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6 août 2010 5 06 /08 /août /2010 08:31

La louve et le prince, tous les articles.

La louve et le prince, résumé.

 

 

Nous nous perdîmes alors en suppositions plus rocambolesques les unes après les autres, jusqu'à ce que je décroche de cette conversation aussi vaine qu'épuisante, pour mon esprit déjà trop rudoyé. Zéphir n'écoutait plus non plus, réalisai-je, lorsqu'une fois de plus, son regard couleur perle attira le mien de son inégalable intensité. Je me permis de le questionner tout bas, me penchant vers lui, tandis qu'il m'imitait, un éclat de curiosité illuminant ses traits de porcelaine :

  • 2.jpg- As-tu finalement pardonné Luna, mon ami ? Tentai-je après de vains efforts de formulations détournées.

Il s'abîma dans la réflexion, mais ses traits d'ange blond en disaient si long que sa réponse ne fut qu'une formalité :

  • - Nous avons tant partagé... Nous nous sommes tant aimés, nous avons traversé l'existence comme des frères, des amants, des amis. Nous nous aimerons quoi qu'il arrive, je le crains. Le reste n'est que contingences. Je ne lui ai pas encore pardonné, mais je sais que malgré moi ou consciemment, mes réticences me quitteront pour ne laisser qu'elle. Je vous souhaite de connaître un tel amour. Même si c'est difficile d'admettre que l'on est faible aussi. Car l'amour ouvre une faille, c'est indéniable. Mais le jeu en vaut la chandelle, Tarah.

Chaque fois que quelqu'un faisait ce genre de déclarations, j'avais peur que Prince ne s'évapore, qu'il ne fonde comme neige au soleil, qu'il m'abandonne comme un rêve au réveil. Aussi n'osai-je pas le regarder, même si je savais que son ouïe surnaturelle interdisait tout secret. Alors quel fut mon étonnement, lorsqu'il prononça d'un ton si grave que j'eus l'impression que ses paroles avaient été soufflées par les Dieux :

  • - Je ne vois rien de faible en toi, l'ami, je ne vois que puissance. L'amour donne toujours aux gens cet air étrange, comme s'ils détenaient une force invisible.

  • Alors pourquoi en as-tu tellement peur ? Enchaîna Zéphir, refermant sur lui un piège irrépressible.

J'eus envie d'emmener Prince loin d'ici, ces elfes ne voyaient-ils pas que c'étaient eux qui lui faisaient si peur ? Un long silence emplit la grande pièce, où je ne sentais plus le calme protecteur que j'y avais décelé lorsque nous y étions entrés. J'allais dire qu'il n'était pas obligé de répondre, lorsqu'il le fit de lui-même :

  • - Les Dieux m'ont conditionné à ne jamais rien attendre d'une hypothétique âme sœur.

  • - Peux-tu répéter cela ? Glaçai-je la pièce d'une fureur inattendue.

  • - Oh, ce n'est pas ce que tu crois, commença Prince après une courte hésitation, probablement pour trouver les mots justes. Ce n'était pas clair, ils ne m'ont rien interdit non plus. Mais j'ai souvent eu à réparer les ravages de l'amour.

Zéphir recula contre son dossier, renfrogné. Je le sentis se refermer sur la colère et la honte. A quoi l'immortel jouait-il donc, pour rudoyer ainsi un être qui avait tant donné pour nous aider dans notre quête ?

- Ne t'en fais pas, l'ami, tu n'y es pour rien. Les Dieux sont plus forts que nous, n'est-ce pas ? Continua le vampire, dardant sur son regard doré de félin. Avec ce que j'ai entendu ce soir, je suis sûr dorénavant qu'ils avaient fait en sorte que j'attende. Que je t'attende, Tarah. Que j'attende le moment qu'ils choisiraient pour t'offrir à moi, présent difficile à accepter après tant d'épreuves.

En prononçant la dernière phrase il m'adressa un regard ambré, d'une gravité effrayante. Suffoquée, je sentis les larmes monter dans ma gorge. La colère me prit, pourquoi étais je née si faible ? Je luttais contre l'instinct qui cherchait à faire place au monstre qui couvait en moi, en un réflexe protecteur, lorsque Zéphir leva sa tasse :

  • - Longue vie à vous, mes chers amis.

Ma colère se mua en une peur panique qui m'étrangla à me suffoquer. Il me fallait de l'air, je sortis en courant, manquant renverser Luna au passage. Dieu merci, cinq minutes après je trouvai l'air pur du « jardin » des sculptures. Tremblante, je fus enfin louve et la laissai me submerger. J'avais cru qu'elle s'échapperait, zigzaguant entre les statues ; il n'en fut pourtant rien. Je m'assis et entreprit de me purifier. A grands coups de langue, je nettoyai mon pelage et au fur et à mesure, mes sentiments m'abandonnèrent enfin. Il ne resta plus que l'animal, or lui allait bien, il était repu, en bonne santé et propre, dès lors tout était pour le mieux.

Luna s'assit près de moi, aussi grondai-je, menaçante. Je réalisai l'avoir entendue me suivre, détail qui alors, m'avait semblé sans aucun intérêt. D'un geste hésitant, elle posa une légère caresse sur ma joue velue. L'espace d'un instant, je songeai au plaisir de goûter à sa chair, de déchiqueter son corps. Mais le contins ces pulsions, me laissant faire sans y prendre plaisir.

  • - Qu'y a-t-il, Tarah ?

Je la fixai de mes yeux mi loup-mi humains. Laisse moi tranquille, l'elfe, dit la louve. Je me levai et marchai tranquillement entre les statues, regardant droit devant. Et la solution m'apparut. Je récupérai ma forme humaine et courus à l'intérieur. J'avais eu besoin de parcourir le chemin avec mon corps de femme. Arrivée devant Prince, toujours assis avec Zéphir, je lui pris les mains et éberlué, il se laissa mener par celle qui lui était destinée, aussi nue qu'un nouveau né, à travers le couloir, jusqu'à ce jardin plongé dans le noir. Je lus dans ses yeux comme il me trouvait gracile, lorsque je l'assis contre une statue pour lui souffler à la figure :

  • - Tu as l'éternité, mais je n'ai que quelques dizaines d'années. L'entreprise des Dieux est vouée à l'échec.

Voilà pourquoi je n'avais senti que colère, lorsqu'il avait avoué, quelques minutes auparavant, qu'il acceptait la volonté divine.

 

La louve et le prince 49.

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4 août 2010 3 04 /08 /août /2010 23:02

La louve et le prince, tous les articles.

