Un regard interrogateur la transperça, elle n’en eut cure les sages ne l’impressionnaient pas, elle était plus vielle qu’eux.

- De toute manière cette discutions est stérile, fit Ilam en se levant. La procédure est claire pour lever un des grands secrets il faut l’unanimité du conseil, hors je refuse de donner mon accord.

- Ilam, nous pouvons au moins en discuter.

- Je ne pense pas. Vous avez peut être la mémoire courte mais moi je me souviens de ce qu’était la terre avant le bannissement de la magie sombre.

- Nous aussi, fit la femme dans un soupire, nous y étions.

- Alors comment ma chère pouvez vous ne serait-ce qu’envisager de révéler ces secrets ! Voulez-vous livrer à nouveau le monde aux guerres, carnages et souffrances dans lequel il stagnait. Dois-je vous rappeler la misère, les senteurs de peste et de décomposition qui hantaient nos rues, et les pleures…

- Paix Ilam, nous avons tous compris votre position, l’interrompit le loup, il est inutile de monter sur vos grands chevaux et de vous dressez en ardant défenseur d’une cause qui vous est gagnée. Nous n’avons pas oublié non plus votre position à l’époque.

L’homme rouge de colère et de honte se rassit en bougonnant. Le sage fit face à Kiera.

- Je suis désolée mais il a raison, fit une femme qui n’avait pas bougée de tout le débat. Vous nous demandez de dévoiler un des secrets interdits pour arrêter un tueur qui ne fait qu’une victime tous les sept jours, la magie noire réclame tellement plus de sang. Si le prix d’une âme par semaine est celui à payer pour éviter un nouveau massacre alors je le prends en gardant ma conscience légère, je vote aussi contre. Et inutile de montrer vos vieilles canines Dark, ça fait longtemps qu’elles ont perdu leur éclat. Je suis ce qu’on nomme une sage et j’aurais démérité à ce titre si ma position avait été autre.

Dans un soupir Halumon se résigna :

- Ainsi les jeux sont faits, pour dévoiler les cachettes il faut l’accord de tous, je suis navré mais nous ne pouvons pas vous aider.

- Vous refusez, fit Naël dans un élan de désespoir. Mais…

Puis sa voix s’éteignit il n’avait rien à ajouter. Devant lui se dressait Kiera, pâle la jeune femme serrait les points à s’en faire saigner. Seul Dries triomphait.

- Je vous l’avais bien dit, que des dégonflés, dit-il en poussant la porte du conseil. Il oubliait un peu vite son pleutre refus.

Un à un ils passèrent le seuil de la pièce, lentement, comme si les sages pouvaient au dernier moment changer d’avis et les rappeler, il n’en fut rien, aucun salut ne leur fut offert.

« Berka » hurla Naël dans le couloir alors que des larmes de rage inondaient le visage de la louve. Elle aurait pu le faire, elle en était sûre mais il lui fallait la formule, elle ne la détenait pas dans sa mémoire. Son père silencieux se glissa à ses cotés, il lui murmura «  Allons ma fille de désespère pas, tout n’est pas perdu. »Elle aurait voulu essuyer ses sanglots et reprendre les armes pour qu’il soit fier d’elle mais pour la première fois elle ne trouva pas le courage de plaire à son père. Soren soupira, il avait oublié la majorité de l’entretien qui les avait animé dans la salle du conseil, ne lui restait que quelques bribes de conversation et le souvenir de cette étrange requête. Son instinct lui soufflait que c’était normal, il lui disait aussi que c’était important et qu’il devait céder à leur demande. Soren était un homme rationnel, il avait toujours écouté sa raison pour faire les meilleurs choix possibles passant souvent outre ce que les autres auraient appelé la morale. Dans ce couloir alors qu’il était leur dernière chance, la question qui le hantait n’était pas de savoir s’il devait aller contre la décision des Hommes les plus sage de son monde, ni de savoir s’il avait le droit de révéler ce qu’il avait appris fortuitement, mais bel et bien si c’était le meilleur choix possible et son instinct lui affirmait qu’il l’était. Sans chercher plus loin il demanda à Kiera et à Naël de le rejoindre dans son bureau, ils devaient parler de choses importantes. Atterré le reste de l’équipe regagna leur véhicule alors que le couple, le vague à l’âme suivait un homme qu’ils n’avaient pas envie d’écouter.

« Tu as un Gaëlle sur toi ? lui demanda son père.

Kiera opina et désinfecta la salle sans se demander où était passé celui qu‘elle lui avait offert. Soren hocha à son tour la tête d’un air satisfait avent de prendre place sur un coin du bureau.

- Je sais où sont les sept cachettes, fit-il laconiquement.

Un instant d'aberration suivit cette déclaration puis Kiera sauta au cou de son père. Soren leur narra son histoire passant sous silence l’utilité qu’il en avait faite, puis leur livra enfin le secret qu’ils étaient venu chercher autour d’un repas.

Les crocs de la justice 164