Le destin des immortels - nouvelle publication

Depuis le début du voyage, Sloan donnait à la vampire ce genre d'envies que l'on ne ressent que parce-qu'elles sont défendues. Maintenant la meute n'était plus là, le jeune homme était en forme. Lorsqu'il souhaita bonne nuit à Sofiane et elle, elle le suivit dans sa chambre, dont elle ferma la porte, en choisissant de chasser de son esprit le chef de meute, qui somme toute la gênait.

Ils se regardèrent en silence. Le message passa, réveillant son ancienne phobie et effaçant toute autre pensée. Il quitta son T shirt, viril ; pour combattre ses craintes elle le rejoignit pour l'aider à se débarrasser du reste. La tête vide, seul le bruit de leurs respirations saccadées parvenait encore à Shalimar. Puis en un rien de temps elle se retrouva nue devant lui. S'il ne fut sage ce ne fut qu'au tout début, ensuite il sut contourner ses peurs pour qu'il ne reste que du plaisir. Enfin elle voulut l'attirer en elle, surprise qu'il semblât grandement apprécier les préliminaires. Un instant elle écarquilla les yeux d'appréhension, mais il lui sourit, rassurant. Une pluie de baisers tomba sur son visage, de fébriles morsures s'échouèrent sur ses épaules, un torride baiser s'échangea et il fut en elle, complètement, brusquement. Tout de suite elle apprécia l'originalité de sa façon de faire, liée à son anatomie : plus lents, ses mouvements éveillaient des sensations qui vous submergeaient chacune en soi.

• - Je t'aime tellement, Shalimar, je t'aime depuis la nuit des temps, je t'aimerai même après l'existence, l'air raisonnera de mon amour des siècles après ce que nous faisons ensemble ce soir.

• - Bon sang, articula-t-elle lentement comme le plaisir s'intensifiait

Les baisers essoufflés durèrent peut être une minute, peut être quarante, peut être deux heures. Elle sombra dans le sommeil mais lorsqu'elle se réveilla les bras brûlants la déposaient contre un corps glacé.

Elle ouvrit les yeux, car c'était le crépuscule, d'après ses sens de vampire. Sofiane l'observait d'un air grave. Ses cheveux blond clair tombaient autour de son visage qu'elle trouva fermé. Elle se dévoila à lui, laissant ses sentiments se déverser dans l'air. Il se pencha lentement sur elle. La peur de la vampire accompagna ce mouvement, jusqu'à ce que leur visage se touche au niveau du front. Elle passa les deux bras autour de son cou. Elle fouillait ses yeux clairs mais n'y décela rien de précis. Puis il lui permit d'y lire le poids de l'âge, mais aussi la confiance. Elle se dit vaguement que Sofiane avait connu beaucoup d'époques et qu'il ne voyait pas les choses comme Sloan et elle. Elle sourit bêtement, il sourit à son tour, puis ils s'embrassèrent.

Tous trois prirent un repas commun une petite heure avant le crépuscule, puis Shalimar gagna la salle de bains. Sofiane la rejoignit rapidement, ce qu'elle apprécia. Elle dévora des yeux le corps sculpté de son chef de meute, tandis qu'il se déshabillait pour la rejoindre sous la douche. Elle entendit de loin Lady-Faith, qui faisait un vacarme assourdissant soudain. Sloan les avertit qu'il sortait voir ce qui se passait. Sofiane lui fit signe qu'il le rejoignait, ce qui la tranquillisa. Mais une intuition, mêlée à des odeurs alarmantes, la firent sortir à son tour, quelques minutes plus tard.

Lorsqu'elle sortit de la salle d'eau il y avait du sang sur le carrelage.

• - Vous êtes où ? Gémit-elle lamentablement.

• - Dans ma salle d'eau, lui indiqua l'humain.

Elle poussa un grondement. Il avait au mollet une blessure impressionnante qui lui laissait les chairs ouvertes. Le vampire s'évertuait à désinfecter la chose et le jeune homme pleurait silencieusement de douleur.

• - Il faut l'amener à l'hôpital, signala-t-elle, il a besoin d'être recousu.

• - J'ai tout ce qu'il faut ici, dit Sofiane d'un ton rassurant, lorsque la piqûre aura fait effet je le ferai moi même. L'anesthésie locale suffira, expliqua-t-il.

• - Mais comment as-tu de quoi pratiquer une anesthésie locale, s'étonna-t-elle, et d'où sais-tu recoudre les chairs ?

• - Voilà plusieurs centaines d'années que je suis chef des vampires, je connais les moyens de contourner la loi pour me procurer ce qu'il me faut, et j'ai suivi des études de médecine il y a de cela une éternité, c'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles je me suis retrouvé à la tête de la meute. Ensuite j'ai suivi les progrès de la médecine avec intérêt. Ne t'inquiète pas, Shalimar, et si tu ne peux pas te calmer, sors nous préparer un verre. L'humain n'a pas besoin de te voir paniquer.

Elle fronça les sourcils, croisa les bras autour de son torse, et prit patience, le temps que l'un d'eux fût en mesure de lui expliquer qui lui avait fait cela.  

Le destin des immortels - nouvelle publication 89.