La louve et le prince, résumé.

 

 

  •  

Prince hocha la tête, le nez dans la fourrure de sa mère, une veine bleue gonflée sur le front, il était incapable de parler.

  • - Partez, mes enfants, dit elle en affermissant le ton, qu'elle avait eu vibrant jusqu'alors.

Quel courage avait-il fallu à une mère, ptarah-une.jpgour ne pas retenir son enfant, perdu depuis la naissance, à cause de Dieux égoïstes ! Laborieusement Prince se détacha d'elle et nous nous concentrâmes pour la quitter malgré notre désir vibrant de rester auprès d'elle notre vie entière.

Dans la petite pièce que nous avions laissée derrière nous, le spectacle se révéla culpabilisant. Les deux jolies elfes étaient au sol, évano uies et Zéphir suait à grandes eaux, tremblant de tout son être.

  • - Que pouvons nous faire ? M'exclamai-je en me précipitant au chevet de la blonde créature, qui tâcha de se secouer en faisant signe de lui laisser de l'air.

Mais il ne put pas se ressaisir. Il secoua lentement la tête et se laissa choir au sol. Avant de se laisser aller à l'inconscience, il entendit Prince le rassurer lentement :

  • - Cela a marché, Zéphir. Merci du fond du cœur.

Un doux sourire accompagna son sommeil maladif. A présent, ils dormaient tous à poing fermé. Les images, les paroles prononcées tournaient dans ma tête, bien trop vite pour que j'y comprenne quelque chose. Mais Prince mit le doigt sur quelque chose qui me turlupinait aussi :

  • - Elle a fini par nous dire ce que nous demandions : le récit du passé. Que restera-t-il à mon père, de si important, qu'elle ait décidé de l'amener à me revoir, en dépit de leur promesse aux Dieux ? 

Je réfléchis un peu, puis tout devint clair à mes yeux :

  • - Il y autre chose. Demain, si les Dieux le veulent bien, ils nous conteront les origines, c'est cela qui est lié à la guerre. Cela dépasse ta personne, à laquelle ta mère s'est arrêtée tout à l'heure.

Un silence emplit encore la pièce, emplie du souvenir de la magie qui avait violé les lois de la physique, quelques minutes auparavant. Ou alors j'étais celle que les Dieux avaient choisie pour tenir leur parole vis à vis de ses parents, simplement. A présent, ils ne seraient alors plus tenus par leur promesses aux Divinités.

  • - Prince, je crois que je ne  suis pas liée à cette guerre. Je crois que c'était simplement un prétexte, pour que tu décides de me ramener ici.

Il se tourna très lentement vers moi ; le souffle soudain coupé, je vis la colère danser dans ses yeux d'or. Aussitôt, je me mis à trembler à mon tour. Je l'aimais, voilà pourquoi je réagissais ainsi, réalisai-je sombrement. Lorsque l'être aimé semble vous haïr, c'est vôtre existence qui vous semble vaciller.

  • - Très bien, alors contente-toi de te pendre à mon cou et laisse moi seul pour résoudre ce bourbier.

Il fit une courte pause, durant laquelle je retins mon souffle, tentant de saisir où il voulait en venir exactement, la logique fuyant mon esprit embrumé.

- J'ai l'habitude, conclut-il enfin.

La gifle que je lui envoyai fut magistrale, sonore et imprévue. Je hurlai et la pièce me renvoya l'écho de mes paroles, sordides :

  • - Plus jamais, jamais tu m'entends, ne te permets plus jamais de me rabaisser. Jamais !

Le dernier mot raisonna d'une folie effrayante. Son souffle sur mon visage me fit réaliser que je pleurais abondammen t.

  • - Tes ennuis sont les miens, murmurai-je d'une voix tremblante, as-tu bien compris, à présent ?

Très lentement, il s'approcha de moi, s'accrocha à mes cheveux blonds et m'embrassa tendrement. C'était un simple baiser, pourtant, j'eus l'impression qu'il entrait au plus profond de moi. Dans l'urgence, je collai mon corps au sien et trouvai enfin son dos de mes doigts pressées. Lui quitta mes cheveux pour s'agripper à mes rondeurs. Enfin, nos lèvres se quittèrent et nous nous serrâmes fort. Jamais nous ne pourrions nous quitter, j'en eus l'intime conviction. Mes lèvres prononcèrent silencieusement dans son dos :

  • - Je t'aime, Prince.

Il n'entendit rien, ce qui était le but de la manœuvre. Quelques secondes plus tard, la réalité reprit ses droits. Je réalisai alors que mes yeux sombres avaient trouvé, un peu plus loin, le bleu gris de ceux de Zéphir. Ils n'étaient qu'attendrissement, épuisement et satisfaction.

  • - Zéphir est réveillé, Prince, murmurai-je sans le quitter de mes yeux emprunts d'une affection sincère, pour l'elfe qui nous aidait au péril de sa santé.

L'immortel me lâcha à regret ; ensuite nous décidâmes d'attendre le réveil des autres pour lui raconter le résultat de leurs efforts. Nous nous installâmes ainsi au sol, les yeux grand ouverts, fixant le plafond ainsi que nos dilemmes, au fond de nos cœurs éprouvés. Une fois les elfes éveillés , nous les remerciâmes de leur travail devant une infusion rassérénante. Nous nous perdîmes alors en suppositions plus rocambolesques les unes après les autres, jusqu'à ce que je décroche de cette conversation aussi vaine qu'épuisante, pour mon esprit déjà trop rudoyé.

 

La louve et le prince 48.

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31 juillet 2010 6 31 /07 /juillet /2010 16:06

La louve et le prince, tous les articles.

La louve et le prince, résumé.

 

 

J'admirai son professionnalisme. A sa place, je serais déjà tout contre ma maman, loin de chercher à comprendre, je me serais contentée de rester à la regarder pendant des heures. Mais nous étions là par magie, le temps pressait donc. Il fallait en savoir le plus possible sur ses parents, pour découvrir ce qui avait cloché aux origines, affin de réparer le présent.

  • colere-1.jpg- Ton père, mon fils, ton père. Nous nous sommes séparés, mais chaque jour il vient pour que par sa magie, nous puissions voir où tu en es.

Une boule se forma dans ma gorge, l'émotion m'étouffant presque.

  • - Qu'est il, mère ? Questionna le vampire, si concentré que cela en devenait choquant.

Elle secoua la tête.

  • - Nous ne voulions pas interférer dans ta vie. Je ne prendrai pas la responsabilité de te renseigner sur lui.

