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15 avril 2012 7 15 /04 /avril /2012 16:44

nue-triste.jpgJe lui rendis sa place de meneur avec plaisir et un moment plus tard nous étions tous dehors, soulagés. Mais je n'en avais pas terminé : je passai encore fort longtemps à expliquer aux gens comment et dans quel ordre manger ce que je leur avais dit d'emporter. Puis je me rassis et mordis vaillamment dans mon sandwich pain de mie foie gras. La première bouchée fut hésitante, mais ensuite je me découvris effectivement affamée.

  • - Qu'est-ce qu'il reste à voir, ensuite ? Me questionna Gareth.

  • - L'électroménager, le petit électronique, la papeterie... je crois que c'est tout.

Je me sentis harassée à l'idée de retourner à l'intérieur. J'envisageais de les emmener dans des boutiques spécialisées où l'odeur nauséabonde ne rendrait pas la tâche aussi désagréable, lorsqu'il conclut dans un sourire malicieux :

  • - Tu vois, c'est bientôt fini. Tu t'en es bien sortie.

Je ris de bon cœur, nerveusement, mais heureuse d'entendre quelque chose de drôle. Je lui expliquai mon plan pour la suite, qu'il accepta sans problème.

  • - Ensuite il faudra aller dans une bibliothèque pour qu'ils apprennent à réaliser eux-mêmes les produits qu'ils ont vus aujourd'hui. Je ne m'y connais pas en énergies, par exemple, comment faites-vous marcher vos machines, vous ?

Gareth réfléchit à ma question, comme si elle n'aurait pas dû se poser en principe.

  • - Les matières qui les composent les rendent autonomes. Ne t'inquiète pas, la bibliothèque c'est une bonne idée, ainsi ils trouveront par quoi remplacer ces matériaux. Il faudra aussi nous indiquer où on trouve les animaux dont tu parlais. Ceux qu'on mange, sourit-il.

Je formai le vœu qu'ils ne seraient pas tous morts de faim, j'avais eu mon lot d'horreurs pour la journée. Je secouai la tête.

  • - Pourquoi m'avoir choisie moi ? Pourquoi pas un guerrier comme Liam, quelqu'un qui aurait trouvé que respirer le fumet de la pourriture n'est qu'un détail insignifiant ? Questionnai-je le prince à mi-voix.

Il arbora un autre sourire mystérieux. J'avais couché mon corps équin près de lui, si bien qu'assis, il me surplombait légèrement. J'aimais bien cela, car je ressentais ainsi une impression de normalité. Me trouver près d'un homme plus grand moi m'avait toujours rassurée ; aujourd'hui cela me manquait souvent cruellement. Je crus qu'il ne répondrait pas, mais il se pencha à mon oreille pour m'expliquer :

  • - C'est toi que Liam a vue, simplement, Aliénor. Ce qu'il voit fait sens à ses yeux.

Ses paroles n'auraient pas dû clarifier les choses, n'est-ce pas ? Pourtant, au fond de ses yeux sombres, avec une intensité intimidante, le message m'était aussi clair que s'il l'avait énoncé en toutes lettres. Le guerrier m'avait vue et dès lors, il m'avait voulue, tout simplement. Le simple fait de visualiser le guerrier, si musclé, blond, à la peau parfaite, au si mystérieux regard abyssal, me donna un élancement dans la poitrine. Je m'ébrouai. Gareth me sourit d'un air attendri. Mon regard se fit fuyant tandis que j'avouais :

  • - Je l'aime tant, je sais que ce n'est pas naturel. Ça me fait peur.

Il me sourit encore, sans me contredire. D'un geste doux et naturel, il posa une longue caresse le long de mes épaules, qui de nouveau, me fit frissonner. 

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15 avril 2012 7 15 /04 /avril /2012 16:18

Je hochai profondément la tête. Il parut saisir à cet instant que sur Terre, il ne serait pas toujours possible de vivre aussi légèrement vêtus que ce jour-là. Qu'à présent, il faudrait apprendre à fermer les fenêtres. Je pouvais comprendre que même si on lui avait fourni les chiffres, il n'avait pas réalisé les incidences pratiques. Il ne pouvait simplement pas concevoir ce qu'il n'avait jamais connu. Son expression s'assombrit violemment.

  • elfe-2.jpg- Mais on ne descend jusque-là que rarement, me rattrapai-je. Vous n'aviez pas de saisons sur Xivia ?

  • - Bien sûr que si, se moqua-t-il. La moitié de l'année il fait vingt degrés environ et l'autre, vingt-huit. Environ.

