Ha, il était possible en effet que quelqu’un ait essayé de m’arrêter.
Ce soir là il tint parole et arriva tôt, ce qui ne fut pas le cas des autres jours. Il arrivait de plus en plus tard, fatigué, énervé, cela pesait sur l’ambiance de la maison. Il s’en excusait mais son affaire l’oppressait. Il lui faudrait un bon massage, songeai-je en haut du buffet (je faisais la poussière, le plus simple quand on en avait le pouvoir était de monter sur les meubles). J’avais lu dans Cosmo que le massage rapprochait les couples qui s’éloignaient. Bon nous n’étions pas réellement un couple, mais cela devrait convenir. Surtout qu’au niveau massage j’étais plutôt douée, des millénaires d’expérience passés à perfectionner mon art dans divers pays. Il nous fallait des bougies, de la crème, une musique agréable…
- Coucou mon ange, je suis rentré.
Tiens c’est étrange, normalement les mots doux ne sont murmurés qu’en public.
- Je suis dans le salon.
- Mon cœur, qu’est ce que tu fais perchée sur le buffet ?
- La poussière.
- Évidement.
D’un bon je m’élançai et atterris dans ses bras.
- Tu as passé un bonne journée ? Demandais-je.
- Non, mon dossier est trop compliqué, je me suis décidé à demander de l’aide. Ils peuvent rester manger?
Il nous tourna, en face de moi se tenaient Mr Shmith, Mr madson et une blonde que je ne connaissait pas.
- Bien sûr. J’ai de quoi faire un Osso bucco ça va à tout le monde?
De concert ils hochèrent la tête avec un air de gourmandise. Je retournai dans les yeux de mon mari pour chercher son approbation. Son regard était doux, nous restâmes comme ça quelques minutes, puis le temps reprit son court. Il me lâcha et je m’orientai vers la cuisine. Ma musique ne tarda pas à envahir l‘espace alors que je m’activai autour des fourneaux. J’avais décidé de rajouter une tarte aux pommes, le désert préféré du curé. Au bout d’une demi heure les odeurs des différentes épices embaumaient l’air de la pièce. C’était ce que j’aimais dans la cuisine, le mélange des senteurs, des saveurs, des couleurs, je me régalai. Au bout d’une heure, par l’odeur affamé Noa franchit le seuil de la pièce. Il m’enlaça me murmurant :
- Ça sent très bon. Comment s’est passé ta journée ?
Je lui racontai l’avancement de mon projet d’orphelinat, de mes soupçons envers Bo (j’étais persuadée qu’il s’était déniché une copine dans l’immeuble, mais je n’arrivais pas à deviner qui. Alors tout naturellement j’enquêtais) et de plein d’autres choses. Ça faisait longtemps que nous ne nous étions pas parlé tous les deux. Plus qu’un massage, ce fut cet instant de complicité qui nous réunit.
- Je suis désolé, chuchota-t-il à mon oreille. Je n’ai pas été très présent pour toi ces derniers temps. Je me rattraperai promis mon amour.
Plongée dans ses yeux je ne m’aperçus pas que lentement j’approchai mes lèvres des siennes. Il ne recula pas, je sentais maintenant son souffle se mélanger au mien. Doucement je le vis entrouvrir sa bouche, seuls quelques millimètres nous séparaient. Je fermais les yeux le laissant prendre l’initiative. Rien qu’à la perspective de ce baisé la tête me tournait, mon cœur s‘emballa.