- Oui, du sang d’animal mélangé à un mauvais alcool. On l’a nommé comme cela car les vampires n’ont plus le droit de boire sang humain, mais on aime bien se rappeler le temps de la décadence.
- Alors je n'étais pas réellement en danger avec Loïc ?
Son regard s'assombrit :
-- Certains d'entre nous interprètent la loi comme bon leur semble. Selon une doctrine minoritaire il serait interdit de tuer et non de mordre. Méfie toi, ils n'hésiteront pas à braver la règle.
Ce lugubre avertissement me fit froid dans le dos.
- C'est pour ça que je ne connaissais pas la maladie de Fanny ! m'exclamai-je soudain. Je comprends mieux sa guérison ! Si ça se trouve sa maladie n'avait rien à voir avec l'eau !
- C'est possible en effet, nous ne seront jamais. Les vampires sont rarement malades mais depuis que nous ne buvons plus de sang nous sommes plus faibles. La guérisseuse l'avait condamnée car selon elle seul un vrai repas pouvait la sauver. Parfois il ne suffit qu'une goutte de sang. Son regard se fit énigmatique. D'ailleurs si tu ignorais notre nature pourquoi as-tu fait cela ?
- Car moi non plus je ne suis pas réellement humaine. Dans certaines circonstances mon sang peut être un remède.
- Tu es quoi ?
Je laissai planer le silence, l'ombre des censeurs emplissait trop mon esprit pour me confier. Qui sait c'était peut être une imprudence de ma part qui avait causé leur avènement. Non, ils détenaient la pierre, il y avait plus que cela. Tristant respecta mon mutisme, sur ces sombres pensées la pause s'acheva et nous nous remîmes au travail.  Nous finîmes tard, la soirée avait été bonne mais nous étions tous fatigués. Se posait de nouveau la question de mon logement. Devais-je rentrer avec eux ou aller dehors ? J'avoue que l’idée de dormir dehors m’enchantait de moins en moins, mais je ne pouvais pas dormir éternellement chez eux ! De toutes façons leur maison est sur le chemin pour rejoindre la porte de la ville, alors pour l’instant je vais me contenter de les suivre. Bien sûr le fait de ne pas faire de choix est une solution temporaire qui trouva vite sa limite. Arrivée devant chez eux la question se serait de nouveau posée si Tristan ne m’avait pas fait entrer d’office. Cela faisait un souci en moins, surtout que le temps n’était pas tellement clément. Je dormis de nouveau avec le vampire, décidément j'étais réellement insouciante.

                    Une routine s’installait et finalement à mon grand étonnement je trouvais mes marques en 1314. Le soir je travaillai, le matin je m’entraînai pendant une heure, puis soit j’aidai Estal soit je racontai une histoire à Fanny (elle était fan de Harry Potters. Lorsqu'elle grandira je passerai aux feu de l’amour ). Tellement embrigadée dans mes habitudes je ne faisais plus attention, finalement je m’étais faite à l’idée d’être entourée de vampires et cela ne changeait pas grand-chose. Ce soir était une soirée comme les autres, j'avais appris à repérer les rythmes de la taverne, tel un pouls qui m'indiquait l'état de cette créature que j'avais su dompter. Ce soir il y avait peu d'hommes ivres, ce qui indiquait généralement une fin de soirée tranquille, mais ce n'était qu'une apparence. Je me penchai de plus prêt sur les hommes dont la tête tournait, ils étaient trop imbibés, je ne devais plus les servir, avec un peu de chance nous éviterons le grabuge. À partir de cette instant le rituel était toujours le même. J'allais refuser d'apporter leur boisson, le client allait hausser le ton alors Lucien se mettra à chanter pour couvrir le bruit des protestations. Dès les première mesures la voix de son fils se joindra à la sienne, bientôt accompagnée par tout le bar. Les hymnes entonnées n'étaient pas de grande qualité, c'était toujours les mêmes chansons à boire dont avec l'habitude je connaissais les parole. Chanter faux à tue tête défoulait les hommes et évitait bien des altercations. Mais dès fois cela ne fonctionnait pas, une bagarre alors éclatait au milieu du bar. J'avais appris à les prédire et ce soir il y aurait des blessés. Voila où j’en étais de mes constations quand machinalement je demandai pour la énième fois :
- Qu’est ce que je vous sers ?
Demain cela ferait une semaine que j’étais devenue femme de ménage/serveuse. Je me demandais si j’aurais des soirées de congés, j'étais épuisée. Zut je n'avais pas écouté la réponse.
- Excusez moi je n’ai pas entendu.
Je me penchais pour mieux voir le client que je n’avais pas regardé jusque là. C’était Loïc, je l’avais complètement oublié. Il me fit un clin d’œil censé être ravageur mais qui manqua totalement son effet, entre Tristan et beau j’étais immunisée contre les sourires et œillades charmantes. Je continuai à le fixer, attendant une réponse à ma question quand ses yeux se firent étranges. Je m’inclinai pour mieux voir, ils se dilatèrent et prirent une teinte étrange. Ce n’était pas normal.
- À la fin de ton service tu vas me suivre.

Divin témoin 70