Je remerciai intérieurement leurs scientifiques, que je soupçonnais de ne pas avoir voulu inquiéter la population avec ce genre de détails désagréables. Je jetai un coup d’œil circulaire sur tous ces humains d'une autre terre. Ils paraissaient désorientés.

  • - Je suis désolée de vous apprendre, lançai-je plus fort, qu'ici il y a quatre saisons.

J'expliquai tout cela et lorsque j'eus fini les gens semblaient déprimés.

  • - Mais vous allez aimer, repris-je en me forçant à sourire.

Je leur expliquai les différences de couleurs, de fruits et de légumes, le cycle de la floraison, l'attente fébrile des premiers fruits dans le jardin, mais aussi les feux de cheminée, les jolis manteaux, le ski, la beauté d'une montagne enneigée ou d'un lac gelé. Cela fonctionna parfaitement, ils avaient tous hâte d'aller voir cela. Du moins, furent-il d'assez bonne composition pour l'affirmer. Une fois beaucoup d'échantillons récupérés, nous passâmes au rayon animaux. Les gens me regardèrent bizarrement tandis que j'expliquais les croquettes pour chiens, pour chats, les aliments pour rongeurs ou pour oiseaux.

  • - Mais vos animaux ne supportent ils pas les aliments primaires, demanda une femme ?

  • - Si, expliquai-je, déjà fatiguée, avant d'expliquer le pourquoi du comment.

Puis j'eus le malheur d'expliquer les jouets pour animaux et les friandises.

  • - Mais ne mangiez vous pas les animaux, sur Terre ? Demanda un homme ?

  • - Pas tous, je défends à quiconque de tuer un chat ou un chien pour les manger, tonnai-je. Ou même un cheval (j'avais toujours été contre, autant en profiter).

Bien sûr il fallut expliquer à quoi ressemblaient certains animaux. Du même coup je décrivis ceux qu'on mangeait, mais je m'arrêtai bien vite en concluant :

  • - Je vous montrerai sur un livre. Par ici pour le bricolage.

J'expliquai le peu que je savais, mais personne ne comprit grand chose. Ce fut plus facile au rayon jardinage et au rayon vêtements. Je m'assis dans un coin tandis que les gens piaillaient avec enthousiasme.

  • - Tu veux faire une pause ? Proposa gentiment Gareth. Je commence à avoir faim, je suis sûr que toi également.

Je fis signe que non, avec l'odeur nauséabonde qui planait toujours.

  • - Je vais ordonner qu'on sorte, on va faire un repas improvisé dehors, en conclut le prince.

Centaure d'un dieu 65.

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14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 01:14

Centaure d'un dieu, tous les articles.

Centaure d'un dieu, résumé

  • - Comment était ton propre multitâches ? Demanda-t-il curieux.

SOURIT-10.jpgJ'eus toutes les peines du monde à le lui expliquer mais lorsque ce fut fait il trouva cela fabuleux. Comme quoi on n'est jamais content de ce que l'on possède. Une fois toutes les fonctions expliquées nous étions presque devant le plus grand supermarché du centre ville. Nous passâmes les portes puis une mauvaise surprise nous accueillit : cela puait affreusement. Je compris assez vite de quoi il s'agissait.

  • - Dis-leur que c'est la viande qui est restée sur les étalages, ordonnai-je au prince, mal à l'aise.

  • - Tu peux leur parler personnellement, c'est de toi qu'ils attendent les informations.

Allons-y, déplorai-je en moi-même. Je me retournai et la foule s'arrêta en plissant le nez.

  • - Je suis désolée que telle soit votre première rencontre avec ma planète, souris-je.

  • - Mais non, me rassura une dame, c'était très joli, le fleuve, tout à l'heure.

  • - Il y a de très belles choses sur Terre, repris-je, mais pour la seconde l'odeur vient des denrées périssables abandonnées sur place, vous comprenez ?

Lorsqu'ils eurent hoché la tête je fis un geste pour qu'ils me suivent. Je commençai par les conserves et autre paquets non périssables. J'expliquai de quoi il s'agissait, des légumes, des céréales, des friandises. Les cuisiniers qui s'étaient saisis de paniers prirent quelques produits qui leur rappelait quelque chose, et d'autres qu'ils découvraient tout à fait. Par exemple sur Xivia on ne faisait pas de boissons au cola, puisqu'on n'avait pas de cola. On avait d'autres boissons énergisantes à base de substances tout aussi chimiquement transformées, me rassura Gareth, mais cette boisson toute noire les étonna grandement.

Ensuite on passa au rayon beauté. J'expliquai aux femmes les produits de beauté, et à tous, ce qui est indispensable à tout le monde : savon et produits nécessaires. Lorsque j'arrivai aux déodorants les gens ne comprirent visiblement pas.

