitude, qu'il assumait parfaitement, mais qu'il n'avait jamais arborée envers moi.
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- Je ne suis pas prince pour le plaisir de prononcer le titre, répliqua-t-il d'un ton neutre.