Etanne regarda son ami. Il avait visiblement compris que ses vantardises sur la nuit de noce n’étaient que bravades. Mais le prince n’avait rien dit, il s’était contenté de sourire. Les deux hommes reviendraient sur le sujet le roi en était sûr. Le viol permettait de disculper les vampires car ils ne prenaient pas de plaisir sexuel, donc les assassins vampiriques ne violaient presque jamais leurs victimes. Et quand ça arrivait chez les tueurs en série ce n’était jamais systématique, plutôt une volonté de soumettre une proie. Ici il y avait une recherche de plaisir. Etanne attendait amusé que son ami explique cela à la jeune femme. Au  lieu de ça il déclara :
-  Parce que ça ne peut pas être un ange bien sûr !  Tu surestimes les bassesses de ton peuple, tout le monde n’est pas si innocent que toi princesse !
- Je ne suis pas innocente ! Ma grand-mère portait des traces de morsure sur le cou, quelqu’un s’était nourri d’elle. C’est là une des différences avec vos victimes. Mais c’est normal je suppose que les vampires ne mangent pas du vampire. En plus ma grand-mère est la seule victime parmi les miens à ma connaissance. Ce qui tend à prouver qu’elle était une erreur. L’assassin chasse en priorité les démons et comme tout les tueurs il chasse dans son propre groupe ethnique, l’assassin est donc un vampire!   
- Merci Warric grogna t’il. Warric était un des plus grand vampire enquêteur. Il avait renoncé à boire du sang humain pour mener à bien son travail  (bien que Lucas l’avait toujours soupçonné de boire ses échantillons après les avoir analysé, ce qui expliquait qu’il en demandait autant). Le prince avait beaucoup d’admiration pour lui. Il ne s’attendait pas à ce que Cali comprenne, cependant il surprit un léger sourire sur ses lèvres, preuve qu’elle avait saisi. Cela fait il ne put s’empêcher de remarquer la justesse du raisonnement. Ainsi pendant huit mois ils s’étaient mystifiés, pas étonnant que leur enquête n’avançait pas. Il vit sa crainte confirmée dans les yeux de son ami, il fallait tout reprendre. Alors qu'il réfléchissait il fut interrompu par Cali qui demandait un résumé de la situation. Lucas allait la rabrouer lorsqu' il se rendit compte de ses paroles. L’angélique victime était sa grand-mère, donc quelqu’un de proche. Un moyen de pression et de souffrance, en tous cas un éclaircissement important. De plus la princesse détenait sans doute des renseignements. Le fait qu’elle ait remarqué des différences prouvait qu’elle avait vu le corps. Elle pourrait donc être utile pour l’instant.
- Information contre information, et comme je suis grand prince je commence. On a eu 30 victimes sur les 10 dernières années. Il est possible que le tueur ait commencé plus tôt mais nous n’avons pas retrouvé sa trace. Le rythme des cadavres s’est accéléré ces derniers mois, ce qui explique qu’on se soit intéressé à l’affaire. La majorité des défuntes se trouvent dans un périmètre entourant le château. Cela qui implique que l’assassin habite le palais ou tout près. Mais il y eut quelques victimes épisodiques ailleurs. Quand le crime a été commis dans un autre endroit il n’y a qu’une seul corps. On en a déduit que ces crimes avaient lieu pendant des voyages assez court de l’assassin. Cependant les lieux n’ont pu fournir aucune piste concrète. On n’a retrouvé personne ayant effectué ces voyages à ces dates, mais les recherches étaient trop importantes. Toutes les personnes assassinées sont des femmes donc l’assassin est un homme. À part ça elles sont toutes d’âges, de tailles, de corpulences différentes, leur aspect physique ne semble pas important. Il y a aussi des différences dans leurs meurtrissures. À chaque fois elles ont  le ventre tailladé, mais ce n’est jamais les mêmes plaies. Leurs visages est souvent lacéré, expression de la haine du tueur car les premières ne l'étaient pas. On pense que sa frustration grandit avec le temps ce qui explique l'augmentation des dépouilles. Tuer ne le satisfait plus. Et bien sûr il n’y a jamais de témoin.
- Vous avez eu des suspects
- Quelques uns mais rien de sérieux. A toi
- La victime présentait des marques de lacération. Elle a été tuée à l’aube dans le périmètre du château (Lucas la regarda d’un œil perplexe ce qui ne l‘empêcha pas de continuer). Il m’a semblé qu’elle avait subi des sevices sexuels sans que je puisse le confirmer. Enfin il y avait très peu de sang autour d’elle malgré les nombreuses blessures. J’en ai déduit que le tueur l’a d’abord saignée à mort et pour une raison que j’ignore a mutilé son cadavre.
En fait plus qu’une certitude ce dernier élément était une prière. Cali espèrerait que sa grand-mère ait subi une mort rapide et non cette torture. Lucas confirma chez eux aussi toutes les blessures étaient majoritairement post mortem sauf certaines plus profondes. La reine se sentit soulagée. Elle regarda les esquisses et conclut
- Je suppose que les blessures post mortem ne sont pas importantes. Ce sont des marques de défoulement qui montrent que le tueur a un but et qu’il ne l’a pas atteint. De rage il s’énerve sur les cadavres de celles qui n’ont pu satisfaire son envie.
- Je le pense aussi, mais elles sont peut être plus que ça, elles cachent peut être quelque chose. Ces lacérations de différentes profondeurs et faites à différents moments sont un des seuls éléments constants avec le sexe de la victime. Cela a de l’importance j’en suis sûr.
Pendant ce dialogue Etanne était resté silencieux, regardant naître une sorte de confiance entre les époux. Mais la discorde des deux peuples restait assez forte et marquerait assez longtemps leur relation. Si tant est qu’elle ait le temps de se développer. Il jugea nécessaire d’intervenir.
- Quoiqu’il en soit l’enquête a suffisamment avancé pour que demain on en avertisse le conseil. Il se fait tard et j’ai faim allons manger.

le prisonnier de l'ange 18