  • - Mais pourquoi ? Finit par lâcher un homme plus courageux que les autres.

  • - Parce que la transpiration dégage une mauvaise odeur, fis-je en tombant des nues.

Les gens continuant à me dévisager, je levai un sourcil vers Gareth.

  • - Sur Xivia on ne trouve pas que ce soit une odeur à cacher. On n'a d'ailleurs pas d'odeurs à cacher. Le tout c'est de se laver après l'effort.

  • - Et aux toilettes ça ne vous est jamais venu à l'idée de mettre un système pour voiler les odeurs, par exemple ?

A présent, chacun souriait idiotement, parce que les paroles de l'autre lui paraissaient si dénuées de sens que l'humour devenait la seule option.

  • - Nous construisons des fenêtres dans nos toilettes.

Je hochai la tête, consciente de l'ironie de la situation.

  • - Quand il fait moins dix vous ouvrez aussi la fenêtre en permanence ? Contrai-je toutefois, simplement par curiosité.

  • - C'est vrai, parut-il se rattraper, les scientifiques qui ont organisé la migration nous ont expliqué qu'ici il existait des saisons très marquées.

Je hochai profondément la tête. Il parut saisir à cet instant que sur Terre, il ne serait pas toujours possible de vivre aussi légèrement vêtus que ce jour-là. Qu'à présent, il faudrait apprendre à fermer les fenêtres. Son expression s'assombrit violemment.

 

Centaure d'un dieu 64.

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14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 01:01

Centaure d'un dieu, tous les articles.

Centaure d'un dieu, résumé

  • - Je viens avec toi, m'indiqua le prince.

Il hocha la tête en effectuant le premier pas. Je posai un sabot en avant. Puis un autre. Finalement, nous nous éloignâmes du vaisseau, dont nous descendîmes la passerelle d'un bon pas.

  • ébranlée- Merci, soufflai-je. Je me sens un peu dépassée par les événements.

Je lui glissai un coup d’œil, pour voir s'il avait saisi qu'il ne s'agissait pas seulement, de façon très terre à terre, de cette expédition au centre commercial.

  • - Tu vas voir, ce ne sera rien d'insurmontable, assura-t-il.

Son intonation ainsi que la simple sonorité de sa voix furent autant de preuves qu'il avait bien saisi et que sa réponse était de même envergure. Je me retournais pour constater que presque tout le peuple nous suivait, quand Saphir m'interpella :

  • - Aliénor, une seconde.

Il nous rejoignit au pas de course et me tendit un bijoux. Un bracelet, notai-je éberluée. C'était une chaîne d'un métal orange, qui me rappelait le cuivre, mais d'une beauté impressionnante. Des breloques y étaient accrochées : certaines étaient de courtes chaînes d'or qui pendraient le long de mon bras sur quelques centimètres. Il y avait aussi de longues feuilles stylisées.

  • - C'est magnifique, soufflai-je, de l'émotion dans la voix.

  • - Je suis heureux que cela te plaise. C'est Gareth qu'il faut remercier. Il t'expliquera comment t'en servir. A ce soir, les enfants.

Je levai un sourcil en observant le prince qui me l'attachait en reprenant la marche. Lorsqu'il eut terminé il m'expliqua, désinvolte :

  • - Par rapport à ton caractère c'était évident que tel était ton style de bijoux.

  • - Étrange, m'étonnai-je.

  • - Ah les dieux, sourit-il. Bien, je vais t'expliquer, c'est facile. Tu demandes ce que tu veux de façon bien distincte et il te donne la réponse. Quelle heure est-il ? Questionna-t-il en s'adressant au bijou.

« Dix heures du matin, répliqua-t-il de la voix de Liam. »

J'écarquillai fortement les yeux mais imperturbable, il continua :

  • - C'est à la fois une montre, un téléphone, un agenda. Pour le régler il te suffit de lui parle comme je viens de le faire. Par exemple : Le quatre Août, rappelle-moi à minuit l'anniversaire de Liam.

« Bien, répliqua l'appareil de l'intonation la plus obéissante qu'aurait pu produire la voix du guerrier. »

Autant dire que je ne l'avais jamais entendu s'adresser à moi sur ce ton-là. Je souris malgré moi. C'était agréable, réconfortant, de savoir que je pourrais obtenir d'entendre le dieu que j'aimais sur simple requête verbale.

  • - Tu peux aussi changer la voix ainsi : je veux que ta voix soit celle de Gareth qui parle en ce moment.

« Bien, dit le joyaux de la voix du prince. »

Je pouffai :

  • - C'est génial !