Prince s'apprêta à parler, je le sentis inspirer près de moi. Mais je referma une main glacée sur la peau froide de son bras musclé.

  • - Ma reine, intervins-je, nous devons comprendre les origines pour saisir les bouleversements actuels. C'est la guerre, au delà des arbres et nous pensons que c'est peut être un événement contemporain de votre âge d'or qui en est la cause première.

Elle parut réfléchir, son regard doré posé sur l'océan. Puis elle revint à nous, nous transperçant de son regard félin.

  • - Il faut effectivement que vous parliez à ton père, je vais essayer de lui faire entendre raison en ce sens. Laissez-moi jusqu'à demain soir.

  • - C'est entendu, merci, mère. Avant de te quitter - nous devons nous hâter, les elfes souffrent pour maintenir le charme -, qu'es tu exactement ?

Elle eut un mouvement comme un large hochement de tête, dont je ne pus percer le sens.

  • - Une simple panthère, mon fils.

Ils se jaugèrent un instant. D'abord incapable de fixer ma pensée, je trouvai enfin ce qui ne tenait pas la route.

  • - Vous ne pourriez pas être encore vivante, notai-je ainsi.

  • - La magie, mon enfant. Son père est un homme généreux. Nous nous sommes aimés depuis des millénaires et nous nous côtoyons depuis les origines. Normal qu'avec le temps, j'ai acquis des pensées semblables aux siennes. Mais je ne suis qu'une panthère immortelle.

  • Mère, renifla Prince...

Il venait enfin de lâcher les vannes, de se laisser aller au-delà des faits. Il ne put finir sa phrase, mais le fauve s'approcha. Comme il avait voulu le lui demander, il put lui faire un câlin en bonne et due forme, le nez enfoui dans ses poils d'un ébène sans défaut.

  • - Pourquoi m'avoir laissé, mère ?

L'émotion de la panthère emplit l'espace entre nous.

  • - Lorsque tu es né, les Dieux nous sont apparus. Ils nous ont expliqué ce qu'était ta destinée. Ils ont voulu que rien ne te t'entrave dans tes missions. Ils ont décrété que l'amour de parents aussi émotifs que nous aurait été mauvais en cela. Comprends-nous : la magie nécessaire à te créer a failli tuer ton père. Nous savions que jamais nous ne pourrions te donner un frère ou une petite sœur. Alors nous avons fait un marché. Nous te laissions aller ce jour là et tu pourrais rencontrer l'amour. A l'âge que tu aurais ce jour là tu serais capable de tout mener de front. Si nous refusions alors aucune femme n'aurait jamais pu te rendre heureux. C'étaient les conditions posées par les Dieux pour nous forcer à te laisser.

Maintenant les larmes m'étouffaient, c'était tellement beau, quels parents ordinaires auraient accepté un tel marché ?

  • - Vous êtes les meilleurs parents qu'aucun monde portera jamais, soufflai-je.

Prince hocha la tête, le nez dans la fourrure de sa mère, une veine bleue gonflée sur le front, il était incapable de parler.

 

La louve et le prince 47.

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24 juillet 2010 6 24 /07 /juillet /2010 01:32

La louve et le prince, résumé.

La louve et le prince, tous les articles.

 

 

Prince et moi nous concentrions sur la panthère, pourtant la formule scandée par les trois elfes résonna à mes oreilles comme une rengaine impossible à écarter d'un esprit malade.

- Panthère de ténèbres, nous t'en prions,

Viens à nous, livre-toi pour de bon,

C'est important, nous sommes perdus,

Et tu connais l'issue, nous en sommes convaincus,

Alors pour l'amour des dieux, des esprits,

Par notre volonté, qu'il en soit ainsi.

Longtemps, ils répétèrent la formule, leur voix se mêlant en une scansion envoûtante. J'étais concentrée sur notre but, pourtant par moments je voyais à mon esprit le visage de chacun d'eux, magie-sourit.jpgconcentré à l'extrême. Luna, les yeux clos, ses longs cheveux sombres tombant soyeux dans la courbe délicate de son dos, récitait le menton bien haut. Zéphir fronçait ses sourcils blonds dans l'effort, ses traits fins tirés par la tension.

Enfin, je la vis distinctement. J'ouvris grand les yeux pour mieux la distinguer. Je compris que ce n'était pas vraiment mon corps qui agissait, mais mon moi psychique. Prince était là aussi, mais pas Yule, aussi m'inquiétai-je fugacement pour la presque sœur du vampire. J'agrippai sa main et la panthère magnifique, tellement semblable à Prince, s'assit tranquillement sans cesser de nous fixer de ses yeux dorés. Nous étions chez elle, je le voyais maintenant. C'était une grotte spacieuse. Derrière elle, la mer s'étendait à perte de vue. Nous étions près de la sortie, voilà pourquoi nous le voyions, parce qu'elle était tellement plus bas que j'en eus le vertige.

La panthère ne parla pas, pourtant nous comprîmes son message.

- Mon enfant, tu es finalement venu me trouver, après tant d'années.

Je me tournai vers Prince à temps pour voir deux filets de larmes vermeille glisser jusqu'à son menton, souillant sa peau d'une parfaite blancheur. A partir de cet instant, elles ne cessèrent de couler, gouttant jusqu'au sol avec une régularité envoûtante. Pourtant, lorsqu'il parla, sa voix était claire, emplie d'une grande tendresse.

  • - Maman.

Soudain, quelque chose satura l'air, comme un soulagement ou de la mélancolie, après tant d'attente, de souffrance refoulée.

  • - Oui, mon chéri. Tu m'as manqué aussi. Je t'aime.

La peur de Prince faillit me renverser. C'était à cause du lien qui nous unissait, depuis qu'il avait bu mon sang, réalisai-je surprise. Je serrai sa main, pour ne pas tomber sous le choc.

  • - Ne pars pas, hurla-t-il !

  • - Non, mon fils, non.

Elle se tourna vers moi et son regard doré me transperça.

  • - Comment t'appelles-tu, jeune fille ?

  • - Tarah...

Je cherchais le terme approprié pour l'interpeler.

- Ma reine, conclus-je.

  • - Mon enfant, je suis heureuse que tu illumines la vie de mon fils, sa solitude m'emplissait de tristesse.

Des dizaines de questions me vinrent à l'esprit. Comment en savait-elle autant sur nous ? Son opinion de moi était-elle suppositions, rêves de mère ou prémonition ?

  • - Mère, s'indigna Prince !

Mais avant qu'il ait eu le temps de contredire ces deux affirmations, elle reprit déjà.

