Résumé du péché pour leur vie.
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- De toute façon je n'ai pas pu rester caché assez longtemps. J'essayais de rester à couvert pour que l'on ne puisse pas voir ma licorne depuis le ciel, mais cette nuit-là... Elle m'a quand même fait repérer. Elle était tout ce qui me restait, j'étais incapable de m'en débarrasser. J'ai fui pendant des heures, en licorne j'avais une chance de m'en sortir.
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- D'autant qu'il connaissait la formation de ses semblables, ce qui les rendait prévisibles, ajouta Phèdre.
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- Mais finalement j'ai reçu une flèche. A cet instant toutes mes forces m'ont quitté. Forces qui étaient plutôt un ramassis d'instinct de survie et de réflexes nerveux avant la mort imminente, vue la faim qui me collait au corps depuis des jours. Je suis tombé de cheval ; ensuite ils m'ont traîné dans cette ruelle pour me tuer loin des regards indiscrets.
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- C'est alors qu'il s'est souvenu de cette ruelle, il y avait déjà fait une intervention. Il s'est dit...
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- Soit les chevaliers auront ma peau, soit ce seront les vampires.
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- Puis il s'est rappelé qu'il avait ta confiance.
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- Exact ; il y a cette question dont je brûle d'avoir la réponse depuis que tu es partie à dos de dragon de l'hôpital. Pourquoi ?
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- Je ne supporte pas de tuer, c'est mon talon d'Achille, avouai-je.
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- Un bien joli point faible, fit-il en m'étudiant de ses beaux yeux azur.
Sa frange tombait sur ses sourcils, ses cheveux souples caressaient sa nuque. Il était devenu divinement beau.
- Mais pourquoi m'avoir laissé ton numéro ?
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- Je sentais que les évènements te feraient réfléchir. Au lieu de demander à rencontrer des vampires, je pensais que tu m'appellerais d'abord.
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- Je serais peut-être en vie à l'heure qu'il est, si je l'avais fait. Mais je suis un peu...
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- Passionné, dit Phèdre en hochant la tête. Tu as devant toi un homme qui va toujours au bout des choses, qui sait se transcender, et d'une exigence envers lui-même d'une atroce sévérité.
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- Tu exagères, sourit-il.
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- Je n'exagère pas, répliqua-t-elle.
Ils se fixèrent un instant, pendant lequel je songeai que ces deux-là partageaient une complicité des plus touchantes.
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- J'ai crié cet appel, continua Tarek, mais c'est une pluie de coups qui est tombée. J'ai perdu connaissance, persuadé de ne jamais me réveiller. Ensuite il y a eu le coma, il paraît qu'il a duré des heures. Pour moi j'étais dans mes pensées. Je me suis réveillé différent. J'avais faim, et le suc dont j'avais besoin provenait de ce que je n'avais pas identifié comme un bras féminin. Dès que j'en ai eu la force, j'ai agrippé la source.
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- Je n'ai jamais transformé personne, narra la jolie rousse. Mais on dit que les novices ne lâchent pas la plaie, qu'il faut s'en débarrasser de force. Il a quelque-chose de spécial. Pareil, après, il a délaissé le sang humain bien plus vite que je ne le pensais.
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- Mais j'allais attaquer Cristal !
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- Ce n'est pas ce que tu m'as dit, contesta la vampire.
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- En fait ce que je ressentais c'était le besoin d'aller vers toi, je ne sais pas pour quoi faire.
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- Pour moi, expliqua Phèdre, dans la brume de son esprit encore entre la vie et la mort, il a voulu s'élancer vers celle que son cerveau associait au dernier espoir.
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- J'avoue que c'est possible, reprit-il, mais il ne faut pas non plus trop se faire d'idées. Pourquoi serais-je différent des autres novices ?
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- Tu es né d'une réflexion saine, et d'un humain à l'âme pure, décréta la jolie rousse. Peut-être que ça a compté. Même ensuite, tu as été un animal, certes, mais tellement doux.
Elle me sourit.
- Normalement les novices ont tout du prédateur qui montre les dents et n'accepte de se laisser approcher que si on leur amène de la nourriture. Lui avait plutôt la curiosité du chat.
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- De cette période je n'ai pas de souvenirs très nets, j'y voyais mal, le temps de me faire à mes nouveaux sens surnaturels, je ne savais plus ce que j'étais, et j'avais toujours faim. Mais... Je ressentais un genre d'affection pour Phèdre. Je la reconnaissais à l'odeur, j'aimais bien qu'elle me câline.
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- Un beau jour lorsque je me suis réveillée, il me regardait de nouveau comme un humain.
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- Comme un homme, souris-je, je suppose.
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- Comme un enfant, plutôt, rectifia-t-elle.
Alors je sus mon erreur. Ces deux-là ne finiraient pas ensemble contrairement à ce que j'avais imaginé. Ils deviendraient comme mère et fils.