Centaure d'un dieu, tous les articles.
- Comment est l'épaisseur des murs, ici ? M'enquis-je discrètement.
Du moins je le crus.
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- On n'entend rien, rit le garçon aux larmes, mais Gareth est toujours avec une dame, je n'ai pas deux ans !
Miséricordes ! Les deux complices éclatèrent de rire alors que mes joues rosissaient un peu. J'en toucherais deux mots au prince si j'arrivais à l'isoler de Joyce. Cette pensée me fit sourire alors que Gareth s'effaçait pour me laisser entrer au bar : ces deux-là étaient inséparables, sauf pour dormir ou faire l'amour. Je délirais, songeai-je en secouant la tête. Nous entrâmes dans la grande pièce et j'eus la surprise d'apprécier la beauté des lieux. Des fresques apaisaient l'esprit. Le fond de la pièce donnait sur une vitre, et bien sûr, le gamin implora :
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- On peut aller là bas, allez, s'il vous plaît ?
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- Mon ange, dit gentiment le prince, tu n'as pas vu tout à l'heure mais regarder dehors rend Aliénor nostalgique, elle est tout juste remise, tu ne veux pas lui faire une fleur ce soir en la dispensant de ressentir ce genre de choses désagréables ?
J'allais répliquer mais le garçon me donna les larmes aux yeux en murmurant piteusement :
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- Oh, Aliénor, je suis désolé.
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- Ce n'est pas grave, assurai-je en l'attirant dans mes bras, je vais bien, je vous assure. Et toi, où sont toutes tes grandes théories sur le destin, mon prince ?
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- Tout cela va passer, répondit ce dernier, mais il te faut un peu de temps.
Comme avec l'enfant qui hochait la tête en m'adressant un regard adorable. Je lui ébouriffai les cheveux. Fallait-il mal me juger si j'admettais qu'il me tardait d'oublier comme lui ?
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- Deux ombrelles, dit Gareth au serveur. Et un jus de pshazy.
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- Seigneur, qu'est-ce que c'est, tombai-je des nues.
Il éclata de rire et s'empressa de me donner un coup de coude :
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- Bientôt ce sera à moi de te demander ce qu'est tel animal ou telle plante, ma jolie ! Je ne vais pas te dire ce que c'est, cela ne t'avancera pas à grand chose de savoir que l'ombrelle est un mélange de ceci ou de cela, je pense.
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- Tu as raison. A ton frère, le grand absent, levai-je le verre aussitôt servi.
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- A nous, qui sommes présents, rectifia-t-il en trinquant avec moi puis avec son complice.
Je reniflai le contenu de mon verre avec circonspection mais cela sentait divinement bon. Rien d'étonnant à cela, me dis-je, vue la nature de mon compagnon. L'odeur m'avait rappelé un mélange de fruits rouges, de quelque chose de très sucré comme le coco, et d'un ou plusieurs alcools, allez savoir. La première gorgée me fit tousser ce qui déclencha une nouvelle crise de rire de Gareth et de Joyce.
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- Tu as gagné le droit de me faire goûter ton jus, assénai-je à l'enfant, curieuse de connaître les ressources de Xivia.
C'était délicieux, mais cela ne ressemblait à aucun fruit connu de moi. Soudain je me rappelai que je ne boirais sans doute plus très longtemps de si délicieuses boissons : nous étions en train de mettre une distance folle entre Xivia et nous.
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- Et vous, murmurai-je, vous n'êtes pas nostalgiques de quitter vos terres ?
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- Ah non, assura Joyce, trop de mauvais souvenirs !
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- Tu as raison, chuchota Gareth en lui caressant les cheveux avec un geste d'une infinie douceur.
Ciel, cet homme était la plus admirable des perles.