- Alors quel est le problème ?
Je levais la tête pour rencontrer ses yeux noisette bienveillants.
- Le prof parle anglais.
- Quoi ? c’est tout ?
- Il faut avouer que c’est assez handicapant lorsque tu ne parles pas la même langue que l’autre.
Un soupir fit monter son adorable torse.
- Je vais t’apprendre, de toutes façons tu vas être obligée de t’y atteler. Cela ferait suspect que tu ne saches parler que français.
Je me raidis, Erwan  n’était pas spécialement pédagogue, alors mes cours d’Anglais risquaient inévitablement de se finir en bataille rangée. Il n’y a qu’à voir ce soir ! Sur ce constat je lui fis part de mes incertitudes :
- Excuse moi padre, je ne doute pas de ta bonne volonté mais tu es comment dire hum…. peu patient, je ne suis pas sûre qu’on puisse réellement travailler ensemble sans se taper dessus. Je n’aimerais pas te blesser.
À cette époque je ne me rendais pas compte de ma vanité pourtant son regard resta compréhensif lorsqu’il me répondit :
- Ne t’en fais pas, ça va bien se passer.
Il avait beau dire je m’en faisais ! Ding, c’est la sonnette. Le repas est prêt entendis-je crier. Facile me fis-je. Nous mangeons en silence notre chinois. Moi j’appréhendais le cours d’anglais, beau pensait à une fille et le padre bah c’était padre. Je voyais avec de plus en plus d’anxiété la fin du repas arrivée. Bien sûr cela peut paraître exagéré, mais il faut savoir que j’ai toujours détesté l’anglais et cette langue me le rend bien. Alors une leçon d’anglais qui risque de se finir en rixe, fatalement, j’avais peur. À la fin du repas, le prêtre se leva, je m’apprêtai à le suivre, un hymne mortuaire me traînait dans la tête, lorsqu’ il me dit :
- Tu vas me poser trois questions en Anglais sur des choses qui t’intéressent n’importe quoi mais il faut que ce soit en anglais et que tu aies envie de connaître les réponses. Demain matin je te rendrai les réponses écrites dans la langue de Shakespeare et ainsi de suite. Dans un mois les réponses et les questions seront orales et écrites, un mois après elles ne seront plus qu’orales. Ça te convient comme méthode ? Je te promets que dans moins de trois mois tu seras bilingue, m’affirma-t-il dans un sourire.
Ça à l’air facile.
- Je demande tout ce que je veux, tu auras réponse à tout ?
Il me fit un sourire :
- Lance moi des défis si cela t’amuse, du moment que tu lises la réponse. En attendant tu pourrais faire la vaisselle.
- D'accord.
Tandis que je lavai je réfléchissais aux questions et comment les formuler en anglais. J’avoue que cela me distrayait. Voici les trois questions que je posai :
    Pourquoi y a t’il deux langues au Canada ?
    Comment fait on appel au Canada ? c’était le sujet de mon cours, ça pourrait me servir de rattrapage.
    Pourquoi ta moto est rouge ?
Il me regarda étonné.
- Qu'y a-t-il ? Mes questions ne satisfont pas ? Je pensais que je pouvais tout te demander.
- Non, c’est pas ça, elles m’intriguent, je m’attendais à autre chose.
Je haussai les épaules
- Elles sont logiques. Je suis censée être canadienne alors je devrais savoir pourquoi il y a deux langues dans mon pays. Déjà que je ne parle pas anglais, ne pas savoir cela finirait de me faire passer pour une imbécile. Ensuite la seconde m’intéresse particulièrement, je pense que tu n’as pas besoin d’explication (c‘était aussi à cause de l‘appel que j‘étais bloquée ici). Enfin la dernière m’intéresse personnellement, le choix de cette couleur m’interpelle. Voila c’est tout.
Célian passa dans mon dos et m’ébouriffa les cheveux.
- Elle est mimi non ?
Je ne compris pas les raisons de cette réplique, mais padre visiblement lui les saisit. Un immense sourire naquit sur son visage. Ça doit être un code, je ne saisis pas toujours tout à ces hommes.

Divin témoin 18