La journée avait été longue, mais Kiera ne l’avait pas vue passer, en effet la découverte du commissariat l’avait passionnée. Finalement, se dit-elle, je suis peut être à ma place ici. En plus je pourrais plus facilement rendre visite à Soren et Anna. Le seul vrai inconvénient était Naël mais elle devrait le supporter, de toute façon elle n'avait pas le choix. Puis il ne sait pas qui je suis, tant que je ne l’embrasse pas tout ira bien, fit elle optimiste. Ce défi ne lui semblait pas si dur à relever. Elle avait passé plus d’une heure à ranger ses affaires dans sa bulle, celle du milieu, mais ce n’était pas encore fini, elle devait régler un dernier détail.
«Jerry ?
- Oui.
- Décline ton identité.
- Ordinateur central, model Ixy de la société Bien être, troisième génération.
- Possèdes-tu une mémoire fractionnable ?
- En effet, un segment personnel est d’ailleurs dédié à chaque bulle.
- Parfait, est-il possible de lui accorder un niveau de sécurité ?
- Bien sur, je vous écoute.
- Niveau de sécurité maximum.
- Trois mots de passes seront nécessaires.
- Parfait allons-y.
Kiera énuméra alors une série de chiffre et de lettres sans aucun rapport les uns avec les autres. Puis elle les répéta quand l’ordinateur lui demanda confirmation.
- Demande enregistrée, Puis-je faire autre chose pour votre service ?
- Oui, je veux que tu crées des données virtuelles, peux-tu le faire tout seul ?
- Oui mon niveau d’intelligence est assez élevé, que souhaitez vous créer ?
- Je veux que tu me crées un vie virtuelle en trompe l'œil, niveau de protection : deux, mot de passe : hYp1245G et JcT8852p.
- C’est fait.
- Parfait maintenant Jerry je peux te confier mon plus grand secret ! Je suis une fille ! Et oui. Je suis même une femme qui a hâte de prendre un bain !»
Enfin chez sois, songea-t-elle alors que le liquide l’entourait.
Le lendemain l’assemblée était à l’heure, ils prirent la voiture des aires pour rejoindre le tribunal qui se trouvaient à moins de trente minutes de vol.
« Christiano n’est pas là ? demanda le cyborg.
- Non le jour n’est pas son terrain de jeu favori. C’est extrêmement rare qu’il soit éveiller pendant la journée, hier c’était exceptionnel pour vous accueillir. Vous le verrez peu. »
Le tribunal se trouvait à terre, le bâtiment s’avéra banal comparé aux deux buildings qui l‘entouraient. Le premier, à gauche des assises, était fait de vitres vertes donnant une incroyable impression de verdure au milieu du béton, en haut des ballons immenses de toutes les couleurs flottaient ballottant au grès du vent. Mais celui qui attirait le plus le regard était son jumeau placé de l‘autre coté. Entièrement construit dans une pierre rouge, son architecture baroque donnait une impression de vertige. Cet édifice semblait arrêter le temps, ses arcs offraient une impression de grandeur à tout observateur, ou peut être était-ce lui qui se sentait petit.
«C’est joli hein ?
- Oui, qu’est ce que c’est ?
- Le bâtiment vert est la maison des avocats de la défense, l’autre est celui de l’accusation. Ces couleurs ont été choisies il y a bien longtemps lorsque les avocats décidèrent de scinder leur groupe en deux professions distinctes, pour se démarquer chaque confédération choisit une couleur. Ceux de la défense, donc ceux qui protègent les accusés, ont opté pour la couleur de l’espoir, le vert, chaque ballon que vous apercevez en haut représente une personne qu’ils ont libérée. Les avocats de l’accusation ont préféré le rouge en référence au sang qu’ils espèrent verser aux noms des victimes.»
Enfin la longue queue prit fin et ils arrivèrent devant les deux lourdes portes qui gardaient l’entrée de ce sanctuaire judiciaire. À leurs pieds trônaient deux gardes qui relevaient les identités, Naël leur déclina et précisa qu’il avait réservé une salle d’enquête.
«Premier ascenseur à droite» indiqua l’homme blasé, sans un mot de plus la troupe franchi le seuil du tribunal. La première chose qui les saisit fut la fraîcheur des lieux, une fraîcheur naturelle de celle que l’ont trouve dans les lieux habités par les vielles pierres. Il faisait sombre, l’édifice contenait peu de vitraux mais ceux qu’il possédaient étaient majestueux. Des scènes de jugement et de punition éclairaient l’unique salle telle une menace de lumière pour l’accusé. Naël leur laissa le temps de goûter à la solennité des lieux, ils se rappelait de sa première visite, de cette émotion qui vous étreint le cœur. L’âme de la justice était somptueuse ! Au devant était placée une multitude de petits bureaux en bois clairs, et tout au bout de ces rangées une estrade soulevait une scène entourée de lourds rideaux rouges en velours. Sur ce promontoire étaient disposés quatre pupitres. La chaire entièrement sculptée était réservée au juge. Deux pupitres plus simple se trouvaient un niveau plus bas celui des témoins et celui des victimes. Enfin tout en bas, presque au niveau du public un lutrin sans chaise était réservé à l’accusé,un lourd fauteuil placé à ses cotés permettait à son avocat de s’installer.
«Regardez le plafond, fit Dries»
En effet le ciel était entièrement peint montrant une unique scène de pardon.
«C’est Angelo Dimatrinez qui a réalisé cette peinture, elle est magnifique, et ce tribunal n’est pas l’un des plus beau que vous verrez, la justice est une œuvre d’art. Venez nous avons une loge au balcon. Les loges sont des espaces privés où les spectateurs peuvent se réunir pour échanger leurs impressions sans être entendus des autres. Elles furent surnommées salles d’enquête car peu à peu les auditeurs les utilisèrent pour enquêter à plusieurs. Nous sommes bien placés, nous aurons une bonne vue sur la scène, de toute façon des jumelles sont fournies et le procès est diffusé sur un écran géant placé sur le mur du fond et à la télé. Installez vous ça va commencer.»
Trois coups résonnèrent dans la salle imposant le silence. D’un même mouvement le public se leva pour saluer l’entrée du juge et des victimes. Puis apparurent l’accusé et son avocat.
«Nous sommes au procès de Charles Rics, un incube inculpé pour quinze viols