Il arbora comme moi un air léger, saturé de sympathie et du soulagement induit de cet allègement de l'ambiance entre nous.

  • - Comment était ton propre multitâches ? Demanda-t-il curieux.

J'eus toutes les peines du monde à le lui expliquer mais lorsque ce fut fait il trouva cela fabuleux. Comme quoi on n'est jamais content de ce que l'on possède

 

Centaure d'un dieu 63.

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13 avril 2012 5 13 /04 /avril /2012 23:09

Centaure d'un dieu, résumé

Centaure d'un dieu, tous les articles.

  • - Je devrais aller avec eux, n'est-ce pas ?

  • - Ce serait très souhaitable, me sourit-Saphir. Réfléchis aux autres corps de métiers que tu pourrais emmener avec toi. Que trouve-t-on là où tu les emmèneras ? M'aida-t-il doucement.

shali-sofiane.jpgPourtant, le son-même de sa voix suffisait à me déconcerter. Il parlait doucement, ne souhaitant pas faire profiter le peuple de mes hésitations. Pourtant, les son que produisaient sa gorge ressemblaient à l'ordre des choses lui-même : implacable, supérieur au point qu'il paraissait incapable de saisir les tumultes de mes tracas. Je m'ébrouai. Puis je me concentrai.

  • - De la nourriture... Les conserves seront encore bonnes. De quoi écrire, du matériel de bricolage, de jardinage, des produits de beauté, du nécessaire de couture... Du matériel informatique... Je crois avoir à peu près fait le tour.

  • - C'est fou, lâcha-t-il, vous ne compartimentiez pas vos produits ? Quelle est la logique qui avait conduit les tiens à mélanger tout cela ?

  • - C'est plus pratique pour faire ses courses, répliquai-je du tac au tac.

Il haussa les sourcils mais se reprit bien vite. Enfin, un sourire étira mes lèvres. Cela me fit un bien tel que la vie sembla me revenir. Mes pensées se remirent en place comme par magie. Ce fut comme si je venais de remonter à la surface, sous laquelle j'aurais manqué me noyer.

  • - Les cuisiniers, les papetiers, les réparateurs, les jardiniers, les esthéticiennes, les couturières, les informaticiens, vous suivrez Aliénor et les ménagères dès que... Bon tout de suite, chaque chose en son temps. Ce soir à la tombée de la nuit, je veux que vous soyez tous revenus au vaisseau. A ce soir.

Il me poussa gentiment en avant mais je lançai un regard apeuré vers Liam.

  • - Viens avec moi, rageai-je.

  • - J'ai besoin de lui pour une expédition de reconnaissance, déplora son père, nous devons nous assurer que les environs ne nous réservent aucun danger. Il couvrira vos arrières. Seul il sera plus rapide.

J'échangeai un regard avec le guerrier. Mon cœur déborda d'amour, même si je me sentis ridicule dans le rôle de l'épouse éplorée par le départ du chevalier. Je le pris par l'épaule pour l'entraîner à l'intérieur du vaisseau, loin des regards de son peuple. Là, il m'interrogea de ses yeux abyssaux, écartant sa frange blonde en un geste nerveux qui m'émut presque aux larmes. Je pris ses mains.

  • - Tu vas me manquer. Je t'aime, avouai-je en un très bas murmure.

Il écarquilla les yeux, entrouvrit la bouche. Il posa ma main gauche sur son cœur, que je sentis battre comme un fou. Son souffle court secouait sa poitrine sans ménagements. Mais il ne dit rien. Il me serra contre lui. Je lui rendis son étreinte. Puis nous retournâmes là où l'on nous attendait. Mon appréhension me coupa le souffle, à l'idée de quitter le cocon rassurant que la famille divine avait fini par représenter à mes yeux.

  • - Je viens avec toi, m'indiqua le prince.

Il hocha la tête en effectuant le premier pas. Je posai un sabot en avant. Puis un autre. Finalement, nous nous éloignâmes du vaisseau, dont nous descendîmes la passerelle d'un bon pas. 

Centaure d'un dieu 62.

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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 22:34

 

Centaure d'un dieu, tous les articles.