  • - Ne nie pas, mon fils. Je t'ai vu quelques minutes chaque jour que les Dieux m'ont donnés. Yule est là, certes, mais un homme a besoin d'autre chose que d'une sœur. Et je sais que tu ne t'en rends pas encore compte, mais Tarah est bien ce que je dis.

Ses paroles me coupèrent le souffle. Se pouvait-il qu'elle fût une Déesse, pour affirmer aussi sûrement ce que nous ignorions nous-mêmes ? Elle se tourna vers moi et de nouveau, je vacillai un peu.

  • - Tel père, tel fils, Tarah, ne t'inquiète pas et crois moi, un beau jour il s'en rendra enfin compte.

Les larmes franchirent mes paupières et contre tout attente, Prince me prit par l'épaule pour m'attirer contre lui. Je m'accrochai à lui, comme à une dernière chance. On m'avait tant bernée en amour, dans mon propre monde ! Si l'on me décevait de nouveau, après tant de promesses, j'ignorais ce qui adviendrait de ma pauvre personne ensuite.

  • - Comment m'as tu vu, mère ? Questionna-t-il, concentré sur ce qu'il fallait découvrir.

J'admirai son professionnalisme. A sa place, je serais déjà tout contre ma maman, loin de chercher à comprendre, je me serais contentée de rester à la regarder pendant des heures. Mais nous étions là par magie, le temps pressait donc. Il fallait en savoir le plus possible sur ses parents, pour découvrir ce qui avait cloché aux origines, affin de réparer le présent.

 

La louve et le prince 46.

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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 09:29

Le péché pour leur vie, tous les articles.

La louve et le prince, résumé.


 

  • - Nous n'avons pas réellement fait ce que tu crois, expliqua la panthère de lune. J'ai bu ton sang et ton esprit a tissé ce qui correspondait aux sensations que tu as ressenties, car j'en ai décidé ainsi, pour ne pas te faire mal. Je suis désolé, Tarah, j'aurais dû te demander la permission. Je suis mort de faim depuis des heures, je ne me suis pas posé de question. Je n'y ai jamais été habitué.

vampire-0.jpgPrince était aussi un vampire. Il m'avait mordue et mon esprit avait composé de toutes pièces tout ce que je venais de vivre.

  • - Où la vérité s'est elle arrêtée ? Voulus-je savoir, car pour mon équilibre mental, bon sang, il me fallait savoir !

  • - Je t'ai embrassée, j'ai posé les mains sur tes hanches et j'ai déposé un chapelet de baisers depuis ta bouche jusqu'à ton cou. C'est tout.

Je frissonnai violemment, tandis que les larmes me montaient aux yeux. Comment continuer en ayant eu de telles visions ? Je tâchai de trouver des solutions, même provisoires, pour garder la face. C'était de sa faute. Voilà une excellente solution. A présent, accrochée à elle de toutes mes forces, je me concoctai une façade avenante.

  • - Aucun souci, tu as bien fait, est ce que ça va mieux ? Je me sens bien, tu n'as pas beaucoup bu, si ?

  • - Non, mais cela me suffira pour quelques jours. Merci beaucoup, Tarah.

A en juger par sa mine hésitante, il ne me croyait pas. Pourtant il me laissa le pousser vers la salle de bain. Je m'étendis sur le lit avec un roman que je venais de trouver dans la table de chevet. Une histoire policière donc il fallait se concentrer, en serais-je capable ? J'avais réussi et lorsque Prince sortit de la pièce attenante dans un nuage de vapeur, une serviette passée autour de la taille, je ne lui lançai qu'un regard chaleureux en me replongeant bien vite dans ma lecture.

Yule était invitée à dîner et après le sort qu'ils jetteraient ensuite, Prince et moi rentrerions chez elle – chez lui aussi, pour qu'il puisse voir ses parents adoptifs le lendemain dès le petit déjeuner.

  • - Dis-moi, questionnai-je la panthère de lune, tu disais ne pas avoir de chez toi, pourtant la maison de Yule n'est elle pas aussi ta maison ?

  • - Je n'y suis jamais resté assez longtemps pour ressentir ce genre de choses. Dès que j'ai été en âge de comprendre et d'agir, c'est à dire à six ans, j'ai commencé à vadrouiller partout et à accepter l'hospitalité des gens.

  • - Mon Dieu mais c'est très tôt, n'était-ce pas dangereux ?

  • - Les gens savent qui je suis, ils craignent les foudres des Dieux s'ils s'attaquent à moi, du moins tous sauf les gnomes, visiblement.

Le dîner se passa en une suite de remémorations de notre périple et en mises au point de la formule dont les elfes se serviraient. Yule avait amené la potion qu'elle avait eu le temps de préparer.

Nous y étions. Le repas avait fait du bien à chacun, nous avions des traits plus détendus, même si je savais que Prince était agité sous son masque chaleureux. Plus nous nous rapprochions de ses parents, plus son malaise enflait. Nous nous rendîmes dans une pièce presque vide, qui ne contenait que des fioles et autres contenants amplis de substances étranges. Une pièce exprès pour la pratique pour la magie, expliqua le couple, même s'ils ne s'en servaient presque jamais. Ils nous assirent au milieu, Prince, Yule et moi. Luna et Zéphir, restés debout, se mirent à tourner autour de nous. Nous avions tous bu un peu de la potion, une mixture absolument répugnante, allez savoir ce qu'il y avait là dedans. Prince et moi nous concentrions sur la panthère, pourtant la formule scandée par les trois elfes résonna à mes oreilles comme une rengaine impossible à écarter d'un esprit malade.

- Panthère de ténèbres, nous t'en prions,

Viens à nous, livre-toi pour de bon,

C'est important, nous sommes perdus,

Et tu connais l'issue, nous en sommes convaincus,

Alors pour l'amour des dieux, des esprits,

Par notre volonté, qu'il en soit ainsi.

 

La louve et le prince 45.

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11 juillet 2010 7 11 /07 /juillet /2010 07:38

La louve et le prince, tous les articles.

La louve et le prince, résumé.


 

- Je ne sais pas, avoua-t-il, ce sont les seuls renseignements qui sont apparus à mon esprit.

  •  

Chacun digéra la nouvelle en quelques secondes, avant que le visage de tous n'exprime de nouveau la détermination. Sauf lui-même, qui avait été affaibli par l'utilisation de la magie. J'effleurai son épaule dans un sourire que je voulus angélique. Je savais que j'en étais capable, mon jeune visage aux larges boucles blondes favorisant l'effet recherché.

