Le destin des immortels - nouvelle publication
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- Elle ne vieillit pas, vous dressez des chauves-souris et vous avez un secret plus gros que vous.
Elle réfléchissait le plus vite possible. Comment procéder pour avoir ne serait-ce qu'une demi-chance de sauver le garçon ? Sofiane était plus rapide et plus fort qu'elle.
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- Je suis désolé, Shalimar, conclut Sofiane.
Mais avant qu'il ne soit passé à l'acte, elle se plaqua contre l'humain pour lui faire un rempart de son corps. La distance était si courte qu'elle l'avait pris de vitesse
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- Il faudra me passer sur le corps, annonça-t-elle bêtement.
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- Aucun problème, sourit l'immortel.
Il alla tranquillement chercher un couteau au bar. Aussi put-elle enserrer Sloan et se défenestrer avec lui avant qu'il n'ait agi. Elle les réceptionna puis commença instantanément à paniquer. Si elle le laissait fuir pour ralentir le vampire il serait retrouvé par les sbires de Sofiane, mais si elle partait avec lui il les rattraperait forcément.
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- Laisse-toi faire, ordonna-t-elle à Sloan en l'attrapant pour l'emmener.
Elle se rua vers la première habitation privée en vue. Si elle parvenait à briser la porte puis à pousser l'humain à l'intérieur, Sofiane ne pourrait pas l'y attraper, n'étant pas invité à entrer. Elle crut un instant qu'elle pouvait y arriver. L'humain, dont le cœur battait à tout rompre, faisait son possible pour ne pas gêner leur progression, tandis qu'elle le portait, un bras autour de sa taille.
Sofiane lança le couteau vers le cœur de Shalimar, pour transpercer celui du jeune homme en même temps. Maintenant il était désarmé et elle s'époumonait, l'arme dans une main sanglante. Elle l'avait rattrapée au vol.
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- Tu m'aurais tuée ! Tu m'aurais tuée, Sofiane !
Il s'était déjà jeté sur eux et maintenant elle se battait contre lui comme elle ne l'avait jamais fait. Mais l'amour vous donne des ailes. Lorsqu'il brisa l'un des os de son bras droit dans un bruit sec, la douleur aveugla la brune créature, mais ne fit qu'attiser sa détermination. A un moment où ils s'étaient éloignés pour reprendre leur élan elle tenta :
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- Trouvons une solution, il y en a forcément une !
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- Pourquoi ? Grogna Sofiane.
Elle voulait répondre qu'elle les aimait tous les deux, qu'elle ne pouvait en perdre aucun, qu'en perdre un la rendrait folle, mais Sloan répliqua :
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- Parce que j'ai un secret plus gros que moi à garder, moi aussi.
Sa voix résonna dans la rue déserte.
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- Lequel ? Fit le vampire aussi calmement que s'il n'avait pas été couvert de nos sangs.
Elle y avait été fort avec sa bouche, c'était devenu un magma d'hémoglobine. Elle réfléchissait à toute allure. Si Sloan avait été un vampire, ils l'auraient ressenti, or à sa connaissance il n'existait aucune autre créature surnaturelle sur terre. Quel secret pouvait valoir le coup aux yeux de l'immortel ?
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- On peut aller en parler à l'intérieur ? Demanda le jeune homme en lançant des regards autour d'eux.
Le blond ensanglanté se mit à rire. Elle ne se détendit pas pour autant. L'humain se jetait dans la gueule du loup, elle ne voyait pas tellement de points positifs dans la situation où il allait les placer. Sofiane leur fit signe de le suivre, mais une sirène de police retentit dans la rue. Elle maudit le voisin ou la voisine qui avait appelé à cause de la bagarre aperçue ou entendue.Vite, souffla-t-il, et elle s'agrippa à la main de l'humain pour l'entraîner dans une course folle. Arrivés à la porte une voix retentit depuis loin derrière eux :
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- Arrêtez-vous et posez les mains derrière la tête.
Sofiane s'exécuta alors elle lui rentra dedans.
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- Qu'est-ce que tu fais ? Gémit-elle idiotement.
Une arrestation pouvait signifier une mort idiote pour un être de leur espèce. Ils étaient forts, mais pas suffisamment pour sortir d'une cellule où le soleil aurait diffusé ses rayons mortels,
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- Fais-moi confiance, lui intima le vampire.
Elle l'imita, de même que Sloan, mais continua à l'écouter :
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- C'est maintenant qu'on verra ce que ton amoureux transi a dans les tripes.
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- Quoi ? S'étrangla-t-elle.
Mais déjà les policiers étaient sur eux.
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- Vos papiers s'il vous plaît.
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- Ils sont en haut, dit le vampire.
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- Parfait, allons-y, répliqua durement l'homme.
Une fois chez eux ils montrèrent leurs cartes d'identité factices et le policier s'adressa à l'humain.
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- C'est vous qui avez fait ça ?
Il désignait, les immortels couverts de leur sang trop sombre, alors un rire s'étouffa dans la gorge de Sloan. Mais le raisonnement de l'homme était logique : c'était le seul à ne pas être blessé. Sofiane hocha profondément la tête à l'attention du jeune homme.
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- Oui, répondit ce dernier.
Il était de toute façon à la merci du vampire. Il obéit, dans l'espoir d'obtenir sa gratitude. Ou bien conscient que le commissariat était un refuge plus sûr que le lieu où il se trouvait.
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- Voulez-vous porter plainte ? Demanda le policier aux blessés ? N'ayez pas peur des représailles, la justice sait protéger ses délateurs.
Shalimar lut rapidement dans les yeux acier de son chef la réponse à donner : elle secoua la tête.
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- Non merci, confirma Sofiane.
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- Vous pouvez revenir sur cette décision à tout moment, lui apprit le représentant de la loi. Vous êtes bien certains ? Je crois que vous avez le coude démis, ajouta-t-il à l'attention de la brune aux yeux sombres.
Effectivement, son avant-bras pendouillait dans une position improbable, même si elle savait que cela ne venait pas du coude.
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- Ça ira, déclara-t-elle d'une voix détendue.
Comme elle avait prévu de le faire, elle nota que Sofiane utilisait l'hypnose lorsqu'il conclut lentement en le fixant droit dans les yeux :
- Tout va bien ici, aucune enquête n'est nécessaire.