Une main se posa sur mon épaule. Tristan me tendit un verre d’eau qui était autant troublé que son regard :
- Qu’est ce que c’est ?
- Tu m’as demandé de l’eau.
- Oui mais elle est stagnante.
- Il a  beaucoup plu ces derniers temps alors l’eau est un peu boueuse.
- Depuis quand ?
- Environ quatre semaines.
- Et ta sœur est malade depuis quand ?
Silence.
- Environ quatre semaines, elle s’est plainte des premiers maux cinq, six jours après que l’eau ait pris cette couleur.
 Voila l’explication de la maladie. Mince ! Les maladies dues à l'eau étaient souvent mortelles, mon aspirine faisait soudain pâle figure face à mon ennemi, j'allais certainement devoir recourir à la magie. Ça ne m'enchantait guère, n'y avait-il pas d'autre moyen ? j’avais étudié cela en biologie, espérons que mes cours reviennent…et non, c’est toujours quand on en a besoin que le savoir nous échappe, par contre j’étais tout à fait apte à réciter la table de cinq, inutile. Au milieu des noms aussi terrifiants que Paludisme et Choléra, je me rappelais seulement qu’il fallait filtrer l’eau et la faire bouillir, c'était un début. Je rendis le verre au jeune homme désemparé.
- Il me faut un récipient pour faire bouillir l’eau. Allons dans la cuisine. Arrivée là bas je repérai le chaudron, parfait.  Pourrais-je avoir un sceau d’eau ?
- Il sera tel que l’eau du verre.
- Je sais, je vais te montrer comment la purifier (enfin j’espère). 
Tandis qu’il partait au puits je cherchai quelque chose pouvant me servir de filtre. Je fis un premier tour d'horizon, hum… il n'y a rien. Recommençons, non décidément je ne vois rien d'utile. En désespoir de cause je me saisis d’un couteau et découpai ma robe. C’était une très jolie robe en tissu vert évasée au niveau de la jupe, sa coupe faisait agréablement ressortir mes courbes. Dans un soupire je lui dit adieux. Le bout de tissus prélevé devait couvrir tout le bord du chaudron. Ainsi ma jupe très ample au départ, finit très prés du corps fermant à coup de noeuds grossiers. Tant pis ! Quand Tristan revint il fut étonné par ma nouvelle tenue mais, dieu merci, ne lâcha pas le sceau.
- Il va nous falloir de l’aide, y a-t-il quelqu’un d’autre ici ?
- Ma mère est au jardin, elle arrose les plantes.
- Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée. L'eau est mauvaise tu comprends ? J'ai peur que les bactéries passent dans les plantes. Pourrais-tu la prévenir et lui demander de venir ?
Je fouillais dans ma mémoire si une birbe de souvenir me revenait à se sujet, mais non, le noir total. De toute façon deux précautions valent mieux qu'une. Il ne lui fallut que quelques secondes pour revenir armé de la matrone.
- Mais qu'est-il arrivé à ta robe ?
Je lui souris.
- Rien de grave j’avais chaud. Venez là je vais vous expliquer ce qu’on va faire. Il faut tendre le tissu au dessus du chaudron.
Ignorant les raisons de mon geste, elle m’obéit tout de même en me lançant un regard interrogatif alors qu'elle me faisait face. Après une rapide prière j'entrepris de m'expliquer :
- L’eau de la rivière est mauvaise, elle contient du poison. Pour vous et moi ce n’est pas vraiment grave car nous sommes plus forts que votre fille, ça nous cause juste des maux de ventre. Mais pour votre enfant, qui est plus jeune, ça la rend malade alors il faut arrêter de lui en donner, il faut la nettoyer. Un coup d’œil m’avertit qu’ils avaient saisis le principe, je continuai. Pour la purifier il faut commencer par enlever le sable et la terre pour cela on va la faire passer par le tissu, l’eau s’écoulera dans le chaudron mais les saletés resteront sur le tissu. Vous avez compris ?

Divin témoin 57