Naël se pinça l’arrête du nez, un mal de tête l’avait soudain envahit et c’est d’une voix lasse qu’il annonça :

- La police n’est pas habilitée à pirater les sites des citoyens.

- J’ai vu, j’ai du télécharger le logiciel ! Ne me remerciez pas. D’ailleurs j’en ai profité pour adresser une réclamation au commissaire, votre connexion Internet est beaucoup trop lente ! Ce n’est pas pratique pour les téléchargements.

Peu à peu Naël se décomposait, mais le sourire de son homme le raviva.

- Je plaisante, il faut se détendre. Par contre j’ai en effet craqué leur site, allons voir ce que ça donne.»

S’emparant de sa tasse elle s’installa devant l’ordinateur. Un seul message illuminait l’écran.

 Prochaine réunion le 1 Juillus à 15 heures à l’entrepôt de Saint Chrysalide.

«Parfait c’est demain !

- Espérons que ce ne soit pas pour annoncer une nouvelle gamme, une noble gamme. »

Ils planifièrent leur intervention puis remplirent la parasse qu’ils avaient accumulés. Une attente pesante s’installa alors, rien ne semblait pouvoir la rompre si ce n’est un soldat à la mime endeuillée. Il venait leur annoncer qu’ils avaient trouvé le corps.

La scène de crime se trouvait à quelque mètres du commissariat, déjà au loin Kiera pouvait voir les passants les passants qui se pressaient autour de cette macabre découverte.

« Je ne comprends pas l’attrait du sang, fit-elle.

- Ce n’est pas tant le corps qui attire mais le fait que ce soit un noble. Les gens les pensaient immortels et voila qu’ils s’aperçoivent que la particule ne protège pas. Dans la mort le monarque devient humain et les chiens ne veulent pas rater ça !

- Trèves de bavardages, ordonna Naël, et montrez un peu de respect à la défunte en faisant correctement votre boulot ! ».

La pluie tombait bénissant le corps de ces larmes célestes. La ruelle était sinistre sous cette lumière grise que seuls les gyrophares éclairaient. Il fallait faire vite la nuit tombait déjà. Naël essayait d’ignorer le corps pour relever les indices mais ses yeux retombaient toujours sur le visage grimaçant de la victime. Alors il se pencha sur elle, pour tous il ne faisait que l’inspecter, nul ne savait que la pluie lavait ses larmes.

Kiera sentait une odeur étrange, c’était la première fois qu’elle approchait un corps laissé par ce meurtrier, il était affreusement mutilé. « Comment un Homme peut faire ça ? » se demanda-t-elle. Ce n’est pas un Homme lui soufflait son instinct, il y avait quelque chose mais c’était trop flou pour qu’elle le détecte correctement, l’odeur des badauds corrompait son flair. « Il faut que je le dise à Naël, si mon impression est juste alors nous faisons fausse piste, ce ne peut pas être une femme que nous recherchons, nous pistons une créature». L’inspecteur était plié sur le corps, il devait l’examiner. D’un pas assuré elle traversa la scène de crime et s’inclina à son tour sur la dépouille. Elle allait parler lorsqu’elle entendit son supérieur murmurer.

« Adieu Elise, je n’oublierai jamais les instants que tu m’as accordés. Je te jure sur mes souvenirs que tu seras vengée.

D’un mouvement tendre il ferma ses yeux vitreux.

- Que me veux-tu Kier ? reprit-il hargneux.

Il pleure, s’aperçut-elle.

- Ça va ? demanda-t-elle oubliant sa requête initiale.

- J’ai tracé un morceau de mon passé dans les jardins de cette femme. Elle me gardait quand j’étais enfant.

- Ta baby sitter était une noble !

Il lui jeta un regard méprisant en lui demandant à nouveau.

- Pourquoi me déranges tu ?

- Rien d’important, je sens une odeur qui me trouble, mais ce n’est rien.

- Parfait, alors va-t-en. »

Une heure après c’était fini, le corps était déposé chez Dries alors que la ruelle effaçait les stigmates de la violence humaine. Naël s’efforça de se reposer mais dès qu’il fermait les yeux l’image du corps subissant les outrages de Dries lui apparaissait et il se réveillait en sueur. Chris avait remarqué son malaise alors il avait pris une chaise et avait écouté son ami. Ils revécurent ensemble les moments heureux qu’il avait passé avec la défunte, son premier béguin d’enfant et toutes les émotions que suscitait sa mort. Au petit matin il put enfin s’endormir en paix, il avait rendu hommage à son histoire.

Les crocs de la justice 99