Centaure d'un dieu, résumé

  • - Nous voici sur Terre, et la vision de Liam se voit confirmée, aucun terrien n'est là pour nous accueillir.

triste-2.jpgJ'eus peur de ma propre réaction mais il ne se passa rien. Rien de plus que le flot de larmes qui dégoulinait sur mes joues glacées. Pour la première fois mon pelage et ma condition de centaure me m'empêchèrent pas de remarquer combien le fond de l'air était frais. J'eus l'irrépressible envie de supplier Liam afin qu'il me suive dans ma chambre pour me border et caresser mes cheveux sombres pendant mes heures. Je voulais seulement gémir pendant quelques minutes. Je me redressai de nouveau, réalisant de nouveau que je m'étais affaissée. Gareth se pencha pour parler à l'oreille du guerrier. Je n'entendis pas, certaine en tout état de cause qu'ils bénéficiaient de tant d'années d'entraînement que je n'avais eu aucune chance d'y parvenir. Imperturbable, Saphir continuait :

  • - Nous voilà donc maîtres de cette planète. Comme vous le voyez, il reste des constructions. Je déclare ouverte l'expédition des architectes : allez et revenez voir Aliénor et moi-même. Comme prévu elle vous dira ce qui fait partie du patrimoine de sa planète et ne doit pas être détruit, elle vous expliquera les mœurs de son peuple en réponse à vos interrogations, coutumes dont nous préserverons les traces. Quant à moi, je veux être tenu au courant de tout projet définitif.

Un groupe de personnes se détacha du reste des rescapés. Une dizaine d'hommes et de femmes accompagnés d'environ autant de griffons – y-avait-il une explication magique, de par laquelle je ne les avais pas remarqués auparavant dans le vaisseau ? - étaient donc destinés à remodeler la ville pour un peuple entier... C'était une si grande tâche pour si peu de gens, réfléchis-je distraitement. Mais il était déjà heureux que des architectes fussent sauvés du fléau.

  • - Les ménagères, partez à la recherche de ce qu'il vous faut : eau, savon et autres produits nécessaires.

  • - Je peux leur donner quelques pistes, chuchotai-je comme un élève mal discipliné.

Mais ce fut avec un sourire éclatant qu'il hocha la tête :

  • - Aliénor se propose d'ores et déjà de guider vos recherches.

Lorsque le silence se fit, je compris que c'était pour tout de suite. Je me raclai la gorge, prenant douloureusement conscience que je n'avais jamais pris la parole devant une si large foule. Ce faisant, je notai également, avec une certaine ironie, que ma gorge trop longtemps serrée par mes larmes rendrait l'exercice douloureux.

  • - Il faut que vous alliez dans les magasins, commençai-je d'une voix minable.

Ce que je venais de dire me paraissait d'une idiotie proche de l'absurde, mais je durcis la voix. Ainsi elle devint franchement enrouée et trop aiguë, mais c'était toujours mieux que la performance précédente.

  • - D'après ce que j'ai compris, repris-je ainsi, les habitants ont disparu depuis moins d'un an. Les produits que vous cherchez seront encore utilisables. Il y a un supermarché, euh... Par là, tout droit, puis à droite sur le grand cours, à gauche, en descendant une petite rue...

Je m'arrêtai : j'avais perdu mon auditoire. Je baissai la voix pour m'adresser au dieu :

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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 00:54

 

Centaure d'un dieu, résumé

Centaure d'un dieu, tous les articles.

- Les enfants, debout, on se presse déjà pour poser des questions à Aliénor, il faut qu'elle soit là pour le peuple.

 

- Pardon ? M'indignai-je à peine réveillée.

espoir-porte.jpgMais il était déjà sorti. Le prince m'expliqua de son ancienne voix, celle d'avant la mort de Joyce, celle qui de sa chaleur avait toujours apaisé mon âme stressée :

  • - Pour la colonisation ils ont besoin de ce que tu sais de ta planète. Tu verras tu vas bien t'amuser.

 

Propres nous sortions des appartements de Gareth.

  • - Merci pour cette nuit, fit-il bien distinctement. Et pour les précédentes. Sans vous je n'en serais pas là.

Je le pris dans mes bras, me penchant sur son petit corps humain. Cela déclencha des choses en moi que je préférai ne pas exhumer jusqu'à un niveau de conscience moins confus. Je m'ébrouai. Son frère se contenta de lui serrer l'épaule.

Je n'avais pas été préparée à ce qui se passa ensuite. Arrivés au rez de chaussée une porte que je n'avais jamais remarquée était ouverte. Mon cœur manqua un battement lorsque je découvris un paysage connu : ce fleuve au bord duquel était construite la ville où je vivais lorsque le Guerrier m'avait attirée dans son monde.

  • - Hips ! Hips ! Hips !

