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17 janvier 2014 5 17 /01 /janvier /2014 01:45

Clio - Résumé

Clio - tous les articles

  • - D'accord, sourit-elle enfin.

Sa fille fit le tour de la table en courant, hilare, pour venir la prendre dans ses bras et danser en sautillant. Cela désamorça la tension de la jeune femme. Elle se remit à manger, sous les remerciements hystériques qui la rassurèrent, car eux elle les reconnaissait. Son ado avait poussé les mêmes lorsqu'elle avait eu son premier téléphone, sa première soirée à l'extérieur, son premier ordinateur, ses premières chaussures à talons...

Le lendemain soir, conformément à l'une des éventualités qu'elle avait préparées, Uriel klaxonna pour faire signe qu'il était arrivé. Hiléria lança à sa fille de lui passer poliment le bonjour, puis voulut les regarder partir par une fenêtre. Son cœur manqua un battement lorsqu'elle découvrit que les vitres du véhicules s'avéraient si teintées qu'elles en étaient opaques. Elle ne saurait jamais avec qui était partie sa fille. Elle tourna en rond quelques minutes dans sa nouvelle maison qui lui sembla très vide. Puis elle se sentit au pied du mur. Elle composa le numéro de Clio, la gorge serrée :

  • - Je suis désolée d'insister de la sorte, tu comprends d'où viennent mes craintes, commença-t-elle prudemment, car à cet âge elle savait les jeunes susceptibles.

Clio émit un son de gorge, son euphorie était visiblement telle que sa mère aurait eu du mal à y porter atteinte.

  • - Peux-tu me passer ton père, s'il te plaît, acheva-t-elle, mal à l'aise. Dis-lui bien que ce n'est pas pour l'ennuyer ou...

Sa fille lui coupa la parole, pour ne pas la laisser s'embourber davantage :

  • - Aucun souci, M'man...

En entendant la brunette expliquer la requête de sa mère, elle se dit qu'elle sous-estimait l'ampleur des non dits entre ses deux parents. Elle espérait surtout qu'il ne l'humilierait pas devant leur fille en refusant de lui parler, comme lors de sa conception.

  • - Oui, Hiléria, fit-il d'une voix heureuse qu'elle eut un mal fou à supporter.

Son timbre n'avait changé en rien. Elle qui avait eu peur de ne pas être certaine que quelqu'un d'autre lui avait parlé, elle devait reconnaître qu'elle avait eu tort. Il la laissa se taire, ce qu'elle apprécia, car il aurait pu se moquer de son émotion.

  • - Je voulais simplement vérifier qu'elle était bien avec toi.

Mille phrases se formèrent à son esprit, qu'elle boycotta toutes : qu'est-ce que tu as prévu ? Rien de dangereux ? Comment sont tès fréquentations, va-t-elle rencontrer tes amis, si oui est-ce bien raisonnable ? A quelle heure la ramèneras-tu ? Elle ne s'en autorisa qu'une seule, après un autre silence qu'il respecta de nouveau :

  • - S'il te plaît, j'aimerais que tu ne la laisses pas seule dehors sans surveillance.

Elle entendit Clio demander ce qu'elle venait de dire. Elle comprit que l'expression de son père devait accuser le coup, ce qui lui fit plaisir, même si cela n'avait pas été dans son intention.

  • - Tu peux compter sur moi, lâcha-t-il très sérieux.

Elle formula quelques phrases de politesse, qu'il imita tranquillement. En raccrochant elle se sentait très mal, vulnérable comme au premier jour, lorsqu'elle avait réalisé que l'albinos ne voudrait pas d'elle à ses côtés, malgré tout ce qu'il lui semblait qu'ils avaient partagé. Au bord des larmes, elle mit le doigt sur ce qui venait de se passer : tout à coup Uriel venait de prendre consistance. Il n'était plus un fantôme qui lui avait offert une première fois délicieuse, une enfant formidable et un traumatisme à vie. Il n'était plus seulement une silhouette qu'elle surprenait une seconde au travers d'une fenêtre, ou depuis que leur fille n'était plus un bébé, la nuit au détour d'une rue qu'elles prenaient à pied ou en voiture. Hiléria se mit à trembler, parce qu'elle ne pourrait plus tenir le traumatisme à distance s'il reprenait consistance.

Hiléria se mit à trembler, parce qu'elle ne pourrait plus tenir le traumatisme à distance s'il reprenait consistance.

 

La brune aux yeux sombres se décida à téléphoner à Délia. Cela faisait des années qu'elles n'étaient plus vraiment amies, mais elle ne parvenait pas à s'y résoudre, même si elle demeurait la seule des deux à venir aux nouvelles. Lorsqu'elle expliqua que non, cela n'allait pas très bien, parce que Clio était avec son père, il y eut un silence tendu. Son amie d'enfance écourta la conversation, ce qui acheva de déprimer Hiléria. Mais peu après, alors qu'affalée sur le canapé, elle tâchait de s'intéressait à une émission quelconque, Clément téléphona et proposa de passer la voir. Cela l'emplit d'une joie qu'elle tâcha de masquer un peu, non désireuse de prouver davantage combien depuis ses seize ans, sa vie sociale était devenue pitoyable.