  • - Bon c'est une bonne nouvelle, tu vas bien et tu as la réponse, positivai-je, en route.

blonde-7.JPGJ'adressai à l'elfe courageux un regard appuyé, avant d'entamer la transformation qui ferait de moi un monstre grotesque entre l'homme et l'animal. Je n'avais pas supporté cet air dépité partagé par les deux brunes elfes. Il venait de durement obtenir ce que nous voulions, qui étaient-elles pour lui reprocher le résultat ?! Tandis que Luna ajustait le harnais autour de moi, je réalisai comme j'étais nerveuse, cause de cette violente réaction. J'ignorais si cela venait de la distance à parcourir, ou de la mission en général. Qu'importe, maintenant j'étais près de Prince, panthère noire au pelage luisant et nous pouvions courir. La louve adorait courir, aussi lui laissai-je les commandes. Les elfes nous guidaient en suivant le nord grâce à la position du soleil, supposai-je. Parfait, ne pas réfléchir cela me convenait parfaitement.

Lorsque je compris que s'ils tiraient comme cela c'était peut être qu'il fallait arrêter, dix minutes s'étaient bien écoulées depuis qu'ils avaient commencé à le faire.

  • - Stop !

Il fallait croire que le vacarme que je percevais depuis si longtemps était en réalité un mot. Dommage, j'aurais bien couru davantage. Je redevins femme, puis telles furent mes premières paroles :

  • - Encore quelques minutes, plus on avance mieux c'est non ?

L'air amusé Zéphir désigna le ciel. Le point aveuglant qui perçait d'ordinaire le toit de feuillages n'était plus, la pénombre régnait. Nous avions couru des heures. Les elfes n'en pouvaient plus.

  • - Je vais chercher un lapin cette fois, souris je en direction de Prince.

Il fit la tête mais me laissa faire. Ainsi je pus profiter de quelques minutes supplémentaires dans ma forme de prédilection. En redevenant louve, je m'étonnai de ne pas avoir du tout souffert de ma nudité offerte aux yeux de tous l'instant d'avant. Cela me faisait un peu peur, qu'étais je train de devenir peu à peu ? Lorsque l'on s'éloigne des codes instaurés par les humains et que l'on est un loup garou, je jure que c'est effrayant. Je craignais que Terra m'emprisonne dans ma nature monstrueuse, sans codes ni contraintes. Je me concentrai donc bien vite sur mon visage de blonde humaine aux prunelles noisette. Quelques minutes plus tard, je ramenai ma trouvaille pour la partager avec Prince. Je dus l'attendre, ils n'étaient pas encore rentrés de la cueillette.

Lorsqu'ils furent là, nous dévorâmes nos repas puis nous couchâmes comme la veille. La nuit fut régénératrice. Le lendemain nous courûmes avec une force renouvelée et le soir nous fûmes devant l'une des entrées des grottes elfiques.

La douche ! Un grand bonheur. Toutes mes inquiétudes à propos de l'effet inquiétant de Terra sur ma personne se dissipèrent, comme l'eau coulait sur mon corps pâle. Lorsque je sortis de la salle de bain, Prince ne cacha pas son regard gourmand. Je... Je... J'étais sortie nue... Sans précipitation, je m'emparai d'une serviette pour la draper sur moi, vaguement coléreuse envers moi-même. Il se leva du lit où il attendait son tour. Ce regard... Maintenant il était contre moi.

  • - Tu étais mieux tout à l'heure...

Sa voix était si rauque qu'à elle seule, elle fit naître en moi un désir incontrôlable. Vaguement, je rappelai mes craintes sur ma nature de plus en plus animale. Qu'est ce que... Il défit mon nœud sommaire, la serviette tomba à nos pieds. Ses doigts s'agrippèrent à ma taille, tandis que je me noyais dans mes émotions, en sachant pertinemment que lui ne s'embarrassait sans doute pas de tout cela. Et que c'était dangereux. Il m'embrassa, cela fut si précis, si intense que mes craintes se mêlèrent à mon esprit pour devenir indistinctes, indéchiffrables. Je me mis donc à trembler doucement. Je pris ses mains et les fis glisser sur ma peau. Il les pressa sur mes seins ; alors, une nouvelle vague de douleur me mordit le ventre. Maintenant, il traçait un chemin de baisers : la bouche, le menton, le cou, l'épaule. L'instant d'après, il me poussa contre le mur. Ses mains voyagèrent sur mon corps partout où c'était bon, me faisant gémir bien des fois. Je l'implorai d'entrer en moi et il me l'accorda. Je m'agrippais à ses épaules tandis qu'il grognait tout son soul.

Maintenant il me tenait dans ses bras et me souriait tendrement.

  • - Tu es très belle quand tu crois jouir.

Quelque chose comme une réalité occulte plana à mon esprit, mais je ne pus saisir de quoi il s'agissait.

  • - Quand je crois jouir ? Répétai-je, mal assurée. Je ne simulais pas, Prince.

La réalité se précisa doucement. Mon corps n'était pas moite comme une seconde auparavant, il était sec et propre depuis que j'étais sortie de la salle de bain.

  • - Nous n'avons pas réellement fait ce que tu crois, expliqua la panthère de lune. J'ai bu ton sang et ton esprit a tissé ce qui correspondait aux sensations que tu as ressenties, car j'en ai décidé ainsi, pour ne pas te faire mal. Je suis désolé, Tarah, j'aurais dû te demander la permission. Je suis mort de faim depuis des heures, je ne me suis pas posé de question. Je n'y ai jamais été habitué.

La louve et le prince 44.

 

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5 juillet 2010 1 05 /07 /juillet /2010 22:44

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La louve et le prince, résumé.


 

- Je vais prononcer seul la formule pour trouver le chemin de la maison, ne discutez pas, j'ai eu assez de mal à convaincre ces deux là, nous avons déjà rassemblé les ingrédients de la potion, j'ai la formule, je me lance.

Il attendait tout de même notre accord, son paisible regard brun posé sur nous avec assurance, c'était une question de respect. Il grimpait dans mon estime chaque jour un peu plus, voilà un homme qui était parfait. Mes yeux gris volèrent jusqu'à Luna, qui l'observait avec un mélange d'estime, de confiance et d'amour. Voilà ce que devait être un couple parfait, sans faille aucune, réfléchis-je alors.

  • - Es-tu bien certain de supporter deux utilisations de la magie en quelques heures, s'affola elfe foretpourtant Yule ?

Il hocha fièrement la tête, mais atténua cette attitude par ces paroles pondérées :

  • - Si je sens que cela ne va pas, je n'insisterai pas, assura l'elfe dont les cheveux blond vénitien semblaient rayonner autour de lui.