Précipité, mon hoquet m'aurait terrassée si Liam ne l'avait pas aussitôt tué dans l'œuf. Mais ça n'allait pas mieux. Comment cela aurait-il bien se passer ? Ici, je m'étais promenée avec un ami. Je le revis trébucher sur un petit chien. Les deux étaient morts aujourd'hui. Là, un danseur de rue avait ramassé mon porte-feuille, tombé de mes mains chargées. Il était mort également. Une horrible céphalée me vrilla le crâne. Comment mes parents avaient ils occupé leurs vieux jours ? Avaient-ils pleuré ma disparition, lancé la terre entière à mes trousses ? Avaient-ils espéré, combien de temps avaient-ils cru que je réapparaîtrais ? Tous ces gens qui nous regardaient, pourquoi ne me laissaient-ils pas pleurer pudiquement en tournant la tête ?

  • - Laissez-moi passer ! Ordonnai-je en me détournant de la sortie.

Je bousculai la famille royale à mes côtés pour me précipiter en sens inverse. Mais à présent les couloirs déserts étaient d'un froid glacial. Je m'écroulai au milieu d'une allée, les bras serrés sur mes côtes. Des mains écartèrent mes cheveux sombres de mon vissage. Liam releva mon visage, l'air interrogatif. Sachant qu'il fallait lui expliquer, je ne pus qu'accumuler quelques mots :

  • - Tous ceux que j'aimais sont morts, aujourd'hui.

Il hocha la tête, de telle sorte que je compris qu'il s'était préparé à ce moment. J'aurais dû faire de même. Je comprenais à présent combien il paraissait logique que nous ayons atterri précisément là où j'avais vécu. A quoi bon choisir une ambassadrice si c'était pour la parachuter dans une région qu'elle ne connaissait pas parfaitement ? Mes pleurs redoublèrent pourtant. Il me serra très fort contre lui, me caressant les cheveux, me couvrant de mots tendres. Il déposa un unique baiser sur ma nuque, qui me fit sursauter violemment. A présent je tremblais. Il resta là un long moment à me caresser les épaules et à lustrer mon pelage équin. Il arriva simplement un moment, bien plus tard, où je réussis enfin à cesser de pleurer. A cet instant, il m'accompagna à l'extérieur, serrant ma main entre ses doigts.

  • - C'est bien, Aliénor, sourit Gareth lorsque nous nous postâmes près de lui.

 

Je soupirai profondément. Visiblement, ils m'avaient attendue. Ce n'est qu'à cet instant précis que je réalisai quelle place époustouflante était aujourd'hui la mienne. Des dieux installés sur une autre planète que la mienne m'avaient élue, moi, pour tenir le rôle d'ambassadrice de mon monde, préalablement vidé de l'espèce humaine. Un léger vertige m'obligea à me redresser, lorsque je compris combien même les plus grands fous de l'histoire de la mégalomanie auraient pu envier la place que l'on m'avait offerte. Une place de par laquelle l'ensemble des rescapés d'un peuple m'avait attendue pendant que je flanchais. Le peuple était en effet toujours amassé à l'extérieur, tandis que la famille divine les surplombait sur le pont.

  • - Vous devez pondre une tirade comme le font les chefs de clan dans les livres? Supposai-je.

  • - Nous, non, mais lui, oui, m'expliqua Liam en désignant Saphir.

Celui-ci avança d'un pas devant nous, inspira et lança à la cantonade :

  • - Nous voici sur Terre, et la vision de Liam se voit confirmée, aucun terrien n'est là pour nous accueillir.

Centaure d'un dieu 60.

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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 00:21

 

Centaure d'un dieu, tous les articles.

Centaure d'un dieu, résumé

  • - Les gens qui ont besoin de toi sont ceux-là même que tu aimes, souffla son père. Tu sauras remonter la pente, pour eux. Tu leur manqueras, quand tu ne seras plus, et ce sera réciproque. A ta place je ferais en sorte que ce ne fut pas déjà le cas. Joyce aura profité jusqu'au dernier moment. Tu as encore des bonheurs devant toi, imite-le en cela.

Je sentis tout à coup le flot de larmes qui s'écoulait en silence jusqu'à mon menton. Lorsque SPLEURE-SURPRISE.jpgaphir sortit il me sembla que les mots ne pourraient jamais franchir le seuil de mes lèvres tant ma détresse était grande. Le cadet s'en aperçut enfin. Il enlaça fermement mon tronc de femme, probablement sans comprendre exactement pourquoi je pleurais. J'étais emprisonnée.

  • - Tu ne nous survivras pas, reniflai-je en direction du prince. Que dit exactement la prophétie ? Dites-le moi ! Hurlai-je, et tous les êtres vivants de la pièce, Dieux et griffons, sursautèrent violemment.

Gareth s'ébroua. Ses yeux reprirent vie comme par enchantement. Il sécha ses larmes rageusement. Le réflexe de survie venait de faire son œuvre :

  • - Ce n'est apparemment pas pour tout de suite. Oublie cela, tu n'en sauras pas davantage. Je vais me laver.