Lorsqu'il passa la porte, elle le fit visiter, puis ils s'installèrent avec un café décaféiné sur le confortable canapé payé par ses parents, avec qui elle conservait un froid contact, suite à la naissance de la petite Clio.

mmmiiseElle réfléchissait à ce dont elle pouvait lui parler après tout ce temps, lorsqu'il vida son sac, avec aisance car lui n'avait pas subi sa déchéance. Il était resté admiré, choyé et respecté de ses proches et de sa famille :

  • - J'ai toujours pensé que c'était de ma faute : j'étais chargé de veiller sur vous le soir où tu as rencontré Uriel. Je ne m'en suis pas si mal sorti, reconnut-il alors qu'elle s'apprêtait à lui couper la parole. Mais ensuite, quand Délia m'a dit que vous le recherchiez, j'aurais dû essayer de vous en empêcher. Même après, au moment où elle est sortie de cette histoire, j'aurais dû intervenir. Tes parents avaient confiance en moi... Je suis désolé, conclut-il en levant ses yeux sombres sur les siens qu'elle écarquillait.

Hiléria n'avait pas décidé de parler à Clém, elle prononça simplement, luttant contre l'envie de le serrer contre elle :

  • - Mais non, si tu savais, rien ni personne n'aurait pu m'empêcher de retrouver cet homme...

Puis elle continua de parler. Au début, elle hésita, pesa ses mots, ne narra que l'essentiel, décidant que cette phrase serait la dernière. Mais à chaque fois, l'homme au crâne rasé – comme elle, il n'avait pas beaucoup changé en quinze ans d'existence – lui répondait, posait des questions sur ce qu'elle avait ressenti, sur comment Clio avait réagi. Aussi termina-t-elle sur la soirée qu'ils passaient ensemble, épuisée mais reconnaissante.

  • - Cela m'a fait plaisir d'en parler avec toi, fit-il en posant sa tasse, vide depuis bien longtemps.

Elle avait déjà remercié, elle se retint de le faire de nouveau. Elle l'observa un moment en silence, tandis qu'il lui rendait son regard noisette. Elle avait tout dit à un homme du milieu, pourtant il était encore là devant elle, son regard ne paraissait pas méprisant.

  • - Si tu crois que ta fille est en danger, proposa-t-il, nous avons un très bon avocat qui empêchera Uriel de s'en approcher.

Il leva une main pour qu'elle ne lui coupe pas la parole, aussi referma-t-elle la bouche dans un sourire coupable.

  • - Il n'apparaît jamais le jour et tu as dit qu'à l'époque, il se droguait, Hiléria, tu dois reconnaître qu'il n'est pas exclu qu'il ait certaines convictions que tu n'aimerais pas qu'il inculque à ton adolescente...

De nouveau, elle voulut lui couper la parole, mais honteuse, elle réalisa qu'elle n'aurait rien de convainquant à répondre à cela. La vérité, c'était qu'elle était tombée folle amoureuse d'Uriel au premier regard et qu'aujourd'hui, elle n'en menait pas tellement plus large. Aussi lui fit-elle signe de continuer, vaguement déçue de la tournure que prenait cette soirée, qui lui avait donné, visiblement à tort, l'espoir que quelqu'un qui l'avait connue plus jeune pourrait comprendre grâce à un récit plus précis des faits.

 

  • - Je comprends que tu n'apprécies pas, reconnut-il, mais je suis le premier à qui tu racontes les dernières années de ton existence. J'aurais aimé que ça ne soit pas le cas, j'aurais préféré être celui qui puisse traiter le crétin qui a prononcé les paroles que je viens d'avoir, de brute épaisse qui ne comprend rien à l'amour paternel. Ce serait plus confortable, crois-moi, d'arriver dix ans plus tard et de constater que Clio est devenue magistrate, qu'elle vit dans un hôtel particulier qu'elle s'est payé elle-même et que parfois vous buvez un thé avec son père, qui a refait sa vie. Mais au jour d'aujourd'hui, je n'ai pas envie de rater une autre chance de te protéger, acheva-t-il chaleureusement.

  • Clio 6.

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commentaires

L
La suite tant attendu!<br /> C'est étonnant que Clem, débarque comme ça après 15 ans...Biensur c'est Délia qui l'a averti mais de quoi?<br /> Et en fait, il semblerait qu'il veuille reprendre son rôle de chaperon, mais isolé Clio de son père est-ce un choix raisonnable?<br /> <br /> Pendant un instant j'ai cru qu'il allait profiter de la vulnérabilité d'Hiléria!<br /> <br /> J'attends la suite avec impatience!
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C
<br /> <br /> ah moi j'avais imaginé que le simple fait que Délia reparle à Clem d'Hiléria aurait suffi à lui donner envie de savoir ce qu'elle devient, mais apparamment l'évènement attise encore plus ton<br /> imagination ;)<br /> <br /> <br /> la question de savoir si cotoyer son père est  bon pour Clio est la question centrale pour l'instant, c'est vrai<br /> <br /> <br /> <br />

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