La louve et le prince, tous les articles.

La louve et le prince, résumé.

• - Bonjour, son Altesse est elle de meilleure humeur ce matin ? Susurrai-je en tentant d'avoir l'air sûre de moi.

• - Grandement. Son altesse décrète par ailleurs qu'elle va se laver, ce matin.

Il attrapa le gel douche et partit vers la rivière. Il va me laisser là, réalisai-je. Normal, il va se laver.

• - Tu iras toute seule, après ?

Il s'était retourné ; je souris avant de me saisir d'un change puis le suivis précipitamment. Nous nous retournâmes pudiquement pour nous dévêtir, mais en réalité je commençais à trouver que tout cela était ridicule. Un frisson me prit lorsque le décidai de céder aux appels de ce monde, cela ne rimait à rien de m'accrocher à des conventions dénuées de sens ici bas. Nous entrâmes dans l'eau sans nous regarder, du moins moi je ne le regardai pas. Mais une fois dans l'eau glacée je me permis la chose. J'étudiai son sourire rassurant, me laissant aller à l'exotisme de leur couleur dorée. Je poussai donc un cri de surprise lorsqu'il se releva pour se savonner et son rire fut si sonore que je me dis que la forêt entière se moquerait de moi maintenant. Aussi avec détermination je me levai aussi et lui pris le gel douche des mains. Cela faisait du bien de se sentir propre. Je tentai de l'asperger, j'avais désespérément besoin de vérifier que la complicité péniblement gagnée était intacte. C'était le cas, Dieu merci. Mais bientôt... 

• - Je meurs de froid, fis-je stupidement.

• - Sortons.

C'était définitif, j'avais donc perdu toute pudeur, songeai-je en me dirigeant vers le berge. Il avait suffi de le décider, cette forêt avait des pouvoirs dangereux. Nous nous rhabillâmes en se souriant bêtement. Puis nous retournâmes au campement en silence pour découvrir qu'il n'y avait rien ni personne.

• - Ce n'est pas normal, si ?

Il avait eu les mêmes paroles mais version affirmative. Il prit sa forme animale et je me sentis toute seule, tremblante au milieu de cette forêt qui ne m'avait jamais parue si épaisse et énigmatique. Il récupéra sa forme humaine, lorsqu'ayant posé les yeux sur moi il vit la panique sur mon visage.

• - Là, je suis la, calme-toi.

Par les Dieux, j'avais dit que je ne serais plus la petite pleurnicharde de service.

• - Je ne sens pas leur odeur, même sous ma forme féline, déplora-t-il.

• - Mais, si les chevaux ce sont plus là, on devrait... Oui ! Regarde !

Soudain excitée comme une puce, je désignai les traces des sabots dans le sol toujours humide.

• - Ta nature ne chasseur te donne une longueur d'avance sur moi, on dirait.

Évidemment : une fois par mois, je passais une nuit à pister pour tuer dans un corps hideux mais fait pour dépecer, éviscérer, broyer. Je secouai la tête lorsque la louve en moi trouva excitant de chercher les elfes, qui seraient probablement des proies intéressantes.

• - On va les suivre sous nos formes animales. S'ils ont été enlevés nous sommes aussi en danger, et on nous attrapera moins facilement sous cette forme.

Un accès de panique me monta à la gorge. J'y portai même une main, qui se révéla glacée.

• - Non, criai-je pour qu'il arrête la transformation.

Il m'inspira un rire nerveux, couvert de poils d'un noir luisant, penché en avant parce que ses os commençaient à changer. Mais je cessai de rire lorsque je notai que s'être interrompu était douloureux.

• - Pourquoi, me pressa-t-il !

Je tâchai de rassembler mes esprits, ce qui était mal aisé avec le regard peu compréhensif qu'il m'adressait pendant ce temps.

• - Si on se transforme on abandonne les vêtements derrière nous... D'accord, ce n'est pas grave, me repris-je en me rappelant ce truc sur la pudeur.

La louve et le prince 29.