On sentait bien qu'il venait de dire la même chose aux autres, et s'ils avaient donné leur accord je ne me voyais pas refuser, je ne connaissais rien à ce monde.

  • - D'accord, fis-je doucement, peinant à considérer que mon avis avait un poids quelconque.

Yule grimaça.

  • - Vote blanc, déclara-t-elle.

Zéphir eut un tendre sourire.

  • - Ne t'inquiète pas, jolie puce.

Mes sourcils se haussèrent de leur propre initiative, mais les traits de Luna se déformèrent bien plus et ce n'était pas beau à voir. Son amour le remarqua aussi ; visiblement heureux qu'elle fût jalouse, il lui donna un baiser exigeant. Je détournai les yeux, mais seulement après un temps. Un tel spectacle emprunt de douceur, apaisait mes tensions en allégeant mon cœur. Lorsque je regardai ailleurs, ce fut vers Prince, même si je ne fus pas désireuse de m'en avouer la raison. Je fus surprise de rencontrer ce regard enfiévré que j'adorais lire sur son visage félin. Quelques secondes s'égrenèrent, à l'issue desquelles il me sembla que nous nous étions parlé. Mais ce fut comme si aucun sens n'était résulté de cette discussion. Puis le temps reprit son cours. Tous les regards se tournèrent vers Zéphir, qui préparait la mixture. Cela semblait poisseux, la couleur brune achevant de la rendre repoussante. Puis il s'assit en tailleur comme j'étais dorénavant habituée à le voir faire pour réciter la formule. Ce faisant, il versa le mélange au sol, avant de l'effleurer des doigts, les yeux bien fermés.

- Forces végétales, eau claire, esprits des lieux,

Aidez-moi, à travers l'espace, à y voir mieux,

Chez moi je veux me rendre, ici et maintenant,

S'il vous plaît, veuillez tout de suite me montrer comment,

Que ma volonté soit faite grâce à vous, immédiatement.

La formule emplit l'air de nombreuses fois, je comptai pas un réflexe ridicule. Il ne dessina rien se spécifique dans le sol boueux à cause du liquide versé. Mais seulement seize récitations suffirent, constatai-je lorsque radieux, il rouvrit grand les yeux émeraude. La voix un peu chevrotante, le visage baigné de sueur, il annonça d'un ton rassurant :

  • - C'est très facile. C'est tout droit en gardant le cap vers le nord.

Effectivement, sa main indiquait le haut de la bouillie qui gisait devant lui. Émerveillée, je savourai cet instant de réussite.

  • - Est-ce loin, Zéphir ? Questionna Yule, sans cacher qu'elle espérait une réponse négative.

Elle put lire la réponse décevante, comme chacun de nous, avant même qu'il ne prononcer les mots adéquats.

  • - Je ne sais pas, avoua-t-il, ce sont les seuls renseignements qui sont apparus à mon esprit.

Chacun digéra la nouvelle en quelques secondes, avant que le visage de tous n'exprime de nouveau la détermination. Sauf lui-même, qui avait été affaibli par l'utilisation de la magie. J'effleurai son épaule dans un sourire que je voulus angélique. Je savais que j'en étais capable, mon jeune visage aux larges boucles blondes favorisant l'effet recherché.

  • - Bon c'est une bonne nouvelle, tu vas bien et tu as la réponse, positivai-je, en route.

  La louve et le prince 43.

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5 juillet 2010 1 05 /07 /juillet /2010 22:07

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La louve et le prince, résumé.


 

  • - Oui, cela va de mieux en mieux. Il a fini par comprendre que j'attendais son aide en lui avouant ce que j'avais fait. J'ignore par quel miracle.

Pour ma part je connaissais la substance de ce prodige, mais je me gardai bien de le lui dire. Elle le savait probablement au fond d'elle, du reste.

  • - Alors c'est une question de temps, l'encourageai-je.

  • - Je prie les Dieux pour cela, avoua-t-elle en baissant le ton, probablement consciente de la futilité de sa prière, en comparaison de ce qui nous occupait par ailleurs.

  • - Il est avec Prince, à la rivière, si tu veux les rejoindre, lui indiquai-je.

Elle apprécia l'idée. Elle me quitta donc, medehors-en-vert.jpg laissant de nouveau seule. J'observai sa silhouette de brune fluette, ses longues jambes bien assurées dans la forêt épaisse, son corps balançant au rythme de sa progression gracieuse. Les minutes s'égrenaient et les yeux posés sur Yule qui dormait paisiblement, les idées tourbillonnaient dans ma tête bourdonnante. Je n'avais pas de musique ici, mais chez moi j'avais l'habitude de rêver éveillée sur les mélodies. Je souris à l'idée des mauvaises langues qui avaient toujours prétendu que j'étais nulle de ne jamais reconnaître personne tant qu'on ne me parlait pas, dans la rue. C'était parce que je n'étais pas vraiment là, concentrée sur des mondes imaginaires. Mais il est compliqué d'avouer à votre famille, que vous sortez vous promener avec votre musique, pour vous évader de la vie dont elle fait partie intégrante.

Je pouvais me priver des chansons. Je me construisis une vie de battante, les babines retroussées, je serais la louve qui sauverait ceux qu'elle aimait. Mon amant était un guerrier aussi, l'arc au poing, monté sur un cheval noir aux crins blancs. A nous deux, nous serions maudits par les brigands et ferions l'objet de prières chez les misérables.

J'en étais au moment où il m'embrassait, lorsque Yule s'éveilla enfin. Ses paupières battirent une poignée de secondes, révélant ses tendres yeux anthracite.

  • - Bonjour, la belle au bois dormant, souris-je gentiment.

  • - Oh, j'ai atrocement mal à la tête, se plaignit-elle d'une toute petite voix.

Elle ne chercha pas à s'asseoir si vite, en sage qu'elle était. C'était un réflexe bien humain, que de tâcher immédiatement de faire preuve de courage et de force, lorsque ça allait mal. Les yeux dans le vague, elle réfléchit un peu puis se rappela :

  • - Nous avons échoué. Il faudra trouver une autre piste.