Hébétée, je le regardai marcher vers la salle d'eau, décidé ; en une minute il fit plus de gestes qu'il n'en avait avait faits depuis la mort de Joyce. Je me tournai vers Liam :

  • - Il faut me dire. Je ne pourrai pas digérer l'information tant que je ne saurai pas de quoi il s'agit.

  • - Tu sais que c'est impossible. Tu avais promis, rappela-t-il la gorge serrée. Je jure que si je le pouvais, je ferais ce que tu demandes. Je n'aime pas te voir ainsi, Aliénor.

Je souris comme lui malgré les douleurs. J'avais bien écouté Safir, moi aussi, et j'étais d'accord avec lui. Si le monde avait encore besoin de nous alors nous devions avancer. Et puis Joyce n'aurais pas aimé nous voir ainsi. Il nous aurait secoués pour aller regarder l'atterrissage amorcé je ne savais depuis quand. Lorsque le prince revint, vêtu de propre, il décida comme s'il était arrivé à la même conclusion :

  • - Allons voir l'atterrissage.

C'est ce que nous fîmes. Cela dura vingt-quatre heures, mais nous en manquâmes beaucoup, reprenant un semblant de vie normale. Nous retournions manger ensemble au restaurant, et dormir seuls, dans nos chambres. Du moins c'est ce que nous crûmes. Arrivée chez moi je sentis que je ne supporterais pas la solitude. Je passai la porte en sens inverse. Liam était déjà dans le couloir et son sourire m'emplit d'un bien-être que je n'avais pas ressenti depuis des jours. Lorsque la porte de Gareth s'ouvrit à son tour la poitrine de son frère se souleva discrètement en un rire contenu alors que je gloussais ouvertement.

  • - Je ne vais pas vous déranger, dit le prince et retournant chez lui d'un mouvement précipité.

Mais nous le rattrapâmes et passâmes une autre nuit à nous soutenir les uns les autres. Le lendemain Saphir vint nous réveiller gentiment :

  • - Les enfants, debout, on se presse déjà pour poser des questions à Aliénor, il faut qu'elle soit là pour le peuple.

  • - Pardon ? M'indignai-je à peine réveillée.

Centaure d'un dieu 59.

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23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 20:15

Centaure d'un dieu, tous les articles.

Centaure d'un dieu, résumé

 

  • - Vous vous rappelez la mort de Liane ?

  • - Évidemment, lâcha Gareth avec impatience.

On eut dit qu'il avait hâte que son père le laisse plonger de nouveau dans son état amorphe.

  • attentif- Qu'est-ce que je vous avais dit ? Les interrogea-t-il.

Le silence lui répondit alors il s'accroupit devant le prince. En fait à présent Liam était plus secoué par la tristesse de son aîné que par la sienne propre, de celle-ci le guerrier aurait pu se relever plus rapidement, sans évidemment s'en être débarrassé tout à fait.

  • - Répondez-moi, ordonna fermement Safir, mais il s'adressait surtout à son premier né, ayant glissé un doigt sous son menton pour le forcer à le regarder.

Le Guerrier repoussa sa frange sur des yeux à l'éclat adorable. Je m'ébrouai, déplorant que l'amour me rendît idiote.

  • - Que, commença Gareth, las, la vie continuait selon son cours préécrit, que nous avions d'autres choses à faire sur ce monde, et sans doute d'autres choses aussi idiotes dont je ne me souviens plus.

  • - Avais-je donc tort ? Demanda tout aussi fermement son père.

Allez savoir pourquoi, l'attente qui suivit me glaça de peur. Sans doute craignais-je de ne jamais me remettre de voir le prince considérer que la vie n'en valait plus la peine. J'aimais profondément Gareth, compris-je. Cela ne fit rien pour interrompre le tremblement qui s'était emparé de mon corps, à présent que Liam avait fait cesser mon hoquet.

  • - Non, lâcha le prince, pas à l'époque. A présent, oui, tu aurais tort de me le répéter. J'ai fait tout ce que j'avais à faire. Il ne me reste plus qu'à attendre la mort, maintenant.

Mon cœur s'affola. J'y portai une main, m'ébrouai pour que ça s'arrête, mais rien n'y fit, ma poitrine était le théâtre d'une folie dont personne ne s'apercevait. Je me forçai toutefois au silence.

  • - Arrête, demanda gentiment Liam, tu vas dire des choses que tu regretteras.

  • - Si tu disais vrai, rappela Safir, tu ne serait déjà plus. Il n'y a que ta mère qui reste en étant inutile.

