La louve et le prince, tous les articles.
La louve et le prince, résumé.
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- Tu as quinze ans, tu trouves tout cela mignon, ces histoires te détendent, elles te font oublier la guerre, les gnomes, la Terre qui te manque. Je comprends, Tarah. Mais tu dois grandir. Ceci est un monde où la magie est reine. Ce soi-disant elfe est suspect, il a un comportement anormal. Nous avons des ennemis, notre planète est menacée. Tache seulement de t'en souvenir, conclut-il maîtrisant sa voix comme s'il parlait à une petite fille.
La honte submergea mon esprit. Je voulus me réveiller chez moi sur Terre, prendre un petit déjeuner d'adolescente, des céréales avec des jeux sur le paquet. Je voulus qu'il cesse de me regarder ainsi. J'avais perdu son estime, il ne me voyait plus comme l'élue qui pouvait l'aider, mais comme une poupée rose qui se révélait un poids insouciant. Je levai un index un peu tremblant.
- Ne t'inquiète pas, je reviens, mais il ne faut pas me suivre, l'avertis-je, sentant venir une chose irrépressible à laquelle j'étais habituée.
Je gagnai la cour intérieure d'un pas hésitant. Après il y avait un muret qui donnait sur la rue. Je me changeai en loup puis pris mon élan. Lorsque je franchis le mur la porte s'ouvrit à l'autre bout de la pièce. Je détalai dans la rue mais bientôt j'entendis haleter derrière moi. Je courus presque une heure. Enfin la panthère bondit sur moi. En colère je sortis d'abord les griffes mais ses dents se refermèrent sur mon cou qui se couvrit de bave. Comme un louveteau je me laissai soulever de quelques centimètres (du moins l'avant de mon corps). D'abord la rage manqua m'étouffer : j'étais un fauve en manque de grands espaces ; j'avais oublié ce que je fuyais, mais à présent je voulait avaler de la distance. Je repris la lutte, nos grondements emplîmes l'espace, attirant les habitants des tunnels dans notre direction. A présent, on cherchait à nous séparer, le goût du sang ravissait mes papilles. Enfin, je me retrouvai au-dessus de mon adversaire par nature : un vampire. La fierté me calma, de telle façon que le monstre me laissa une place à ses côtés, dans mon esprit que nous partagions au quotidien. C'était une panthère. C'était Prince. Je redevins humaine, pour être bien sûre de rester aux commandes de mon corps et de mon esprit.
Il m'imita, à présent il paraissait un homme jeune, mais d'apparence trop mature pour son âge. Les passants détournèrent les yeux du spectacle qui s'offrait à eux, un jeune couple enlacé mais couvert de sang, au beau milieu de l'allée où s'était tenue une bataille entre monstres puissants. Nul doute qu'ils nous avaient reconnus, sinon les choses n'en seraient pas restées là, pas ici chez les elfes. Sans un mot, nous fûmes de nouveau louve et panthère pour rentrer à la maison, courant côte à côte. Nous passâmes à la douche en silence. J'étais en colère car il n'aurait pas dû me suivre. Il aurait dû respecter ma volonté, due à ma nature.
Le dîner enduré nous partîmes tous trois chez Luna et Zéphir. Ils échangèrent avec Yule des idées de formule. Tous trois mélangèrent les ingrédients d'une potion compliquée. Enfin nous fûmes dans la salle de magie.
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- Nous avons oublié un détail, se plaignit soudain la presque sœur de Prince.
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- Je sais où nous devons aller, si c'est ce que tu te demandes, dit la panthère de lune.
Il le leur expliqua, car ils nous y mèneraient à cheval. Il était concentré sur ce qu'ils faisaient tous. Sans doute les êtres matures savaient-ils faire cela, songeai-je coléreuse. Bientôt les elfes se mirent à tourner autour de Prince et moi en scandant :
- Loi de la nature, accorde-nous une distorsion,
De grands, petits nos amis seront,
Ils doivent devenir tels des gnomes, pour cette nuit uniquement,
A l'aube, rends-leur immédiatement,
Leur nature initiale, je t'en prie,
Par notre volonté, qu'il en soit ainsi.
Concentrés sur notre but, nous étions tous disposés à devenir de petites choses de quarante centimètres. Je m'étais résolue à jouer le jeu, mettant de côté ma rancœur, au moins pour la seconde. Donc cela ne fut pas bien long, même si en magie tout était relatif. Je me sentis soudain chuter comme si je plongeais depuis une falaise escarpée. Je hurlai tout mon soul, mais bientôt la sensation finit par disparaitre. Je regardai autour de moi mais ne reconnus rien. Le plus effrayant était ces espèces de créatures de couleur beige-rosé. Sans plus réfléchir, je me mis à courir pour me mettre à l'abri.