Soren était épuisé, ce n’est plus de mon âge pensait-il, je devrais laisser ma charge comme bon nombre de mes collègues ou me prendre un apprenti qui me volerait tout mon travail me laissant que les honneurs du titre. Oui, je devrais. Je partirai loin, vers… ses pensées furent interrompues par la vision d’un spectacle incongrue. En bas, dans la cour menant à l’orphelinat deux soldats cheminaient, l’un d’eux avait jeté sans ménagement un enfant sur son épaule, dès que le garçon bougeait le garde le fessait sans autre forme de procès. L’intendant plissa les yeux afin de mieux comprendre la scène, il reconnut alors Erwin, le hasard faisait bien les choses il devait parler au garde, il décida donc d’aller les rejoindre. Les deux soldats étaient en sueur, l’un deux avait perdu son casque mais semblait ne pas s’en soucier.
«Bonjour Monsieur l’Intendant, firent les deux fantassins en cœur.
-Repos. Bonjour Erwin, je reviens de chez tes parents.
- Encore un conflit avec les voisins, fit le soldat en soupirant.
- En effet.
- Je suis désolé, Monsieur.
- Ce n’est rien, après tout ce n’est que la charge de ma fonction, fit le vieil homme dans un sourire, et puis je dois avouer que finalement j’aime ça. Qui est-ce ? fit-il en désignant l’enfant.
- C’est le jeune voleur du village, il nous a donné bien du mal sur le chemin, fit Erwin dont la pitié s’était envolée. Mais on l’a maté ! Depuis qu’il est jeté sur les épaules de Caled il ne bouge plus, une volée de bonnes fessées l’a calmé ! »
L’intendant fronça les sourcils, il n’aimait pas ces manières.
«Je vais devoir vous laisser, mes obligations m’appellent. Si vous revoyez vos parents saluez les de ma part. »
Un sourire contrit naquis sur les lèvres du soldat, Soren fit un signe de la main et se retourna vers le château, déjà ses pas se portaient vers d’autres préoccupations.
Soudain un cri retentit emplissant l’espace alors que l’enfant, tombé à terre, fuyait. Caled à genoux, les mains sur les yeux, rugissait :
«Je suis aveugle. »
Erwin se tourna vers son collègue essayant de comprendre cette cécité soudaine. L’enfant, profitant de l’aubaine, avait entrepris une course folle à travers la cour. Ce pauvre fou se dirigeait droit sur une barrière, songea Soren en regardant l‘enfant s‘évader inconscient du danger, il devait lui aussi être touché par le sort.
«Attention, hurla le vieil homme de toute sa voix. »
Mais alors qu’il prononçait ces mots il vit l’enfant furieux faire volte face pour l’affronter.
«Berka, ! » cria Kiera, elle avait oublié qu’elle ne pouvait plus utiliser sa magie de la terre, plus rien ne pouvait pousser sur ce monde. Son plan tombait à l’eau avant même d’avoir eut le temps de naître. Mais la louve n'avait pas le temps de s’apitoyer sur son sort, maintenant qu’elle ne pouvait plus fuir elle n’avait pas d’autre choix que d’affronter ses ennemis. Ça devrait être aisé, se dit-elle sûre de ses capacités, deux aveugles et un vieillard, même affaiblie je peux gagner !