• Le destin des immortels - nouvelle publication

• - Non. Tu passais une bonne soirée jusque-là ?

• - C'est certain.

• - Alors je veux qu'elle soit encore meilleure. Je veux que si je meurs demain, tu puisses te souvenir de ce soir comme le meilleur qu'on ait passé ensemble. Allons-y.

Sloan fronça les sourcils. Elle le fit taire en assurant qu'il ne se passait rien de grave. Le reste de la soirée se passa mieux. Il fut plus respectueux, ce qui donna plus d'aisance à la vampire. Après la boite ils restèrent quelques instants à l'after, le temps de dire au revoir à chaque membre du groupe, lesquels ne furent pas avares de sous-entendus sur ce qui se passerait après. Elle entretint 

le doute et lorsqu'ils furent enfin seuls Sloan parut un peu perdu.

• - Tu es le roi du monde, pour eux, maintenant, lui sourit-elle en le poussant légèrement sur le côté.

Assez saoul, il trébucha lourdement. Elle le rattrapa dans un éclat de rire. Il rit un peu aussi. Elle posa un baiser sur ses lèvres, parce qu'elle le trouvait terriblement excitant, dans son état.

• - Comment se fait-il que par contre tu sembles prendre plaisir à m'embrasser ? Lui demanda-t-il d'une voix pâteuse.

Elle prit son visage dans une main et l'attira à elle. Ses mains s'arrêtèrent près d'elle. Elle les lui prit pour les poser dans ses cheveux d'ébène, là cela ne lui avait jamais fait peur. Car les mains dans les cheveux aurait été un geste d'affection que son violeur n'avait jamais eu. Enfin elle lui donna un baiser appliqué, très intime. Lorsqu'elle se sépara de lui il gémit et l'attira doucement contre sa bouche. Elle savait qu'elle n'aurait pas dû commencer. Elle cherchait désespérément pourquoi. Sofiane. Elle devait à Sofiane... Elle-même.

Elle inspira un grand coup, alors le brun ténébreux voulut s'éloigner pour voir ce qu'il se passait. Elle le garda dans ses bras, le menton sur son épaule. Elle aima le contact de son corps, ainsi. Il vit à regret que c'était la tristesse et non le plaisir qui l'avait envahie.

Il hocha la tête et ils reprirent la route du retour, sur laquelle ils demeurèrent au début silencieux. Puis elle entama, et il accepta de bon cœur, une conversation animée sur la soirée : qui avait été jaloux, qui serait avec qui le lendemain, qui était mignon ou moche, qui était intéressant ou fade. Lorsqu'ils passèrent la porte elle conclut :

• - Maintenant plus rien ne sera jamais comme avant.

• - C'est certain, déclara Sofiane qui les accueillit très en forme.

Shalimar avait oublié. La décision du chef de meute. La pièce tourna un instant autour d'elle. Elle serra l'épaule du jeune homme, qui paraissait désorienté.

• - Alors, chef? Le questionna-t-elle en s'effondrant comme l'humain près de lui sur le divan.

• - On a la journée pour prendre nos dispositions. Demain soir on s'en va. La région parisienne ça vous tente ? J'espère que oui parce que c'est ce que j'ai fait annoncer aux autres.

La vampire sentit un élan de colère naître brutalement en elle : le cœur de l'humain, battant comme un fou, l'empêchait de se concentrer.

• - Pourquoi cette région ? Voulut savoir le jeune homme.

Elle étouffa un rire jaune : ses neurones paraissaient plus éveillées que les siennes.

• - Là-bas on voit de tout, la police sera moins regardante. Et puis avec les nouvelles identités et notre moyen de transport, personne ne sera jamais retrouvé, que nous partions là-bas ou en Écosse. Or en Écosse il fait trop mauvais pour aller à la plage.

• - Mais à Paris on sera trop loin, nota-t-elle, morose.

Elle quitta le sofa pour s'éloigner de Sloan. Alors il se mit à dégager des ondes de stress. Sa colère monta encore d'un cran.

• - Alors au lieu d'y passer un soir ou un week-end on y passera la semaine, voilà tout. Là nous allons dormir un peu puis demain je vendrai tout ce que j'ai, et le soir, on te dira au revoir, garçon.

• - Pardon ? Grogna Sloan.

Il la fixa, regard qu'elle lui rendit froidement. Il inclina la tête. Sofiane la regarda aussi. Elle se tut. Les secondes s'égrenèrent. Le jeune homme s'apprêta à parler. Le vampire l'en dissuada d'un geste. L'immortel adressa à Shalimar une onde positive, comme des congratulations. Puis il s'adressa à l'humain.

• - Bon, on ne sait jamais, tu aurais pu vouloir te sortir de ce bourbier. Donc demain, enfin dans quelques heures, on te trouvera une université pour terminer ton année.

Le silence tomba. La vampire comprit que son chef de meute avait valorisé sa soumission. Elle se demanda jusqu'à quel point la présence de Sloan auprès d'eux n'était qu'un vaste test aux yeux de son chef de meute.  

Le destin des immortels - nouvelle publication 54.