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La louve et le prince, résumé.

• - Je t'ai déjà volé un homme, Tarah. Je ne recommencerai pas.

Elle posa un baiser sur mon front, puis le temps d'un souffle, elle disparut de mon champ de vision. Lorsque Prince s'accroupit près de moi je réalisai que je n'avais pas bougé depuis quelques secondes qu'elle était sortie, un peu tremblante. Prince me sourit tendrement avant de reconnaître :

• - Les vampires sont des êtres à part un peu impressionnants, n'est-ce pas, Élue ?

• - De ton cœur ? Souris-je en lui caressant la joue, soudain exténuée.

• - Et surtout des Dieux. Viens te coucher, ma toute belle.

Dans sa bouche cela sonnait comme les paroles d'un prédateur, mais je ne m'en inquiétai nullement. Je me détendis dans ses bras mais passai par la salle d'eau tout de même. Puis je le rejoignis en me rappelant l'époque où j'avais du mal à le faire, comme si c'était des dizaines d'années auparavant. Je me coulai entre ses bras, puis effectivement épuisée, sombrai dans le sommeil.

Je rêvai de ce qu'aurait pu être la veille. Lorsque Kenzo et les gardes étaient entrés dans la bibliothèque, d'un mouvement ample j'aurais dégainé mes armes avec un plaisir quasi sensuel, même en rêve je le ressentis comme tel. Les gardes se seraient précipités et j'aurais frappé, précise, froide, impitoyable. Ils seraient tombés en un amas gluant et dégoûtant. Mais je n'en aurais eu cure, car enfin Kenzo se serait avancé, un éclat de folie dans le regard. Plusieurs passes se seraient succédées, il aurait été mon égal, car mieux armée, j'aurais pour autant été entravée par ma plus petite taille et une force moindre. Me fatigant plus vite je me serais retrouvée en mauvaise posture et par amour pour sa promise, Prince serait entré dans le combat, tel une panthère enragée. Kenzo se serait retrouvé meurtri au sol, gémissant pour implorer notre clémence. Mais plus glaciale que les pires animaux à sang froid, j'aurais frappé au cœur. Le souverain aurait hurlé et agonisé. En souffrance j'aurais enfin pris conscience de la mort qui planait sur les lieux. Celle de gardes et du roi, couverts d'un sang épais déjà presque coagulé.

Enfin mon ancien époux aurait toussé un bon coup et aurait pleuré de joie. Il se serait relevé avec l'aide de son épouse comblée et m'aurait enlacée en me serrant fort. Il aurait répété merci, merci Tarah, merci, à l'infini. Mais rien n'aurait pu me consoler. Les gardes passionnés morts par erreur ne se relèveraient jamais.

Dans un hoquet je m'éveillai et entendis enfin les murmures de la panthère de lune :

• - Voilà, c'est fini, c'était un mauvais rêve, voilà, Tarah, tu es en sécurité, ma chérie, calme toi, c'est terminé.

Il s'écarta tandis que je tentais de reprendre mes esprits. Mais alors ce fut moi qui l'attirai contre moi pour le couvrir de remerciements :

• - Merci, mon amour, merci pour hier, merci...

Il m'écarta de lui pour comprendre.

• - Sans Callista et toi des innocents seraient morts. Les soldats, ajoutai-je pour l'éclairer.

Enfin il comprit et m'embrassa tendrement.

• - De rien. Il est midi, c'est l'heure du petit déjeuner.

Et sur cette déclaration déjantée nous gagnâmes la chambre d'à côté. Callista eut les plus grandes difficultés à sortir du sommeil. Mais lorsque je lui annonçai que nous sortions prendre l'air, elle haussa bien haut ses blonds sourcils.

• - D'après la luminosité à travers mes rideaux, il fait beau dehors, constata-t-elle avec ironie. Je peux vous suivre dans la peau d'un loup, vous direz aux gens que je suis un bon gros chien, d'accord ?

Après le déjeuné nous fîmes un tour dans la campagne profonde, où pas un seul promeneur n'eut le loisir de contempler la petite blonde flanquée de ses deux « chiens-loups ». Le soir arriva vite ; du reste dès la tombée de la nuit nous retournâmes à l'hôtel. Callista passa la robe de la veille, tandis que Prince me contait que c'était un vêtement auquel Kenzo ne pouvait pas résister.

• - C'est sa chaussure de Cendrillon, ajouta-t-il dans un sourire sournois.

Mais il n'était plus lui même, cela fonctionnerait il ? Nous suivîmes Véga et sa cavalière de loin, mais nous arrêtâmes longtemps avant le château, cachés dans les buissons.

La louve et le Prince 147.