Je m'étonnai toute seule que Luna n'en ait pas parlé, mais expliquai à l'elfe où étaient les autres et la substance des plans que nous avions élaborés. Je remarquai à son expression douloureuse qu'il était mal aisé pour elle, de se concentrer si vite sur mes paroles impatientes. Je ralentis donc mes explications, puis en répétai certaines bribes à sa demande. Elle donna son accord lorsque les autres revinrent du cours d'eau. Nous les avions entendus venir de loin, ils riaient à propos d'un oiseau-mouche qui avait pris la tunique de Luna pour une fleur, de par ses couleurs chatoyantes. J'enviai leur légèreté, pour ma part un poids pesait sur ma poitrine. Parler de notre mission m'avait ramenée à elle. La guerre contre les Spares, la nécessité de retrouver les parents de Prince pour les vaincre. La forêt menacée pendant que nous buttions devant les obstacles. Telle devait en être la substance. A mon tour, j'accompagnai Yule à la rivière. Je l'aidai doucement à se relever, puis la soutins pour marcher. Aussi, je ne fis que croiser Prince sans oser chercher dans ses yeux d'or ce que je rêvais d'y trouver. Une émotion quelconque, comme le guerrier de mon rêve en exprimait à chaque regard, même furtif.

Nous mîmes un certain temps à gagner le cours d'eau, car l'elfe était mal habile sur ses jambes fragiles. Nous ne parlâmes pas, durant un long moment. Enfin, nous fûmes à quelques pas de l'eau. J'ôtai tous mes vêtements, comme Yule, puisqu'elle n'avait eu aucune hésitation. L'eau me fit un bien fou, tandis qu'il régénérait visiblement l'elfe par sa fraicheur. Lorsqu'elle ouvrit enfin les paupières, elle nota qu'une gravité planait sur mes traits d'ordinaire tellement doux. Elle devina qu'il s'agissait de la guerre et aussi de Prince.

- Tout cela se règlera tôt ou tard, de façon heureuse ou malheureuse, philosopha-t-elle. En attendant il faut prendre patience. Allège ton cœur, car il n'y a qu'aux esprits sains que la vie daigne sourire, Tarah.

Je hochai la tête, charmée par la véracité si simple de ses paroles, prononcées avec une affection non dissimulée. Nous prîmes notre temps pour repartir. Mais lorsque nous le fîmes, elle n'avait plus besoin de mon appui pour parcourir aisément la forêt qu'elle affectionnait. Le groupe était là, armé de bonne humeur ; à présent je savais qu'il s'agissait d'un moyen d'attirer le succès. Zéphir déclara à notre arrivée :

  • - Je vais prononcer seul la formule pour trouver le chemin de la maison, ne discutez pas, j'ai eu assez de mal à convaincre ces deux là, nous avons déjà rassemblé les ingrédients de la potion, j'ai la formule, je me lance.

Il attendait tout de même notre accord, son paisible regard brun posé sur nous avec assurance, c'était une question de respect. Il grimpait dans mon estime chaque jour un peu plus, voilà un homme qui était parfait. Mes yeux gris volèrent jusqu'à Luna, qui l'observait avec un mélange d'estime, de confiance et d'amour. Voilà ce que devait être un couple parfait, sans faille aucune, réfléchis-je alors.

 

La louve et le prince 42.

 

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23 juin 2010 3 23 /06 /juin /2010 17:27

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La louve et le prince, résumé.


 

Finalement il n'y eut plus que ses yeux dorés, puis son visage entier. Nous étions troublés tous deux, les images s'attardaient à notre esprit embrumé. Prince serra les mâchoires. En inspirant à fond pour calmer les sensations dans mon corps de gamine, je me rapprochai à quatre pattes vers son visage si troublé. Lorsque je joignis nos lèvres en m'installant contre son torse, les jambes par-dessus les siennes, il se pressa contre moi. Il leva les mains sans trop savoir quoi en faire, tremblant. Enfin elles se refermèrent sur mes cuisses et des miennes, suivant un instinct ancestral, je les invitai à monter doucement. Mon gémissement mourut sur ses lèvres, qui sourirent sur les miennes. Heureux de cette première expérience, il appuya son front contre le mien, radieux, le souffle court.

songeur.jpgEn tant que lycan, mon ouïe était meilleure que celle des humains. Aussi pouvais-je entendre Prince se calmer contre moi, lentement, tout en accordant mes propres fonctions vitales aux siennes, pour partager ce moment avec lui. Les battements de son cœur avaient ralenti de même que sa respiration, quand Zéphir ouvrit les yeux. Il grogna et déplora dès qu'il se rappela ce qui s'était passé tôt ce matin là :

  • - Cela n'a pas marché... Ce n'était pas une panthère de lune.

  • - Non, acquiesça Prince.

  • - Nous allons tenter un autre enchantement pour que tu puisses aller lui parler dans sa langue en pensée.

La blonde créature d'aspect tellement frêle eut un léger vertige, se stabilisant tant bien que mal en s'agrippant à l'herbe près d'elle. Il n'était pas nécessaire d'être l'une des leurs pour comprendre qu'ils en faisaient trop ces derniers temps. Or la magie avait toujours un prix, c'était évident.

  • - Ce sera compliqué non, devinai-je ? Et épuisant ?

  • - Oui mais bon sang, on y arrivera, et cela dès ce soir !

J'échangeai un regard avec la panthère de lune, afin qu'elle me vînt en aide. Nous ne pouvions pas les laisser faire, pas aussi vite après cette tentative.

  • - Ne t'emporte pas, Zéphir, tenta Prince, rentrons plutôt chez vous, pour que vous ayez un repos et un repas dignes de ce nom, et alors vous serez en état d'essayer ce que tu dis.

L'elfe s'ébroua pour enfin sortir de son engourdissement, le regard coléreux.

  • - Nous verrons avec les autres. Je vais me débarbouiller à la rivière.

  • - Je t'accompagne, dit Prince, on ne sait jamais quand vient le danger.

Je me sentis aussitôt soulagée : le sage tenait à peine en équilibre, seul il aurait été beaucoup trop vulnérable. Ils s'éloignèrent et je me sentis tellement seule qu'il me fallut d'urgence quelque chose à quoi me raccrocher. Je fermai les yeux. J'étais à la maison. Mon père entrait et s'asseyait sur mon lit. « Viens Tarah, ma puce. » Je m'asseyais près de lui. « J'ai une mission à te donner. Tu vas séduire Kenzo, le roi des loups garous. » Je secouai la tête, non, j'étais ici, dans un monde qui avait besoin de moi. Mes parents n'étaient plus là, ni Callista, qui les avait remplacés pendant une courte période.

  • - Pourquoi pleures tu, Tarah ?

C'était Luna, encore un peu endormie, qui tentait de se relever sur les coudes. Je fis non de la tête, désireuse qu'on me laisse tranquille.