Son hurlement par delà les cloisons ne fit pas rire le prince, pour une fois. Je ne souris pas non plus. Je venais de comprendre que les dieux ne restaient vivants que s'ils avaient une mission. Les paroles de Safir n'étaient pas imagées, au début de cette conversation. Je me laissai lentement choir sur les genoux, afin de ne pas me faire mal lorsque mon étourdissement, que je sentais tout proche, deviendrait plus sérieux.

  • - Ce monde a encore besoin de toi, conclut le Dieu.

  • - Mais je n'ai plus envie de...

Pour une raison que j'ignorais il ne put pas finir sa phrase. Son père lui sourit et passa une main dans ses cheveux sombres, alors que Liam lui serrait l'épaule, et j'eus le sentiment qu'on me cachait quelque chose. Mais ce n'était pas le moment de me faire remarquer.

  • - Les gens qui ont besoin de toi sont ceux-là même que tu aimes, souffla son père. Tu sauras remonter la pente, pour eux. Tu leur manqueras, quand tu ne seras plus, et ce sera réciproque. A ta place je ferais en sorte que ce ne fut pas déjà le cas. Joyce aura profité jusqu'au dernier moment. Tu as encore des bonheurs devant toi, imite-le en cela.

Centaure d'un dieu 58.

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21 mars 2012 3 21 /03 /mars /2012 22:48

Centaure d'un dieu, résumé  

Centaure d'un dieu, tous les articles.

 

Il tendit les bras vers Liane qui s'était approchée, attentive. Je compris tout à coup la portée de ses paroles. Les griffons disparaissaient à la mort de leur maître. Si on aimait son griffon, or on le chérissait forcément, au vu des circonstances de leur apparition, on voulait les protéger d'un tel destin.

  • grriffon.jpg- Je me plais à croire qu'ils sont envoyés par ceux qu'on aimait comme un présent qui nous raccroche à la vie : si tu abandonnes, tu l'abandonnes, Gareth.

Je songeai à ce qu'il m'avait dit : s'il mourait, l'animal aussi. Un excellent remède contre les pulsions suicidaires. Le silence s'instaura de nouveau. Liam avait donné une main à son frère qui pleurait au-dessus. Le bras passé dans le dos du prince, je ressentais les sursauts de ses pleurs silencieux. La douleur m'oppressait. Pour une fois, je ne tentai pas de la fuir. Au bout d'une éternité le dieu s'étrangla :

  • - Vous pouvez me laisser, ça ira.

Pour toute réponse, Liam m'interrogea du regard. Je secouai la tête, compatissante à son manque d'empathie. Le cadet referma sa deuxième main sur celle trempée de son grand frère.

 

J'ignore combien d'heures nous restâmes ainsi, assis par terre, gareth serrant son griffon et la main de Liam, enlacé par moi-même. Mais lorsque la fatigue me prit je m'appuyai contre le prince et je m'endormis instantanément, épuisée par toutes ces émotions.

 

Le lendemain un pâle reflet de vie reprit entre nous. Liam ne parlait presque plus. Son frère donnait le change mais ne réussissait qu'à voiler grossièrement le vide qu'il ressentait. Seuls les griffons rompaient le silence, tentant d'attirer l'attention que pourtant ils occupaient déjà principalement. Gareth n'avait jamais reposé le sien au sol depuis qu'il l'avait soulevé le premier jour, le tenant sans arrêt au creux de son coude. Liane était abondamment câlinée par son maître, réplique immense du petit récemment arrivé. Joyce me manquait atrocement, c'était d'une stupidité affolante mais j'aurais voulu qu'il fut là pour m'aider à supporter cette ambiance morbide. Le prince allait le voir tous les jours pendant des heures à la morgue improvisée, derrière l'infirmerie. L'ambiance fut donc atroce et c'est un euphémisme.

Mais un beau jour vint le veille de l'arrivée. Comme toujours – ou presque – depuis le drame, nous étions tous les trois dans la chambre de Gareth. Je lisais, tandis que les dieux traînaient en silence, leur seule activité étant de câliner plus ou moins distraitement leur griffon. Safir entra et secoua ses enfants :

  • - Bien, je suis passé le premier jour, vous étiez déjà dans cette position.

Il commença à faire les cent pas, dégageant puissance et sagesse.

  • - Vous vous rappelez la mort de Liane ?

  • - Évidemment, lâcha Gareth avec impatience.

On eut dit qu'il avait hâte que son père le laisse plonger de nouveau dans son état amorphe.

  • - Qu'est-ce que je vous avais dit ? Les interrogea-t-il.

Le silence lui répondit alors il s'accroupit devant le prince.

 

Centaure d'un dieu 57.

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