Elle s'étonna de me trouver près de la porte.

- Soulagée, fit-elle, visiblement heureuse?

• - Oui, je suis fière de toi.

• - J'ai eu peur aussi, souffla-t-elle, troublée. Juste avant de mordre. Je me suis demandé si je saurais faire, et si je saurais m'arrêter. Du coup je n'ai pas bu grand chose. Le sang a un goût absolument divin...

• - Je suis tellement heureuse de te voir ainsi, avouai-je.

Elle réfléchit un moment et nota à son tour :

• - Je dois avouer que, bientôt propriétaire d'une licorne et ne ressentant plus de mépris pour la nourriture vampirique, mes raisons d'être malheureuse commencent à s'amenuiser. Je pensais que boire du sang serait répugnant. Maintenant je suis rassurée que ce qui vit en moi soit parvenu à me montrer comme j'avais tord. Il est reparti sur ses deux jambes et il veut me revoir !

• - Un homme dans sa vie, il n'y a rien de mieux pour chasser des idées noires.

• - J'ai vu ce dont tu parlais, dans ses prunelles, sourit-elle. Quand je le reverrai je lui demanderai de me décrire, ainsi je saurai à quoi je ressemble depuis que je... suis morte.

Elle se ressaisit bien vite :

• - Tu sais je n'étais pas une fille terne et triste, avant. Je devrais pouvoir redevenir celle que j'ai été.

• - J'en serais heureuse. Par contre... Je dois te mettre en garde, pour ce garçon. Viens, allons boire une eau gazeuse pour terminer la soirée. Ce que je veux te conter nécessite du temps et de l'attention.

On s'engouffra dans un after et je lui racontai l'histoire d'Aiden. Ce fut difficile, d'autant que Marianne comprit très vite que c'était l'homme que j'aimais. Mais je devais lui faire comprendre que fréquenter celui qu'elle avait mordu était risqué, même si elle était loin des multiples morsures que Ceara avait administrées à mon homme. D'air air farouche elle conclut que jamais elle ne ferait ce qu'avait infligé la vampire à mon blond amour et qu'elle voulait tenter cette relation. Je la laissai occulter leurs différences, les mensonges permanents qui les sépareraient et je cachai tous mes doutes. Après tout elle avait besoin de rêver et pour rien au monde je ne souhaitais lui enlever l'espoir que je voyais au fond de ses yeux presque dorés. Elle était belle, et je le lui dis. Ensuite on parla de sa vie d'avant et elle finit par revenir à sa transformation. Elle était toujours déterminée à faire payer celui qui lui avait fait ça. Je regardai ma montre. Il était quatre heures du matin. Je lui proposai de la ramener et de commencer mes recherches de mon côté. Arrivées chez elle tout le monde dormait et c'est silencieusement qu'elle me confia le portrait robot. Effectivement il ne ressemblait pas à Aiden. Nous étions idiotes, Claire et moi, de penser à lui ou sa famille parce que ce type était blond et avait les mêmes yeux verts.

Je l'embrassai sur les deux joues avant de partir, mais elle me retint pour me remercier à mi voix de cette escapade. Je rétorquai que j'étais certaine que Lily serait heureuse de lui en offrir d'autres. Je la quittai dubitative et pris le chemin du retour, sur le dos de ma jolie Mistral. Je m'attardai dans le parc à caresser cet animal étrange qui ronronnait sous mes doigts. Elle me regarda partir puis je l'aperçus depuis une fenêtre du château à brouter l'heure du parc.

Assise devant mon écran, je fis défiler les portraits de vampires blonds aux yeux verts. Ce ne fus pas long. Mais aucun ne ressemblait exactement au portrait robot. Je n'aurais qu'à soumettre à la jeune femme les quinze visages que je venais d'imprimer. Mais l'idée me vint qu'il n'y avait pas que dans mon territoire qu'il devait exister des vampires correspondant à la description, et qu'un homme avait tout à fait pu venir au centre ville depuis une zone lointaine. J'imprimai encore trente photos de buveurs de sang venant des autres territoires, et soupirai en songeant qu'il s'agissait peut être d'un habitant d'une zone non encore couverte. L'Aquitaine était tout juste sous notre protection. C'était peu. Il était peut être même ressortissant d'un autre État.

Il était six heures du matin quand je rassemblai tous ces papiers. Qu'allais-je faire à présent? Marianne avait dit qu'elle était de la nuit, et qu'elle dormait le jour, contrairement à Lily et Elias, tenus de s'adapter à leurs horaires de travail. J'envoyai un message à la jeune femme dont je trouvai le numéro sur le logiciel. Bingo, elle me répondit qu'elle jouait sur son ordinateur. Hop, je récupérai Mistral et retournai lui rendre visite.

Aucun des visages que je lui présentai ne lui parut être le bon. Cela lui donna un coup au moral et je dus utiliser toutes mes réserves d'imagination pour lui changer les idées. Il fut convenu que je chercherais ce type dans les fichiers de la police, on ne savait jamais. Elle ne demanda pas comment je ferais, et je me gardai bien de lui dire ou même de m'avouer que cela c'était illégal.

Je la quittai à huit heures et décidai qu'il était trop tard pour mettre mon plan à exécution ou pour commencer autre chose. Je rejoignis donc Claire à son appartement.

Le péché pour leur vie 80.