  • - On va rentrer à la maison, tout ira mieux après, sourit-elle. Tu pourras me parler dès que tu le voudras, ma belle.

J'opinai silencieusement. C'était cela, que l'on retrouve un intérieur agréable et je me sentirais mieux. Nous restâmes longtemps silencieuses, mais finalement elle me fixa un moment.

  • - Il ne veut plus me faire l'amour, me confia-t-elle.

J'eus un léger choc. Si on m'avait dit quelques semaines auparavant, que l'on me parlerait d'intimité aussi crûment, je me serais moquée avant d'aller lire un roman d'adolescente. Mais les temps dorés étaient derrière moi. Ici on me croyait en âge d'absolument tout entendre ou dire, de tout faire aussi. Mon devoir était de ne détromper personne à ce propos. Sinon je ne méritais pas d'être ici. Je devais me montrer à la hauteur.

  • - Oh... Mais vous avez pourtant l'air d'avoir récupéré une grande tendresse ! Répondis-je après une courte réflexion en ce sens.

C'était mal aisé, car le lycan en moi voulait les attaquer, ces êtres qui me gênaient avec leurs exigences.

  • - Oui, cela va de mieux en mieux. Il a fini par comprendre que j'attendais son aide en lui avouant ce que j'avais fait. J'ignore par quel miracle.

Pour ma part je connaissais la substance de ce prodige, mais je me gardai bien de le lui dire. Elle le savait probablement au fond d'elle, du reste.

  • - Alors c'est une question de temps, l'encourageai-je.

  • - Je prie les Dieux pour cela, avoua-t-elle en baissant le ton, probablement consciente de la futilité de sa prière, en comparaison de ce qui nous occupait par ailleurs.

  • - Il est avec Prince, à la rivière, si tu veux les rejoindre, lui indiquai-je.

La louve et le prince 41.

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22 juin 2010 2 22 /06 /juin /2010 22:00

La louve et le prince, tous les articles.

La louve et le prince, résumé.


 

  • - Callista m'a dit comme une confidence, qu'elle avait souvent fait l'amour devant toi, elle était gênée maintenant qu'elle savait que tu étais humain.

Il rougit. Mais je devais savoir, aussi avançai-je pied à pied, d'autant que cela me permettait grave-2.jpgd'acquérir une contenance. Il m'avait complètement perdue en route, je ne comprenais rien à ce qu'il faisait avec moi. S'il me croyait assez forte pour jouer avec moi sur ce terrain, qui pourtant n'était à mon avis pas le meilleur, alors oui, j'allais être assez forte. Mais à ses dépens, et c'était de bonne guerre.

  • - Alors quoi, fis-je narquoise, tu fermais les yeux pendant ce temps-là ?

Maintenant il était d'un écarlate profond, aussi un sourire incontrôlable s'empara-t-il de mes lèvres pâles.

  • - Et bien... Non, en fait, mais je n'ai jamais su si c'était sa façon de faire à elle ou si c'était normal.

Un « montre moi » faillit franchir mes lèvres mais je me ressaisis à temps. Tarah, me dis-je, il ne t'aime pas, tu regretterais.

  • - Pourquoi ce changement d'expression ? S'inquiéta-t-il. Tu viens de réaliser que c'est dégoûtant ?

  • - Mais non, Prince, fis-je avec un très grand sérieux, après un court silence.

Alerte rouge, tu devrais trouver ça dégoûtant, compris-je, mais du moment que c'est lui ton jugement s'altère.

- Je peux te dire si c'étaient des pratiques étranges si tu veux.

Hop, petit clin d'œil qui va bien, songeai-je en lui adressant ce signe de fraternité. Je me sentais nettement mieux. J'avais repris le contrôle de la situation, de mes ressentis. Il se ressaisit, de son côté, de nouveau beau, assuré. A cet instant je compris que ce n'était qu'une façade. Le jour où je m'en convaincrais, je me sentirais bien mieux à propos de notre relation étrange.

  • - Ils... commençaient par beaucoup d'attouchements, commença-t-il, à la fois grave et avenant.

  • - Normal, assurai-je d'un ton à la fois tranchant et léger, pour cacher que c'était une conversation des plus gênantes.

Penser que lui aussi le savait, mais que ce minois détendu était des plus factices, me rassura grandement.

  • - Bon... Et ensuite, ils continuaient...

Il eut un large sourire. Il plongea le regard plus profondément dans le brun du mien. J'eus l'impression qu'il aspirait mon esprit, sans me laisser une chance de m'échapper pour reprendre le contrôle.

  • - Détends-toi, lycan, souffla-t-il, mais sa voix me parut si lointaine que ma peur redoubla.

Soudain je compris ce qu'il se passait : il cherchait à m'hypnotiser, mais ma nature me permettait de beaucoup mieux lutter que le commun des mortels. Il m'adressa un clin d'œil à son tour. Alors je lui fis confiance. Dès que je décidai de lâcher prise, le vampire créa des images à mon esprit. Je n'aurais jamais dû voir Callista faire ce genre de choses. Même dans l'ambiance romantique, tamisée, enjolivée par l'affection que Prince lui portait, et qu'il me transmettait par l'hypnose, les images me mirent mal à l'aise. C'était un peu violent, et complètement débridé. Mais ce n'était pas sanglant. J'avais entendu, par des bruits de couloir, que les lycans, avaient des relations beaucoup plus violentes, entre eux. Les vampires partageaient probablement cette caractéristique avec les loups-garous. Seulement Prince avait vu l'immortelle avec des humains. Or ceux-ci étaient beaucoup plus fragiles que nous, on les brisait d'un seul geste malheureux.

- C'étaient des relations à peu près normales, conclus-je lorsqu'il libéra lentement mon esprit, comme une vague se retire pour rejoindre la mer.

Finalement il n'y eut plus que ses yeux dorés, puis son visage entier. Nous étions troublés tous deux, les images s'attardaient à notre esprit embrumé. Prince serra les mâchoires. En inspirant à fond pour calmer les sensations dans mon corps de gamine, je me rapprochai à quatre pattes vers son visage si troublé. Lorsque je joignis nos lèvres en m'installant contre son torse, les jambes par-dessus les siennes, il se pressa contre moi. Il leva les mains sans trop savoir quoi en faire, tremblant. Enfin elles se refermèrent sur mes cuisses et des miennes, suivant un instinct ancestral, je les invitai à monter doucement. Mon gémissement mourut sur ses lèvres, qui sourirent sur les miennes. Heureux de cette première expérience, il appuya son front contre le mien, radieux, le souffle court.

 

La louve et le prince 40.

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