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- Donc pour vous je dois céder,conclut-il dans un grondement qu'il n'avait pas prémédité.
De nouveau, la vampire s'apprêta à l'évidence à quelque-chose, mais Sofiane l'arrêta et elle se laissa faire. Le silence fit son œuvre, Sloan reprit son calme. Il sentit ensuite des éléments de son corps changer légèrement. Le lycanthrope comprit qu'il venait d'échapper de peu à une transformation inopinée.
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- Va parler à Kaitleen, ordonna durement Shalimar, pour savoir s'il fait bon vivre là-bas ou pas. Ensuite nous aviserons.
De nouveau, la métamorphose s'amorça. Il laissa échapper un grondement, dans l'effort dont il fit preuve pour la stopper à temps. Il poussa un soupir.
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- Vous, vous risquez votre vie pour m'intégrer à la meute, mais l'instant d'après vous donnez votre bénédiction pour m'éloigner de vous à jamais, moi qui croyais que vous m'aimiez, je me suis mis le doigt dans l'œil très, très profond, lâcha-t-il doucement, pour maîtriser sa colère.
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- Cesse tes enfantillages, siffla Sofiane, coupant la parole à la vampire. Tu as une nouvelle nature, donc une nouvelle meute, dont tu dois respecter les règles, cela n'empêche qu'on a confiance en toi, tu sauras concilier les deux, Sloan.
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- Et ne t'avise plus de débiter des absurdités pareilles, grogna la vampire.
Il passa la main sur son visage, soudain épuisé. Elle posa sa tasse, le rejoignit lentement, le tira par le bras et l'attira contre elle. Il la dominait d'une hauteur inhabituelle. Il lui rendit son étreinte et se concentra pour reprendre forme humaine. Cela fut relativement rapide.
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- Je vais t'aider à faire un sac, lui murmura-t-elle.
Comme un automate il la regarda glisser tes tonnes d'affaires dans une valise impressionnante et à mesure qu'elle travaillait, méthodique, d'abord il se laissa submerger par la colère. Il ouvrit la bouche pour extérioriser la colère mais ayant terminé elle s'assit à califourchon sur lui avant qu'il se fût levé. Aussitôt il ne fut plus possible à Sloan de s'emporter, les sensations l'étouffaient. De ses doigts nerveux il n'aspira plus qu'à la submerger de caresses. Les siens parcouraient tout son torse résolument ferme, gonflé par des muscles plus tout à fait humains, comme pour s'en imprégner, tandis que leurs baisers se faisaient de plus en plus impérieux. Le mobile du lycaon sonna comme la nuit s'épaississait dehors. Il songea d'abord à ne pas répondre mais les lycanthropes savaient où il habitait. Regagner l'immeuble dans la voiture de sport, c'était une chose, y être traîné de force par ses semblables en était une autre. Il eut tout le mal du monde à se détacher de Shalimar qui clairement, voulait tout ce soir-là. Il n'aurait pas dit non, mais là il devait décrocher. En le faisant, il comprit qu'avec l'aide de Sofiane, ce jour-là il avait appris à maîtriser sa nature, tant que la nuit était encore jeune et la lune, encore maigre.
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- Allô, fit-il le souffle court alors que les lèvres de la vampire parcouraient son cou, lui donnant de fort plaisantes sueurs froides.
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- Faut-il que nous entrions dans l'allée ou peut-on t'attendre ici dans les minutes qui viennent ? Demanda tranquillement l'impératrice.
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- J'a... j'arrive.
Ayant raccroché il écrasa Shalimar contre lui pour qu'enfin cesse cette torture effroyablement tentatrice. Tout de suite sa phobie lui donna une douche froide. Il relâcha son étreinte, s'y ferait-il jamais ?
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- Ils sont dans l'allée, murmura-t-il, le souffle court.
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- Qu'ils viennent, grogna-t-elle mauvaise.
Il soupira d'aise. Voilà, maintenant qu'il avait récolté la réaction escomptée, il pouvait suivre les lycanthropes apaisé.
C'était mal, peut-être, mais il n'était qu'un mâle. Bientôt il embrassa celle qu'il aimait et échangea une accolade avec Sofiane. Lui aussi allait manquer à Sloan, mais il ne pouvait pas le lui dire. Peut-être le lirait-il dans ses yeux. En passant la porte il s'ébroua : il dramatisait, demain matin il pourrait revenir, s'il le souhaitait. A peine fermait-il la porte que l'empereur fut sur lui. Tendu il le vit le dépasser, sa valise à la main ; il sentit la violence s'évaporer dans l'air.