La louve et le prince, résumé.

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Plus tard, je m'étonnai qu'il ne m'ait pas mordue. Il m'expliqua que s'il se l'était permis alors que je l'avais blessé, il m'aurait défigurée.

• - Nous allons commencer la route ; si nous n'arrivons pas aux souterrains elfiques ce soir, ce sera demain matin au plus tard, dit il, rompant aussitôt le charme.

Nous partîmes donc rompus de courbatures, pour nous laisser choir au sol à la nuit tombée.

• - Il ne reste qu'une heure environ, dit Prince, nous pourrions terminer.

• - Je suis épuisée, vampire, aie pitié de moi.

Il sembla évaluer mes capacités par-delà mes paroles chargées d'ironie. Même s'il ne parut pas s'alarmer de ma grande fatigue – comme cela devait se voir, un lycan avait toujours de la ressource, au moins sous sa forme animale - il étala la couverture sur le sol aux couleurs invraisemblables. Je me logeai entre ses bras, face à lui, pour sentir sa respiration inutile dans mes cheveux blonds en bataille. Cette fois le vampire n'eut pas le temps de mettre grand chose en œuvre, je m'endormis comme une masse. J'avais tout une nuit blanche à rattraper. Mais lorsque je m'éveillai, m'étirant les yeux encore clos, de moi-même je cherchai les lèvres du joli brun qui ne se fit pas prier bien longtemps. Je me pelotonnai dans ses bras et plein d'espoir il demanda alors :

• Tu te souviens, c'est cela ?

• Non, fis-je d'une voix ensommeillée et surtout sans ouvrir les yeux pour ne pas voir la déception sur ses traits. Mais j'apprécie grandement de me retrouver si intime avec un si bel être au bout de seulement deux jours, j'en remercie les Dieux et moi-même pour ce que je ne me rappelle pas avoir fait pour en arriver là.

Cette fois j'ouvris les yeux et appréciai d'avoir réussi à le faire sourire de plaisir. Quelque chose me disait que pour séduire un vampire, le flatter était un moyen aussi facile qu'efficace. Surtout lorsque l'on était aussi imbu que moi à cet instant précis. J'avais été choisie par les dieux pour épauler l'être le plus populaire et agréable à regarder que j'aie jamais croisé. Qui ne l'aurait pas été ?

• Je pensais qu'il serait plus difficile de te séduire à nouveau, avoua-t-il avec une pointe d'autosuffisance.

• Si je puis me permettre d'après ce que tu m'as raconté c'est moi qui ai eu le plus de mal à te séduire, Prince.

• C'était difficile d'oublier Callista.

Cette fois j'étais tout à fait réveillée. Il me m'avait presque rien dit d'elle, mais visiblement c'était un terrain sensible.

• Parle-moi d'elle, demandai-je sur le chemin de la rivière.

Il me conta le stricte minimum vu le temps incroyable qu'il avait passé avec elle. Mais il finit ainsi, rassurant :

• Mais maintenant les équilibres sont au beau fixe. Elle aime Kenzo, le roi de ceux de ton espèce sur Terre, qui correspond à son caractère que meneuse conquérante.

J'ignorais comment je devais réagir, aussi hochai-je la tête puis figeai-je mon visage en un masque de neutralité. Maintenant nous entrions chez les elfes ; aussi m'employai-je à emplir ma mémoire de tout ce que j'étais censée savoir. Il était onze heures et la maison était vide. Prince appela Yule pour lui annoncer que nous venions déjeuner avec elle ce midi-là ; nous eûmes juste le temps de nous occuper de Rubis, de tout ranger puis de nous rafraîchir avant d'y aller, frais comme des roses. Les effusions furent grandes entre les presque frère et sœur. Dès que Yule voulut passer à moi Prince l'avertit précipitamment :

• Tu dois savoir (elle stoppa son geste sous le ton impérieux) que Tarah a pris un coup sur la tête. Elle ne se rappelle de rien, j'ai dû lui raconter tout ce qui s'était passé depuis son mariage dans son propre monde.

Yule eut l'air atterrée, mais je ne parvins pas à identifier ce qui la dérangeait le plus. Donc je précisai en la saluant sobrement :

• C'est arrivé il y a déjà quelques jours, je sais sans doute tout ce qu'il y a à savoir. Ne t'inquiète pas pour notre mission : je suis prête à épauler notre Prince comme il se doit.

Probablement déplora-t-il en son for intérieur que je joue un rôle jusque devant se presque sœur, l'une de mes anciennes amies, et la plus proche, d'après ce que j'avais compris. Mais comment faire autrement, alors que depuis des jours je m'étais si bien conditionnée à donner le change ? Il comprendrait un jour que sans cela je me serais effondrée dès ce matin où je m'étais retrouvée dans ses bras en croyant être sur Terre après la chasse un lendemain de pleine lune.

Aussi contâmes-nous les jours passés d'une façon concise que Prince imprima à notre récit, ce que je respectai. Ensuite elle posa quelques questions, nous répondîmes, enfin un silence nous sépara. Le vampire se pencha vers elle, sembla longuement choisir ses mots, puis l'interrogea d'un ton profondément grave :

- Que s'est-il passé avec Adam pendant que nous étions partis ?

On voyait clairement qu'il ne s'agissait pas tant de curiosité fraternelle que d'une inquiétude pour un être cher. Elle se recula sur sa chaise pour se remémorer où elle s'en était arrêtée.

La louve et le Prince 126.